Les forces de l'ordre, qui ne souhaitaient pas revivre les débordements des jours précédents, avaient prévu un dispositif de sécurité très impressionnant. De nombreux policiers et gendarmes, ainsi que de barricades, étaient déployés aux alentours de la 16e chambre du tribunal de Paris afin de prévenir tout incident avec les manifestants et la salle d'audience avait été évacuée avant l'énoncé du verdict.
Ce mercredi, la justice a rendu son verdict dans l'affaire de la voiture de police incendiée sur le quai de Valmy en mai 2016 pendant les manifestations contre la loi El-Khomri. Le tribunal de Paris a prononcé des peines allant de un à sept ans contre sept des prévenus, deux ont été relaxés. La peine la plus lourde a été infligée à Joachim Landwehr. Le tribunal l'a reconnu coupable d'avoir incendié la voiture de police et l'a condamné à sept ans de prison ferme. Antonin Bernanos, considéré par le parquet comme l'un des instigateurs du délit, a lui été condamné à cinq ans de prison, dont trois ferme, pour «violences aggravées».
Ces décisions de justice ont fait vivement réagir les avocats des prévenus. Me Arié Alimi, qui a tenté de démontrer tout au long du procès les failles de l'enquête, a dénoncé le fait que la politique se serait immiscée dans la sphère judiciaire.
«On est entré dans une nouvelle ère, une forme de régression pour les libertés publiques et les droits de l'homme, Antonin Bernanos en était un de ses défenseurs. On a considéré qu'il était coupable sur des éléments extrêmement infimes qui reposent sur des considérations pour le moins politiques».
Me Jérémie Assous, avocat de Bryan Morio, qui a été relaxé, abonde dans ce sens. Selon lui, toute l'affaire repose sur des informations qui émaneraient des renseignements généraux, lesquels seraient «une police politique.»
«Ils ont mis des moyens colossaux et ils n'ont pas le moindre élément objectif, ils n'ont pas réussi à trouver le moindre témoignage, ni réussi à trouver le moindre ADN, ni réussi à trouver le moindre élément incontestable. C'est uniquement une construction intellectuelle faite par les services des enquêteurs, avec une mauvaise foi exemplaire.»
Au-delà de la gravité des faits, Loïc Lecouplier, secrétaire national d'Alliance Police, que nous avions interviewé récemment, déclarait déjà que les peines prononcées n'entraveraient en rien la détermination des prévenus.
«Nous pensons que ce sont des peines, malgré tout, même si elles peuvent sembler lourdes comme ça, je pense que l'on perd de vue que ce sont des gens qui sont convaincus de leur action, et que malheureusement, ces peines-là ne vont pas les calmer. Je pense que nous les reverrons très rapidement sur des théâtres de manifestations.»
De son côté, Yves Lefebvre, secrétaire général Unité-police FO, qui était interrogé par Franceinfo, s'est dit «écœuré» par ces peines trop légères par rapport à la gravité des faits:
«Une fois de plus, je suis profondément en colère parce que les images parlaient d'elles-mêmes. C'était une énième tentative d'homicide à l'encontre des forces de l'ordre.»
Une position partagée par Florian Philippot qui déclarait à propos du verdict sur Twitter que ce n'était «vraiment pas cher payé.»
Tentatives d’assassinat de policiers: 7 ans de prison comme peine la plus sévère: vraiment pas cher payé. L’Etat ne se fait pas respecter. pic.twitter.com/mcPcf0HAiA
— Florian Philippot (@f_philippot) 11 октября 2017 г.
Pour autant, avec cette décision de justice, la tension ne risque pas de redescendre. En effet, des militants «antifa» ont d'ores et déjà lancé à un appel à la manifestation ce mercredi soir.
Dans la nuit de mardi à mercredi, ils ont d'ailleurs déjà affiché leur mécontentement et leur soutien aux prévenus en déployant des banderoles sur le toit d'un des bâtiments de l'Université Paris I — Panthéon-Sorbonne.