Le groupe d'amateurs d'histoire militaire savoyarde se rendait en Crimée pour la quatrième fois depuis 2009 et se défend de toute prise de position dans un contexte bouleversé par la réunification de la Crimée avec la Russie.
«Il s'agit d'une association de reconstruction historique, complètement apolitique.» —déclare Joseph Ruffier, caporal de la Brigade de Savoie et menuisier dans ses heures «en civil»
Néanmoins, ces passionnés de l'histoire de leur terre natale —la Savoie- insistent sur leur identité. «Moi, tout comme les membres de notre groupe, nous aimons notre histoire de Savoie qui a mille ans d'âge», raconte le chef du collectif, Michel Vibert, capitaine de la Brigade de Savoie, «C'est important: notre pays était indépendant entre 1047 et 1860.»
Il rappelle que la Brigade de Savoie, bien qu'elle fut constituée de citoyens français, représente un groupe de militaires qui n'étaient pas Français à l'époque et qui faisaient partie des armées sardes. Et c'est à l'initiative de Victor-Emmanuel II, le roi du Piémont- Sardaigne, que la Brigade est partie bon gré mal gré en guerre contre la Russie.
Michel Vibert n'hésite pas à souligner que la Savoie a perdu son indépendance suite aux jeux politiques sur le grand échiquier européen de l'époque. «Cette Guerre de Crimée a été organisée par notre roi pour avoir les bonnes grâces de Napoléon III, car dans son esprit germait l'idée de l'unité italienne. —précise-t-il,- pour chasser les Autrichiens de Lombardie, notre roi avait besoin de soutien de Napoléon III à l'époque.»
Invitée par le groupe Ratobor, qui a aidé les Français avec leurs formalités d'obtention de visa, La Brigade de Savoie n'a pas hésité à braver les sanctions à répétitions contre la Crimée. «Nous sommes là pour faire renaître ce passé. —répète fièrement Michel Vibert, capitaine de la Brigade,- nous sommes des citoyens français "de base", avec une culture savoyarde en plus, on n'a eu aucun problème pour aller en Crimée. On n'a demandé la permission à personne. Avant de partir, j'ai juste consulté le site du Ministère des Affaires étrangères français, il y était marqué "n'allez en Crimée qu'en cas de besoin" ça tombait bien, nous en avions besoin! Tous les gens de la Brigade sont de mon avis.»
À son retour en France, Michel Vibert a écrit un article pour le «Dauphiné libéré» qui a été bien accueilli par les lecteurs et son entourage, curieux d'avoir un témoignage de première main sur la Crimée.
«Je ne sais pas si on ira l'année prochaine, mais si on nous le propose —on est prêt à y retourner.- dit-il,- les gens sont rentrés enchantés de cette tournée en Crimée»