L'opération russe qui a commencé en Syrie il y a exactement deux ans aurait été impossible sans l'itinéraire de l'«Express syrien» — qui désigne les voyages réguliers des grands navires de débarquement russe reliant Novorossiïsk à Tartous. Selon Vzgliad.
«Les États membres de l'UE ont pour obligation d'inspecter les navires et les avions des pays tiers se rendant en Syrie (avec l'accord de l'État du pavillon du navire, tel que prévu par le droit international) si les États membres soupçonnent que le fret contient des armes ou des équipements destinés à réprimer les protestations. Cette mesure s'appliquera dans les aéroports, les ports des pays de l'UE et dans leurs eaux territoriales. En cas d'identification d'une telle cargaison, elle sera interceptée. De plus, les avions et les navires à destination de la Syrie via le territoire de l'UE devront fournir des informations supplémentaires avant l'arrivée et le départ de chaque fret.»
L'accord pour l'inspection n'a pas été donné et le navire a dû revenir à Mourmansk. 20 jours plus tard, l'«Express syrien» était mis en place.
L'usage de navires de débarquement pour transporter du fret n'est pas économiquement justifié, mais cela garantit que la cargaison sera livrée à destination.
Les navires de débarquement sont des bâtiments militaires qui, conformément à l'article 95 de la Convention de l'Onu sur le droit de la mer de 1982, «bénéficient en mer d'une immunité totale contre la juridiction de tout État autre que celui de son pavillon», et en mer territoriale (article 32) — compte tenu des cas concernant les droits souverains des États côtiers. L'immunité implique l'intouchabilité du navire, y compris pour les fouilles et les interpellations. La Charte navale de la marine russe interprète encore plus fermement la notion d'immunité (sans pour autant utiliser ce terme précis). Dans les premières lignes (article 2) il est dit: «Aucun État étranger n'a le droit de s'ingérer dans la vie du navire de la marine. Toute tentative en ce sens doit être fermement stoppée, en recours suprême par la force des armes conformément à la législation de la Fédération de Russie.»
Les deux premiers navires de l'«Express syrien», le Nikolaï Filtchenkov et le Cesar Kounikov, ont quitté Sébastopol pour embarquer une cargaison à Novorossiïsk début juillet 2012. Par la suite, les deux bâtiments ont navigué ensemble, accompagnés par le destroyer Smetlivy qui a quitté le 10 juillet la base principale de la flotte de la mer Noire. Dans le même temps, un convoi a quitté Severomorsk composé de trois grands navires de débarquement (Alexandre Otrakovski, Gueorgui Pobedonossets et Kondopoga) et d'un grand navire anti-sous-marin, l'Amiral Tchabanenko, pour les protéger, tandis qu'un autre groupe quittait Baltiïsk — les destroyers Neoustrachimy et Iaroslav Moudry. Le 17 juillet l'Amiral Tchabanenko a passé le relais aux navires d'escorte pour rentrer à son port, alors que le groupe naval des navires de guerre des flottes de la mer Baltique et du Nord a commencé leur service dans l'est de la Méditerranée le 2 août.
Des doutes sont apparus début septembre 2017 quant au sort du projet «Express syrien».
Le fait est qu'au cours des trois derniers mois, son activité tendait vers zéro avec un voyage en juin, deux en juillet et encore un en août. Cela a prêté à penser que la marine comptait transmettre aux transporteurs civils l'une de ses missions accomplie pendant plus de 5 ans (5 ans et 3 mois aujourd'hui). D'autant que les photos des navires et des cargos charters "civils" du ministère de la Défense à destination de la Syrie transportant différents chargements sont devenues de plus en plus fréquentes.
Cependant, comme pour réfuter ces pensées, le détroit du Bosphore a été franchi le 15 septembre par le Yamal, le 19 septembre par l'Azov, le 20 septembre par le Cesar Kounikov, et le 25 septembre, en passant par le Gibraltar, l'Alexandre Otrakovski est entré en Méditerranée après avoir quitté Severomorsk le 13 septembre. De cette manière, au 27 septembre 2017 quatre grands navires de débarquement russes se trouvaient en Méditerranée, ce qui n'est pas très éloigné de la moyenne mensuelle des années précédentes.
L'«Express syrien» restera visiblement en place jusqu'à ce que l'ordre et la paix soient définitivement rétablis en Syrie. Même si des cargos de transport se chargeaient d'une partie significative du fret sur cet itinéraire, il resterait forcément des chargements qu'il serait préférable de transporter en disposant d'une immunité absolue (sous la Croix de Saint André). Par exemple, de nouveaux armements (secrets) et du matériel militaire prévus pour des essais en conditions de guerre.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.