Une supériorité inutile
Au début de la Seconde Guerre mondiale, l'armée française était la 3e au monde après l'URSS et l'Allemagne selon le nombre de chars et des avions et la 4e (après la Grande Bretagne, les États-Unis et le Japon) selon la puissance de sa marine. Le total de ses effectifs se chiffrait à plus de 2 millions de soldats. Les Français jouissaient d'une supériorité absolue par rapport à la Wehrmacht sur le front de l'ouest en ce qui concernait les hommes et le matériel. Ainsi, armée de l'air française comptait plus de 3 300 avions, dont la moitié étaient des appareils très modernes. La Luftwaffe n'avait que 1 186 avions.
Suite à l'arrivée des renforts britanniques — un corps expéditionnaire comprenant 9 divisions et des unités aériennes de 1 500 avions — la suprématie sur les troupes allemandes est devenue encore plus évidente. Quoi qu'il en soit, quelques mois après elle avait pratiquement disparu: les forces de la Wehrmacht, bien entraînées et ayant la supériorité tactique, ont obligé la France à capituler.
Une ligne de défense inefficace
Le commandement français estimait que l'armée allemande agirait de la même façon que pendant la Première Guerre mondiale, c'est-à-dire en attaquant la France du nord-est, depuis la Belgique. Toute la pression aurait alors dû être dirigée contre les redoutes de la ligne Maginot, que la France avait commencé de construire en 1929 et avait perfectionnées jusque l'année 1940.
Les Français ont dépensé pour la ligne Maginot (400 km) la somme colossale de près de 3 milliards de francs. Ces structures défensives massives comprenaient des fortifications souterraines de plusieurs étages avec des locaux d'habitation, des systèmes de ventilation, des ascenseurs, des centrales électriques et téléphoniques, des hôpitaux et des chemins de ver à voie étroite. Un mur de béton de 4 mètres aurait dû protéger les armes contre les bombardements aériens.
Les effectifs français sur la ligne Maginot se chiffraient à 300 000 personnes.
Selon les historiens, la ligne Maginot a en principe rempli son objectif. Ses tronçons les plus renforcés ont empêché la percée des forces allemandes. Le groupement B de la Wehrmacht a portant contourné la ligne au nord et lancé son offensive principale contre ses nouveaux tronçons sur le terrain marécageux qui compliquait la construction de bâtiments souterrains. Ici, les Français se sont avérés incapables de résister à la pression allemande.
Dix minutes pour capituler
Le 17 juin 1940 s'est tenue la première réunion du gouvernement collaborationniste français, présidé par le maréchal Henri Pétain. Elle n'a duré que dix minutes. Les ministres ont unanimement voté pour s'adresser au commandement allemand afin de le prier d'arrêter la guerre sur le territoire français.
Ils ont fait recours aux services de médiateurs. Paul Baudouin, nouveau ministre des Affaires étrangères, a transmis avec l'aide de l'ambassadeur espagnol Lequerica une note demandant à l'Espagne de contacter les autorités allemandes pour mettre fin aux hostilités en France et connaître les conditions du cessez-le-feu. Parallèlement, les Français ont envoyé la proposition d'armistice à l'Italie via le nonce du Pape. Le même jour, Pétain s'est adressé par radio au peuple et à l'armée, en les appelant à cesser les combats.
Le dernier rempart
Lors de la signature de l'accord d'armistice (l'acte de capitulation) entre l'Allemagne et la France, Hitler était préoccupé par les vastes colonies françaises dont beaucoup avaient envie de poursuivre le combat. Cela explique certaines indulgences de l'accord, notamment en ce qui concerne le maintien de la marine française afin de maintenir l'«ordre» dans les colonies.
Le sort des colonies françaises était vital pour l'Angleterre car la menace d'une prise de ces territoires par l'Allemagne était considérée comme très élevée. Churchill a élaboré un plan de création d'un gouvernement français en exil qui octroierait à la Grande Bretagne le contrôle des régions françaises d'outre-mer.
Le générale Charles de Gaulle a créé le gouvernement d'opposition au régime de Vichy et focalisé tous ses efforts pour prendre le contrôle des colonies.
L'administration de l'Afrique du Nord a rejeté sa proposition de rejoindre la France libre. Les colonies d'Afrique équatoriale étaient pourtant dans d'autres dispositions: le Tchad, le Gabon et le Cameroun ont rejoint de Gaulle en août 1940, créant ainsi les conditions nécessaires pour la formation d'un appareil d'État.
La fureur de Mussolini
Ayant compris le caractère inévitable de la défaite de la France par l'Allemagne, Mussolini a déclaré la guerre à Paris le 10 juin 1940. Le groupe Ouest des armées italiennes mené par le prince Humbert II, regroupant plus de 300 000 personnes et 3 000 de pièces d'artillerie, a lancé une offensive dans la région des Alpes. L'armée du général Olry a cependant repoussé avec succès ces attaques.
Vers le 20 juin, l'offensive des divisions italiennes est devenue plus féroce mais elles n'ont atteint que des progrès peu considérables dans la région de Menton. Mussolini était furieux: son projet d'occuper un grand morceau de la France avant sa capitulation avait échoué. Le dictateur italien a même commencé à former un groupe aéroporté mais le commandement allemand n'a pas approuvé cette opération.
Le 22 juin, la France et l'Allemagne ont signé l'accord d'armistice, suivi deux jours après du même traité entre la France et l'Italie. Ainsi, Rome a rejoint la Seconde Guerre mondiale sur une «victoire confuse».
Les victimes
Pendant la phase active de la guerre, du 10 mai au 21 juin 1940, l'armée française a perdu près de 300 000 hommes, tués ou blessés. Encore 1,5 millions de soldats ont été faits prisonniers. Les corps de chars et les forces aériennes de la France ont été partiellement détruits, alors que le reste s'est retrouvé entre les mains des Allemands. Les Britanniques ont en même temps éliminé la flotte française pour que la Wehrmacht ne puisse pas l'utiliser.
Bien que la France ait été battue très rapidement, la résistance de son armée aux forces allemandes et italiennes a été digne de respect. Pendant un mois et demi, la Wehrmacht a perdu plus de 45 000 hommes, tués ou disparus, alors qu'encore 11 000 ont été blessés. Les sacrifices français lors de l'agression allemande auraient pu ne pas être vains si le gouvernement français avait accepté certaines concessions demandées par les Britanniques en échange de l'entrée de leurs forces dans la guerre. Mais la France a préféré capituler.
Paris, lieu de rapprochement
Selon l'accord d'armistice, l'Allemagne occupait seulement le littoral occidental de la France et les régions septentrionales du pays, où se trouvait Paris. La capitale était un lieu de rapprochement «franco-allemand». Les soldats allemands et les Parisiens y coexistaient de manière pacifique, allaient au cinéma, visitaient les musées ou les cafés. Les théâtres ont également subi un sursaut d'activité à l'époque de l'occupation: leurs recettes ont triplé par rapport à la période d'avant-guerre.
Paris est rapidement devenu le centre culturel de l'Europe occupée. La France a repris sa vie normale, comme si les mois de résistance acharnée et d'espoirs déçus n'avaient été qu'un mauvais rêve. La propagande allemande a réussi à persuader de nombreux Français que la capitulation n'était pas une honte nationale, mais le chemin vers les lendemains qui chantent de l'Europe nouvelle.
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