La gravité et l'ampleur de l'esclavage moderne à travers le monde sont véritablement effrayantes et on doit s'y attaquer pour l'éradiquer, a déclaré à Sputnik Michaelle De Cock, statisticienne de l'Organisation internationale du travail.
Et d'ajouter que tous les pays devaient se rendre compte des proportions et des formes d'esclavage qui y existaient et se mettre à collecter les informations pour qu'on puisse en recenser les victimes.
«Les gens doivent être plus attentifs aux cas d'esclavage qui existent autour d'eux et en informer les autorités. Quant aux gouvernements, ils doivent créer des inspections du travail efficaces, capables de détecter de tels cas», a souligné l'interlocutrice de l'agence.
Elle a dit visiter avec ses collègues différents pays, en rencontrer les autorités et les représentants des collectivités de travailleurs pour y étudier les formes de travail contraint.
«Nous élaborons les moyens appropriés de collecte de données afin d'aider les politiques à mieux comprendre qui est menacé et mieux protéger les victimes», a résumé la statisticienne de l'OIT.
Un autre interlocuteur de Sputnik, Dorte Thorsen, professeur d'anthropologie de l'Université du Sussex, a estimé que la seule voie pour résorber le problème du travail forcé passait par la mise en place de nouveaux mécanismes efficaces pour réglementer le marché du travail.
«Le problème est aussi qu'il n'y a pas de programmes appropriés et que les gens travaillent toujours dans des conditions "rudimentaires"», a-t-il précisé.
Selon l'étude évoquée, en 2016, plus de 40 millions de personnes dans le monde se trouvaient en situation de travail forcé ou de mariage contraint. Néanmoins, les observateurs supposent que ce constat est sans doute très en dessous de la réalité, notamment du fait de pratiques assimilées à une forme d'esclavage moderne. L'OIT a également publié un rapport qui confirme qu'environ 152 millions d'enfants âgés de 5 à 17 ans sont victimes du travail précoce.
Il s'agit notamment du résultat d'une compilation de données récentes et d'enquêtes réalisées sur le terrain dans 48 pays auprès de 71.000 personnes interviewées. Cette estimation mondiale de 40 millions de personnes concernées se décompose globalement en 25 millions de victimes du travail forcé (24,9 dénombrées) et 15 millions de mariages contraints (15,4 dénombrées), selon l'étude de l'OIT.