La plupart des fake news entendues sur Donald Trump pendant les élections américaines viennent précisément de Vélès. L'effet médiatique a été tel que les médias occidentaux se sont mis à dire que c'étaient les Macédoniens qui avaient «élu» Trump. Un correspondant de Sputnik Serbia s'est rendu à Vélès pour comprendre comment fonctionnait cette usine à fakes.
A un moment donné les lycéens et les étudiants ont compris qu'il était possible de gagner de l'argent avec la publicité en écrivant des nouvelles selon une équation simple: plus il y a de lecteurs, plus cela rapporte de l'argent.
L'un des premiers à se lancer dans l'aventure était un jeune homme qui s'est présenté à Sputnik comme Dimitr, 19 ans. Etudiant en web-design à Skopje, il inventait il y a un an des nouvelles sur Trump.
«Toute l'affaire a commencé par deux amis à l'école qui ont compris qu'ils pouvaient gagner de l'argent très facilement en fabriquant des fake news et des «scoops» sur Donald Trump.»
«Le clic américain sur internet est le plus cher. Nous l'avons compris et avons commencé à créer des sites orientés sur le public américain. Le plan consistait à gagner de l'argent», explique Dimitr.
Ils ne se fixaient pas pour objectif d'écrire précisément sur Trump. Mais ces articles étaient les plus visionnés et rapportaient donc plus d'argent.
«Nous avons essayé d'écrire sur Hillary Clinton et de publier des textes sur Bernie Sanders, mais seulement les nouvelles sur Trump étaient épineuses.»
Une autre auteure de fake news s'est présentée à Sputnik comme Maria, 34 ans — ce qui est beaucoup pour un business dominé par les lycéens. Ses jeunes cousins l'ont aidée à se familiariser avec le métier de fabrication des fake news en paramétrant son ordinateur portable et en lui donnant des instructions.
«J'ai eu besoin d'une journée ou deux pour comprendre comment cela fonctionnait», explique Maria.
Son intérêt est également purement pragmatique. Le salaire moyen dans sa ville est de 200-300 euros par mois, alors qu'avec les fakes il est possible de gagner «jusqu'à 3.000 ou 4.000 euros, il n'y a pas de propositions de ce genre en ville».
L'attitude des autorités et des habitants locaux par rapport à la soudaine célébrité de Vélès est très mitigée.
«C'était la joie! Mon fils a 18 ans, il termine un lycée privé de Skopje. Sa réaction? «C'est génial»», déclare Natalia.
«Certes, il y a facteur moral. Après tout c'est de la falsification de nouvelles, ce qui est au seuil de la légalité. Je vais dire une chose séditieuse, mais avec l'atmosphère criminelle qui règne ici c'est un business parfaitement décent.»
«Aucune loi macédonienne n'a été enfreinte. J'ai des informations selon lesquelles tout a été conforme aux normes et aux lois de l'État. Sinon, il y aurait des procès», insiste le maire de Vélès Slavcho Chadiev.
Le porte-parole du gouvernement macédonien Mile Bochniakovski a déclaré à Sputnik que les «fake news étaient un format malsain d'expression enfreignant ce qui est connu dans le monde entier comme le journalisme». Cependant, il a immédiatement précisé que la «liberté d'expression était intouchable» et que c'était à la communauté journalistique de régler la situation à travers les «mécanismes d'autorégulation».