Au fil des ans, l'armée américaine a perdu de sa grandeur à force d'opérations de courte durée et de campagnes de communication.
Des coalitions locales pour intermédiaire
La tactique classique des Américains consiste à placer un intermédiaire entre eux et l'ennemi. En Syrie, ils ont mis en place une sorte d'airbag dont le rôle a été assumé par les unités kurdes d'autodéfense et l'Armée syrienne libre. Cette coalition a été appelée «Forces démocratiques syriennes». Les Américains utilisent également les forces armées kurdes Peshmerga en tant qu'intermédiaire. Les Américains sont à l'avant-garde de la coalition regroupant encore dix autres pays de l'Otan.
La com', une arme comme les autres
Les USA donnent toujours des noms nobles et pleins d'emphase à leurs opérations dans le cadre des campagnes de communication visant à les justifier. Les Américains ont ainsi envahi Haïti en 1994 dans le cadre de l'opération «Uphold Democracy». En 1995, les avions américains ont bombardé les Serbes bosniaques durant l'opération «Deliberate Force». En 1998, on se rappelle de l'opération «Desert Fox» et des bombardements de l'Irak. Pendant 11 ans, les USA ont rompu la tradition de donner des noms résonants à leurs opérations pour y revenir en 2011 avec «Odyssey Down», quand ils ont envahi la Libye.
En 1989, près de 26.000 soldats ont participé à l'opération Just Cause au Panama, dont 23 ont été tués et 330 blessés. En deuxième position, en termes de pertes, figure l'opération Restore Hope en Somalie. Près de Mogadiscio, les forces spéciales ont perdu en deux jours 18 morts, 84 blessés et un prisonnier dans les affrontements contre les rebelles. En 1999, les forces de l'Otan ont perdu deux hommes dans l'opération Noble Anvil et les bombardements de la Yougoslavie. Début mars 2002, en Afghanistan, les USA ont organisé la plus importante bataille terrestre sous le nom de code Anaconda. En deux semaines 8 personnes ont été tuées et 80 blessées à cause des erreurs du commandement. Aujourd'hui, près de 9.000 soldats américains se trouvent en Afghanistan, dont près de 2.000 participent aux opérations contre les terroristes de l'État islamique.
Un soldat américain tué
Selon différentes informations, entre 300 et 500 soldats américains se trouvent actuellement en Syrie. Mais l'administration américaine juge encore ce chiffre trop élevé. Des notes hystériques ont retenti quand un soldat a explosé sur une mine artisanale fin novembre 2016 près de la ville d'Aïn Issa. Il s'agissait de la première perte d'effectifs depuis le début des activités militaires en octobre 2015. Deux journaux américains majeurs en ont parlé et des condoléances ont été publiées sur le site du Pentagone.
Trahison
Au moment précis où un soldat américain était mortellement blessé, les combattants Peshmerga étaient attaqués par des tireurs d'élite terroristes dans le village de Fazlia. Sept soldats kurdes ont été blessés. Leurs camarades ont appelé pendant deux heures les hélicoptères américains pour qu'ils leur viennent en aide. Mais ils ne sont pas venus. La tentative de faire évacuer les blessés sous le feu a échoué. En revanche, un hélicoptère Apache a été immédiatement envoyé à la rescousse de l'unique soldat américain blessé. Pour se justifier, les représentants du Pentagone ont invoqué un «dysfonctionnement dans le système de commandement».
Quand les forces spéciales fuient à toutes jambes
Delta est le nom de l'unité spéciale qui a débarqué début juillet 2014 près de la ville syrienne de Racca. L'objectif principal de l'opération était de retrouver les otages parmi lesquels, selon les services de renseignement, se trouvait le journaliste James Foley porté disparu depuis 2012. Même si sa disparition remontait à deux ans, le commandement américain a invoqué précisément cette raison pour justifier sa mission secrète.
Les troupes ont été débarquées par un hélicoptère furtif doté d'une hélice supplémentaire permettant d'atterrir le plus discrètement possible. Mais ces ruses n'ont pas fonctionné. Les terroristes de l'État islamique ont découvert l'unité et ont lancé un bombardement massif. L'opération a échoué après avoir duré environ 40 minutes. C'est le temps qui avait été nécessaire pour capturer Oussama Ben Laden.
Mais les Américains ont renoncé à leur principe fondamental: agir vite et s'enfuir encore plus vite. Le même mode opératoire a été présenté pendant les exercices conjoints du 5 décembre 2016 par les parachutistes de la 173e brigade aéroportée des USA et les militaires slovènes, qui apprenaient sur leur propre territoire à agir ensemble lors d'un déploiement rapide.
Les frappes aériennes sont la tactique préférée des Américains. Le 7 décembre 2016, le Pentagone a publié sur son site officiel que les USA et les forces armées de la coalition continuaient d'attaquer les terroristes en Syrie et en Irak avec des bombardiers, des chasseurs et des drones basés à Erbil et à Qayyarah. Un responsable du Pentagone a déclaré qu'ils ne rapportaient ni le nombre de frappes, ni le type d'avions y participant, ni le nombre d'armes utilisées dans chaque frappe, ni le nombre de postes d'armement visant les sites. L'artillerie terrestre participant à la contre-offensive ou assurant l'appui des manœuvres n'est pas classifiée comme portant des frappes.
Zéro pointé pour l'armée
Les idéologues, les propagandistes, les forces spéciales et les conseillers militaires sont un cercle étroit qui est plus opérationnel que la grande armée américaine à laquelle les généraux interdisent de faire réellement la guerre depuis des années. Et ces mêmes généraux accusent les soldats d'être mal préparés. Un scandale a éclaté début 2016 quand plusieurs généraux — le chef du Comité d'état-major des forces armées américaines Joseph Dunford (l'officier du plus haut rang), le commandant de l'armée de terre Marc Milley et le général à la retraite John Allen — ont dévoilé la mauvaise préparation opérationnelle des forces américaines.
Cherchez la femme avec des galons
La secrétaire à l'US Air Force Deborah Lee James a reconnu pendant un discours au Congrès que le niveau de préparation de l'armée était le plus bas de toute l'histoire du pays. Selon elle, «moins de la moitié des forces armées américaines» est prête à mener un combat impliquant l'usage de hautes technologies.
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