Malgré leur réputation terrible de tueurs d'avions, les turbulences ne se soldent que très rarement par des catastrophes. Ainsi, on n'a enregistré depuis 120 ans aucun crash aérien causé par ces dernières. Ces ballottements sont comparables, pour l'avion, aux nids-de-poule pour les voitures. Les tremblements résultent de la différence de température entre les flux d'air ascendants et descendants. Qui plus est, les zones de turbulences sont rarement inattendues pour les pilotes, qui étudient leur itinéraire avant le vol et connaissent toutes les voies permettant de sortir des régions dangereuses ou de les contourner. Selon le psychologue aérien Alexeï Guervachem, les turbulences ne touchent pas la sécurité des passagers, mais leur confort. Les tremblements forts peuvent pourtant causer des dégâts sensibles, notamment au gens qui se promènent dans l'habitacle de l'avion. Les turbulences ont par exemple déjà ouvert les compartiments à bagages, faisant tomber tous les sacs sur la tête des passagers.
Les animaux se servent des turbulences
Certains animaux ont appris à profiter des turbulences et à se servir de l'énergie des flux ascendants: leur constitution leur permet de dissiper les ondes de surface qui se forment lors des mouvements de l'aile ou de la queue et consomment beaucoup d'énergie. Ainsi, leur queue est toujours pointue pour que la taille des ondes formées à leur extrémité soit la plus petite possible. Par leur vol ondulé, les oiseaux brisent artificiellement la couche supérieure des turbulences et peuvent s'en servir comme des ascenseurs.
Mais on ne peut pas connaître par avance toutes les zones de turbulences. Ces dernières peuvent se former non seulement au sein des nuages, mais aussi dans un ciel dégagé offrant une visibilité parfaite, où le radar météorologique est incapable d'identifier leur imminence. Il s'agit des «turbulences en ciel clair» qui se forment souvent à des altitudes comprises entre 5.000 et 6.000 mètres. Elle sont surtout dangereuses car elles sont imprévisibles: l'équipage n'a que très peu de temps pour prévenir les passagers et leur demander de rejoindre leurs sièges.
Comment lutter?
Quand un avion arrive dans une zone de turbulences, on a l'impression que le vol se poursuit au même rythme et que le pilote ne fait rien pour limiter les tremblements. Ce n'est pas le cas. Les pilotes ont des instructions parfaitement claires dans ces circonstances. Ainsi, l'avion réduit immédiatement sa vitesse pour limiter la résistance. On observe la même chose à bord d'un bateau motorisé qui saute sur les vagues à une grande vitesse mais est parfaitement stable après avoir ralenti.
Les avions de nouvelle génération pourront probablement éviter toutes les zones de turbulences. En effet, les ingénieurs du Centre allemand pour l'aéronautique et l'astronautique testent actuellement des lasers ultraviolets capables d'analyser immédiatement les données des molécules d'azote et d'oxygène pour identifier d'avance les zones de turbulences, notamment à ciel dégagé. On espère que ce travail des chercheurs portera des fruits car, selon les dernières prévisions, les turbulences «invisibles» devraient se multiplier d'ici le milieu du XXIe siècle à cause du réchauffement climatique.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.