Comment le rapport sur les livraisons d'armes en Syrie pourrait être utilisé contre Trump

© AFP 2024 Ahmed DeebSyrie
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Le Centre d'enquête sur le crime organisé et la corruption (OCCRP) et le Réseau de journalistes d'investigation dans les Balkans (BIRN) accusent les autorités américaines de complicité dans le trafic d'armes.

Le rapport de ces organisations stipule que Washington achètent dans les ex-républiques soviétiques des armes datant de l'URSS avant de les envoyer aux Kurdes syriens à travers un réseau complexe d'intermédiaires. Cependant, les procédés décrits dans ce rapport sont connus depuis longtemps de la communauté d'experts. D'après les analystes interrogés par la chaîne RT, le moment de la publication n'est pas choisi au hasard: de cette manière les organisations tentent de ternir l'image du président américain Donald Trump.

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Le Pentagone dépense plus de 2 milliards de dollars pour les fournitures d'armes en Syrie, ont conclu les auteurs du rapport conjoint de l'OCCRP et du BIRN.

Selon eux, le Pentagone a mis en place un réseau multicellulaire d'intermédiaires qui fournissent des armes au Moyen-Orient. Sachant que dans cette chaîne sont impliquées aussi bien les grandes compagnies de défense que des sociétés mineures liées au crime organisé, indique le rapport.

Les destinataires des fournitures d'armes sont essentiellement les Forces démocrates syriennes (FDS) — une alliance militaire kurdo-arabe comprenant les Unités de protection du peuple (YPG).

L'arsenal soviétique

On sait qu'en 2013 la CIA a lancé le programme de formation et d'armement de l'opposition syrienne «modérée». Les renseignements américains comptaient envoyer des combattants formés pour combattre le régime syrien au pouvoir. Cependant, ce programme a échoué: les «opposants» recrutés dans les camps d'entraînement passaient en grand nombre du côté des groupes radicaux comme Daech ou le Front al-Nosra (organisations terroristes interdites en Russie) souvent avec les armes et les équipements perçus.

Il s'est avéré rapidement que non seulement ce programme ne contribuait pas à atteindre l'objectif annoncé, mais également qu'il empêchait de le faire.

En répondant aux questions pendant les audiences au sénat en septembre 2015, Lloyd Austin, chef du commandement des forces armées américaines, a reconnu que parmi les combattants formés dans les camps américains seulement quatre ou cinq hommes luttaient contre Daech.

En reconnaissant l'échec du programme les autorités américaines ont lancé un projet parallèle. Cette fois, Washington a décidé de prendre appui sur des forces «fiables» — les rebelles kurdes.

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Les livraisons d'armes ont commencé en automne 2015, et en mai 2017 le commandement américain avait déjà dépensé plus de 700 millions de dollars à cet effet. D'ici 2022 il est prévu d'envoyer en Syrie encore pour 900 millions de dollars d'armes, d'après les contrats signés plus tôt. De plus, l'administration de Donald Trump a l'intention de prévoir dans le budget de 2018 412 millions de dollars à ce fins.

Au total, selon les estimations des chercheurs, les USA dépenseront 2,2 milliards de dollars pour l'armement des Kurdes. Les fournitures incluent les fusils d'assaut Kalachnikov, des lance-roquettes antichars, des mortiers et d'autres armes et munitions.

Les auteurs du rapport ont remarqué que dans la plupart des cas le Pentagone achète pour les groupes syriens des armes soviétiques dans les anciens pays du camp socialiste, ainsi que les ex-républiques soviétiques. Initialement, les autorités américaines s'adressaient principalement à la Roumanie et à la Bulgarie, mais la demande accrue les a poussées à effectuer des achats en République tchèque, en Pologne, au Kazakhstan, en Serbie en Géorgie et en Ukraine. La crise au Moyen-Orient a même provoqué une hausse de la production des entreprises militaires serbes et bulgares, indique le document.

D'après les experts, il n'y a rien d'étrange à ce choix. Selon Sergueï Ermakov, directeur du secteur des problèmes de sécurité régionale du Centre d'études militaro-politiques de l'Institut russe des études stratégiques, les Américains partent des critères de prix et d'efficacité.

«L'armement soviétique a prouvé son efficacité, en outre, il s'est répandu depuis longtemps dans le monde, il est familier et ne nécessite pas une longue formation, a noté Sergueï Ermakov. Les rebelles kurdes connaissent bien ces armes, c'est un point important. Il existe également de nombreuses répliques d'armes soviétiques fabriquées à ce jour par plusieurs entreprises. Ces armes coûtent moins cher.»

L'expert militaire Viktor Litovkine est également de cet avis.

«L'armement soviétique est bien familier aux Kurdes qui disposent de munitions pour celui-ci. Sinon ils auraient dû apprendre à utiliser de nouvelles armes. Alors que les anciens pays du camp socialiste se débarrassent volontiers de leurs anciens arsenaux, il est avant tout questions d'armes d'infanterie», a noté l'expert.

Un rapport sans scoop

Les analystes de l'OCCRP et du BIRN attirent l'attention sur la violation des normes du droit international dans le domaine de la circulation des armes commise par le Pentagone.

Les armements sont achetés par le Commandement américain des opérations spéciales (SOCOM, United States Special Operations Command), l'un des neufs principaux commandements opérationnels subordonné au Comité des chefs d'état-major des USA, ainsi que l'organisation de recherche Picatinny Arsenal située dans le New Jersey. La compagnie est subordonnée au Pentagone.

Comment un Etat membre de l'OSCE, les USA ont pris différents engagements visant à lutter contre le trafic d'armes, stipule le rapport. En particulier, la condition obligatoire est l'indication dans les certificats pour la fourniture d'armes du destinataire final. Ces règles doivent être respectées également par les Etats européens qui sont aujourd'hui des fournisseurs d'armes.

Cependant, dans le certificat délivré par le SOCOM la Syrie n'est pas mentionnée. D'après le document, «ces biens militaires seront utilisés à des fins défensives directement par le gouvernement américain soit transmis gratuitement dans le cadre des programmes de contribution à la sécurité ou à la préparation des effectifs».

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Scènes de liesse: des soldats syriens sortent enfin du siège de Deir ez-Zor (vidéo)
«Cette clause permet au commandement des opérations spéciales de livrer des équipements militaires aux forces armées de tout pays, ainsi qu'à tout groupe soutenu militairement par les USA, y compris les rebelles syriens, comme en témoignent les conclusions des experts de l'armement qui ont pris connaissance des preuves disponibles», remarquent les auteurs du rapport. Tout en soulignant qu'une telle pratique sape les efforts globaux pour la lutte contre le trafic d'armes et enfreint le droit international.

Toutefois, Washington pratique une telle approche depuis plusieurs décennies. Les informations rapportées par le rapport de l'OCCRP et du BIRN sont loin d'être un scoop, estiment les experts.

«Le système américain de transit d'armements existe depuis longtemps. C'est avant tout la CIA qui pratiquait de telles livraisons. Par exemple, c'est selon cette méthode qu'ont été fournies à une époque les armes aux moudjahids afghans. Les Américains essayaient alors de projeter des armes d'origine soviétique pour cacher les sources des livraisons, il était avant tout question d'armes d'infanterie et de lance-roquettes antichars», a expliqué Sergueï Ermakov.

D'après lui, cette pratique a été élaborée par Washington pendant encore la Guerre froide.

Et de poursuivre: «Depuis, il existe dans le monde un réseau organisé de fournitures d'armes illégales. Ce que la CIA est directement impliquée dans le trafic d'armes n'est pas un secret depuis longtemps. Un facteur supplémentaire — l'augmentation du nombre de sociétés militaires privées également impliquées dans ce trafic.»

Le rôle de Soros

Il est à noter que l'OCCRP qui a participé à la préparation de ce rapport révélateur est étroitement lié aux structures de George Soros. Rappelons que ce célèbre financier a adopté depuis le début une position très agressive envers la candidature de Donald Trump à la présidence américaine. Par exemple, en janvier 2017, pendant le Forum économique international de Davos, Soros a qualifié Trump de «futur dictateur» voué à l'échec. Soros ne lésine pas sur les expressions en qualifiant le nouveau locataire de la Maison blanche d'«imposteur» et d'«escroc».

«Personnellement je suis convaincu qu'il échouera parce que ses idées contiennent des contradictions», a souligné Soros.

Toutefois, c'est Soros lui-même qui a connu un fiasco: selon le Wall Street Journal, la victoire de Trump à la présidentielle lui a coûté un milliard de dollars. Le célèbre financier n'a pas réussi à prévoir la hausse en bourse après la victoire du républicain et a misé sur la baisse.

Soros a également perdu l'argent qui a servi à soutenir la candidature d'Hillary Clinton. On sait qu'il a fait partie des principaux sponsors de la campagne de la candidate démocrate avec Donald Sussman (président de Paloma Partners Advisors) et Daniel Abraham (chef de SDA Entreprises).

Selon l'expert Vladimir Brouter de l'Institut international d'études humanitaires et politiques, aujourd'hui les rivaux de Donald Trump n'ont pas l'intention de cesser leurs attaques. Et la parution du rapport de l'OCCRP fait également partie de ce plan.

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L’armée syrienne reprend le contrôle de zones stratégiques à Deir ez-Zor
«La seule raison pour laquelle ce rapport a été publié à ce moment précis consiste à faire le lien entre ces accusations et Donald Trump, a noté l'expert. Le rapport expose des faits biens connus. La manière dont les armes sont livrées en Syrie n'est pas un secret depuis longtemps. C'est une histoire conjoncturelle et politiquement motivée.»

Le fonctionnement du système politique américain est tel qu'on ne peut pas accuser aujourd'hui les démocrates d'implication dans ces livraisons — le pouvoir exécutif n'est pas lié aux structures de parti, a expliqué l'expert. Or c'est le pouvoir exécutif qui répond de la prise de telles décisions, et Trump est à sa tête.

«Certes le rapport mentionne également Barack Obama, mais il a déjà quitté la Maison blanche, et c'est Trump qui est le chef de l'Etat aujourd'hui. Les structures de Soros et le clan libéral international veulent maintenant accuser Trump de ce qu'a été initié par Obama. Ils ont l'intention de rejeter la responsabilité pour la culpabilité globale des USA sur le président actuel», a conclu Vladimir Brouter.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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