Face au terrorisme… Je suis béton!

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Face à la menace terroriste, le marché des blocs de protection en béton explose en France. S'il est bon que les festivals et autres événements soient protégés de la menace des attentats islamistes et de leurs voitures-bélier, la multiplication de ces obstacles est un symptôme effrayant: les frontières sont maintenant au cœur de nos villes.

«Les jeunes Français doivent s'habituer à vivre durablement avec la menace d'attentats», déclarait Manuel Valls aux ados en 2015.

«Cette menace, elle fera partie du quotidien des prochaines années», comme l'expliquait Macron au soir de l'attentat sur les Champs-Élysées.

​Oui, oui, oui. Voilà, voilà, voilà…

Je me remémorais ces propos emprunts de gravité et de défaitisme de notre ex-Premier et de notre actuel Président, ce matin, en lisant nos estimés confrères du Figaro. Et qu'est-ce qu'on y apprend, dans le Figaro, allez-vous me demander, les yeux brillants de curiosité? Eh bien, on y apprend qu'à cause de (ou grâce à, question de point de vue) la menace terroriste, le marché des obstacles en béton connaît un véritable boom, si vous me passez ce jeu de mots douteux.

Eh oui, nous sommes en guerre contre le terrorisme, nous expliquent nos dirigeants depuis un certain temps, alors forcément, ça finit par se voir un tout petit peu. Rien d'étonnant, finalement, dans un pays en guerre, à voir pousser les obstacles antichars comme des champignons, à croiser des patrouilles de militaires à tout bout de champ et à entendre hurler les sirènes, non?

​Et puis toute guerre engendre ses profiteurs de guerre. Alors, loin de moi l'idée de jeter le bloc de béton à la tête de la PME qui «devrait multiplier par 5 son activité dans l'année.» Elle rend un signalé service aux communes, festivals et événements en tout genre en leur louant ses parpaings géants, «colorés et personnalisables», restons gais même sous la menace terroriste, dont le marché «explose en France.» Ah, cette fois, ce n'est pas moi, le jeu de mots douteux, c'est le Figaro.

© Photo BlocStopBlocs de protection en béton
Blocs de protection en béton - Sputnik Afrique
Blocs de protection en béton

Ben oui, maintenant que l'on sait, Nice, Londres, Barcelone, Cambrils ou Berlin à l'appui, les dégâts que peut causer le premier djihadiste venu au volant d'un camion ou d'une camionnette, il est normal de se protéger et il est normal que les boîtes qui fournissent lesdites protections en vivent. Donc, merci à BlocStop et ses confrères. Je veux donc bien retirer donc l'expression «profiteurs de guerre», mais pas fermer ma gueule contre Hollande, Macron, Valls, Sarko et consorts, qui ont laissé depuis des années pourrir la situation (Mohamed Merah, c'est 2012, déjà), qui l'ont masqué du mieux qu'ils pouvaient à coups de «déséquilibrés» et de «loups solitaires», qui nous ont expliqué que l'on vivait sous la menace et qu'il fallait faire avec, qui ont refusé de désigner un ennemi qui de son côté ne s'était pas privé de le faire et qui se sont par là même privés de tout moyen sérieux de lutter contre l'ennemi en question.

À cause de leur inconséquence, voilà à quoi va de plus en plus ressembler notre quotidien, voir figure 1:

​Je précise à l'attention de nos auditeurs qui n'auraient pas la chance d'avoir la couleur que la figure 1 représente un manège de quartier, le genre où vous emmenez votre enfant faire un tour après l'école, quasiment encerclé de ces blocs de béton, empilés sur trois rangs.

Alors certes, vous allez me dire que les blocs en questions ressemblent à des legos géants et qu'il sera donc facile d'expliquer à votre bambin que tout ça, c'est pour de rire, mais moi, je ne me vois pas raconter à mon fils qu'un gentil géant a disposé ses legos autour se son manège pour le protéger de méchants qui voudraient l'écraser à coups de camion alors qu'il (mon fils) ne leur a même pas piqué leur goûter, tout ça parce qu'il préfère le jambon au poulet halal aux hormones.

Non, je ne souhaite pas de ce futur pour mes enfants, un futur où l'on serait obligé de se barricader derrière des obstacles en béton ou des vitres pare-balles de trois mètres de haut, comme pour la tour Eiffel, une jolie protection à 20 millions d'euros tout de même, le tout en se disant que ce n'est pas grave, puisque cela fait «partie du quotidien», comme dit Macron.

​Je ne veux pas d'un futur ou la frontière entre mes ennemis —ou ceux qui s'estiment tels, en tout cas- et moi passera par le boulevard voisin, où l'aire de jeux du coin pourrait ressembler à une zone de guerre et où le paysage de nos grandes villes risque de présenter de plus en plus de similitudes avec Beyrouth du temps de la guerre civile. J'ai connu, croyez-moi, cela ne donne pas envie. Et mes amis libanais, forts de leur expérience douloureuse en la matière, s'inquiètent depuis des années pour la France.

​Parce que ce que l'on constate, avec tous ces obstacles qui se multiplient au cœur de nos villes, c'est que les frontières ne disparaissent pas, elles se déplacent. Et quand elles passent en bas de chez vous, c'est que c'est quand même très mal parti.

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