Les ingénieurs et les chercheurs russes ont conçu un radar mobile capable de détecter des objets dans l'espace proche, de suivre leur déplacement et de déterminer les paramètres de trajectoire. Ainsi, la Russie a atteint le niveau technologique des Etats-Unis, qui étaient jusqu'à récemment l'unique détenteur de tels équipements. Les anciens systèmes avec des caractéristiques proches destinés aux cibles orbitales (la zone de vision: pour l'azimut +/-60 degrés, pour l'angle du lieu: de 9 à 75, pour la portée: de 10 à 1.500 km) étaient stationnaires.
«Демонстратор» увидит любую ракету: каковы задачи новейшей российской РЛС #РусскаяВесна https://t.co/mJNS5x7SC1 pic.twitter.com/5RFk2HApNi
— RusNext РусскаяВесна (@rusnextru) 4 сентября 2017 г.
Le prototype du radar sectoriel mobile (qui portait précédemment le nom de code Demonstrator) était exposé parmi d'autres modèles lors d'un Salon aérospatial international à Joukovski, région de Moscou. Comme c'est souvent le cas avec le matériel très novateur en avance sur son temps, parmi les centaines de milliers de visiteurs du salon seulement quelques spécialistes capables d'apprécier le nouveau système à sa juste valeur et d'accorder une note à ses développeurs s'y sont intéressés de près.
Hormis le recueil d'informations objectives sur les lancements nord-coréens le radar sectoriel mobile convient pour un déploiement à l'étranger si besoin. La projection et le déploiement des stations radar stationnaires du même type serait bien plus complexe et demanderait bien plus de dépenses et de frais pour le transport, l'installation et le réglage. De plus, les stations mobiles affichent une bien meilleure survie lors des activités militaires, y compris contre un ennemi technologique.
Les données du développeur
Sur le plan pratique voici ce que l'on sait du nouveau système. Il a été conçu par la compagnie Radiofizika. Selon ses prospectus, le Complexe radar sectoriel mobile est destiné à détecter des missiles non stratégiques et des cibles aérodynamiques rapides.
En détectant une cible rapide ou une source de brouillage, le radar effectue leur suivi et transmet les informations appropriées au poste de commandement. Selon les concepteurs, le système détermine les coordonnées et d'autres paramètres importants avec une précision suffisante pour fournir une désignation d'objectif aux systèmes offensifs.
Le radar inclut: l'antenne d'émission, l'antenne de réception, le point de commandement et de calcul et un groupe électrogène du poste d'émission. Sur les postes des opérateurs à l'intérieur du point de commandement et de calcul se reflète la situation actuelle des cibles avec le contrôle des modes de fonctionnement des appareils. Les équipements installés dans le point de commandement et de calcul permettent de transmettre des données par les lignes de communication spatiales et documentent l'information.
Par exemple, le complexe entier peut être facilement projeté d'un aérodrome sur un autre par des avions de transport militaires lourds comme An-124-100 Rouslan ou Il-76MD/MD-90A. Le développeur souligne: «La mobilité et le coût bas en font un moyen d'information inestimable pour assurer les lancements et les atterrissages des appareils spatiaux à longue portée de radiolocalisation de l'espace aérien, et pour les travaux de recherche dans l'espace proche.»
L'analogue le plus proche
L'analyste britannique Douglas Barrie qualifie le radar sectoriel mobile comme un analogue russe de la station américaine An/TPY-2 de la compagnie Raytheon. Pratiquement tout ce que le lecteur pourrait trouver sur la fonctionnalité et les versions d'usage de tels radars s'applique également à la nouveauté russe. Les développeurs eux-mêmes décrivent l'AN/TPY-2 comme un radar de surveillance mobile (Surveillance Transportable Radar) spécialement conçu pour être installé à l'avant-garde de la défense aérospatiale. Il est doté d'antennes à scanner électronique du rayon et fonctionne dans le diapason de fréquences 8,55-10 GHz (X-band).
Les radars AN/TPY-2 sont utilisés comme le radar principal dans le complexe THAAD — Terminal High Altitude Area Defense, ce qui pourrait être traduit comme le système de défense pour un théâtre d'opérations prévu pour intercepter des cibles rapides à grande altitude. Les complexes THAAD mis en service en 2008 constituent la base de la défense antimissile nationale des USA dont des éléments sont déployés en Alaska. Ils ont été développés quand les opérations dans l'Orient arabe ont révélé une efficacité insatisfaisante des missiles antiaériens Patriot lors de l'interception des missiles tactiques R-17 d'origine soviétiques et leurs versions améliorées (SCUD).
C'est pourquoi les représentants permanents chinois et russes à l'Onu en évoquant la situation sur la péninsule coréenne appellent constamment les USA à retirer immédiatement les complexes THAAD rapidement déployés. Les spécialistes russes et chinois ne reconnaissent pas les systèmes antiaériens américains comme un moyen efficace de lutte contre la menace de missile qui émanerait de Pyongyang, mais en revanche ils les considèrent comme un moyen d'espionnage de la situation au nord-est de la Chine et en Primorié en Russie. Mais désormais la Russie dispose de moyens techniques dont le déploiement à proximité des côtes américaines pourrait être un mal de tête supplémentaire pour Washington.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.