Produisant des flashs de rayons X ultra-lumineux (mille milliards de photons par flash), deux cent fois plus nombreux par seconde que les meilleurs lasers à électrons libres existants, ce laser européen nouvelle génération permettra aux chercheurs de photographier des virus à l'échelle atomique, de déchiffrer la composition moléculaire des cellules, de prendre des images en trois dimensions du nano-monde, d'étudier ainsi des procédés similaires à ceux qui se produisent à l'intérieur des planètes ou bien encore de filmer des réactions chimiques.
Les applications seront nombreuses et variées, allant de la médecine à la biologie, en passant par la chimie et la science des matériaux. La capacité de ce laser à sonder l'infiniment petit peut permettre des percées scientifiques pluridisciplinaires en décortiquant le fonctionnement d'atomes, de virus ou de processus chimiques.
«Nous sommes les leaders mondiaux dans ce domaine», a déclaré jeudi à Sputnik Robert Feidenhans'l, directeur exécutif du projet European XFEL.
Et d'ajouter qu'il avait consacré à ce projet dix années, peut-être même vingt, de sa carrière scientifique.
«Nous pourrons sans doute découvrir de nouvelles sources d'énergie, notamment dans le domaine de la photovoltaïque. L'industrie chimique pourra bénéficier de découvertes dans celui des catalyses. N'oublions pas non plus la pharmaceutique», a poursuivi l'interlocuteur de l'agence.
Selon les spécialistes il s'agit de la plus grande et la plus puissante source de rayons X fabriquée par l'homme au monde. Qui plus est, avec ses 3 km, c'est le plus grand accélérateur de particules en ligne droite du monde, dont la construction a impliqué surtout l'Allemagne mais aussi une dizaine d'autres pays, dont la Russie, deuxième bailleuse du fonds du programme (27%) derrière l'Allemagne (58%).
Le caractère exceptionnel du Laser Européen à Electrons Libres et à rayons X (X-Ray Free Electron Laser, XFEL), peut se résumer comme suit: 27.000 flashs par seconde. A comparer aux 120 émis par le laser américain du même type LCLS (à Stanford, en Californie, ndlr) et aux 60 générés par le SACLA au Japon.
«Quoi qu'il en soit, tout ce que vous voyez ici n'aurait pas été possible sans ce qui été réalisé à Stanford», a relevé Christian Bressler, chef de l'équipe de l'expérience Instrument FXE, menée à 14 mètres sous terre.
Cela dit, le chercheur a insisté sur l'importance de la coopération scientifique internationale.
Outre l'Allemagne et la Russie, le Danemark, la France, la Hongrie, l'Italie, la Pologne, la Slovaquie, l'Espagne, la Suède et la Suisse ont financé le XFEL à hauteur de 1 à 3%.