Missile menaçant pour le Japon : Pyongyang menacé d’une riposte militaire

© AFP 2024 Fred DufourJapon
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Les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud promettent une «réponse ferme» au dernier lancement de missile en Corée du Nord. De son côté, la Russie souligne que le potentiel de sanctions vis-à-vis de Pyongyang est «pratiquement épuisé».

Ce thème sera évoqué mardi soir lors d'une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des Nations unies. Des mesures unilatérales ne sont pas non plus à exclure. Par exemple, la Corée du Sud et les USA ont déjà déclaré plancher sur des mesures militaires en réponse aux «provocations nord-coréennes».

Ce nouveau lancement nord-coréen a eu lieu trois jours après le tir de trois missiles de courte portée qui avaient parcouru près de 250 km en direction du nord-est.

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La situation sur la péninsule coréenne a connu un regain de tension après un échange de déclarations tranchantes entre les USA et la Corée du Nord. Cette dernière a promis de tirer des missiles contre l'île de Guam où se trouvent la base aérienne américaine Andersen et la base navale Apra Harbor. Le président américain Donald Trump a promis que si Kim Jong-un s'en prenait à Guam, la Corée du Nord subirait «quelque chose d'encore jamais vu».

Par la suite les deux dirigeants avaient apaisé le ton de leurs déclarations. Kim Jong-un s'était dit prêt à observer pendant encore un certain temps le comportement des USA, et Trump avait approuvé ces propos. Mais la semaine dernière, les USA et la Corée du Sud ont lancé leurs exercices militaires conjoints Ulchi — Freedom Guardian pour dix jours, considérées par Pyongyang comme une «répétition d'un conflit armé».

Le premier lancement sous Kim Jong-un

Ce nouveau tir fut le premier sous Kim Jong-un, qui dirige son pays depuis 2011. Le missile nord-coréen a survolé le territoire japonais avant de tomber dans l'océan Pacifique à près de 1.200 km à l'est de ce pays. Le dernier incident de ce genre remonte à 2009: à l'époque, la Corée du Nord avait lancé un satellite sur la fusée-porteuse Taepodong-2.

Le dernier lancement a été effectué à partir de la ville de Sunan, près de Pyongyang, en direction de la mer du Japon, informe le communiqué du comité unifié d'état-major de la Corée du Sud. D'après lui, le missile a survolé l'île Hokkaido au nord du Japon et a parcouru 2.700 km avec une altitude maximale de vol avoisinant les 550 km.

Le secrétaire général du cabinet japonais Yoshihide Suga a déclaré que le missile s'était échoué à 1.180 km à l'est du cap Erimo à l'extrémité sud-est de Hokkaido. Il a précisé qu'aucun débris du missile nord-coréen n'avait été retrouvé sur le territoire japonais, et aucune information n'a été rapportée concernant un éventuel préjudice.

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Le missile tiré par Pyongyang aurait pu atteindre Guam
Les militaires sud-coréens et japonais supposent que le missile testé mardi était soit un missile de moyenne portée de type Kwasong-12, soit un missile Kwasong-10 d'une portée de 3.000 km.

Une nouvelle menace

Le lancement a provoqué le déclenchement, sur le territoire japonais, du système d'avertissement d'urgence J-Alert. Les autorités japonaises ont mis en garde les habitants et ont demandé de prendre des mesures de précaution.

Le premier ministre japonais Shinzo Abe a déclaré: «La Corée du nord a effectué un tir de missile qui semble avoir survolé le territoire de notre pays. Nous avons immédiatement commencé le recueil et l'analyse des informations».

Ensuite, le ministre japonais de la Défense Itsunori Onodera a annoncé que le Japon n'avait pas abattu le missile nord-coréen car ce dernier ne représentait pas de menace directe pour le territoire du pays. Il a noté toutefois que le vol du missile nord-coréen au-dessus du Japon constituait une «grave menace qui n'existait pas auparavant». «Cela menace la paix et la sécurité dans la région et c'est une violation des résolutions du Conseil de sécurité», a souligné le ministre.

Et d'ajouter: «Le lancement d'un missile au-dessus de notre territoire sans avertissement est une action extrêmement dangereuse. Les risques pour la sécurité de notre pays ont considérablement augmenté.»

C'est également l'avis du ministre japonais des Affaires étrangères Taro Kono. «Le risque a significativement augmenté pour notre pays. Nous apprécions tout particulièrement que l'Amérique montre en paroles et en actes sa disposition à remplir la directive du président américain Donald Trump affirmant que toutes les options doivent être posées sur la table», a-t-il déclaré.

Le chef de la diplomatie japonaise a promis qu'une pression encore plus forte serait exercée sur Pyongyang. «Indépendamment de l'endroit où a été lancé le missile — vers l'est ou vers l'ouest, le survol de notre territoire, qui plus est sans avertissement, représente un sérieux danger pour nos navires et avions. Nous estimons qu'il est nécessaire d'exercer davantage de pression sur la Corée du Nord, ainsi que d'adopter une position plus intransigeante au Conseil de sécurité», a déclaré le ministre.

Les USA «à 100% avec le Japon»

D'après Tokyo, le missile lancé par la Corée du Nord était en mesure d'atteindre le territoire américain sur l'île de Guam, que Pyongyang menace d'attaquer depuis quelques temps.

«La portée du missile avoisine les 5.000 km. Bien sûr, un missile de ce type pouvait atteindre Guam», considère le ministre japonais de la Défense cité par l'agence de presse Kyodo.

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Tokyo s'est déjà concerté sur la situation avec Washington. Shinzo Abe s'est entretenu par téléphone avec Donald Trump. «Nous avons eu une conversation de 40 minutes avec le président Trump, nous avons évoqué les résultats de l'analyse du lancement de missile par la Corée du Nord et les mesures que nous devions prendre. Nous sommes tombés d'accord sur la nécessité de réunir d'urgence le Conseil de sécurité des Nations unies et de durcir la pression sur la Corée du Nord pour la pousser à changer sa politique», a poursuivi le dirigeant japonais.

«Le président Trump a confirmé que l'Amérique est à 100% avec le Japon. Nous ferons tout pour protéger la vie et les biens des citoyens. En coopération avec les USA et la Corée du Sud, ainsi qu'avec la Chine et la Russie et la communauté internationale nous renforcerons la pression sur la Corée du Nord pour la pousser à changer sa politique», a déclaré le dirigeant japonais.

Dans le même temps, d'après Washington, le missile nord-coréen ne représentait aucun danger pour l'Amérique du Nord.

«Nous pouvons confirmer que le missile lancé par la Corée du Nord a survolé le Japon. Nous sommes en train d'évaluer ce lancement. Le Commandement de la défense aérospatiale de l'Amérique du Nord (NORAD) a déterminé que le lancement du missile nord-coréen ne représentait aucune menace pour l'Amérique du Nord», indique le communiqué du porte-parole du Pentagone Rob Manning.

La Corée du Sud se prépare-t-elle à la guerre?

Le gouvernement sud-coréen a condamné le lancement du missile nord-coréen et a promis, de concert avec les USA, une «riposte puissante» si les provocations de la Corée du Nord continuaient, rapporte l'agence de presse Yonhap. Selon les médias, pendant la conversation téléphonique entre le chef du comité d'état-major des forces américaines Joseph Dunford et son homologue sud-coréen «il a été décidé de prendre dans les plus brefs délais des contre-mesures qui permettront de mettre en œuvre une puissante volonté de réponse de la part de l'alliance (Séoul et Washington), y compris une réponse militaire aux provocations nord-coréennes».

L'armée de l'air sud-coréenne a déjà organisé mardi des exercices de bombardement avec des bombes MK-84 d'une tonne. Yonhap rapporte que 4 chasseurs F-15K avaient participé aux exercices et que 8 bombes avaient été lancées.

Les militaires sud-coréens ont également publié sur internet un enregistrement des essais de leurs propres missiles. Sur la vidéo d'une minute et demie diffusée par Yonhap, on peut voir sous tous les angles les tirs de missiles et leur chute dans la mer. L'agence de presse explique que les essais ont eu lieu le 24 août. Il s'agit de missiles améliorés d'une portée de 500-800 km.

«C'était le dernier essai avant le déploiement factuel de ces missiles», affirme un développeur de l'Institut des problèmes de la défense de la Corée du Sud cité par l'agence de presse.

De plus, Séoul a déclaré qu'après le tir nord-coréen les USA avaient commencé à étudier la possibilité de déployer en Corée du Sud des moyens défensifs «stratégiques».

La Russie ne croit pas aux sanctions

Pour sa part, Moscou estime que les exercices de la Corée du Sud et des USA sont l'une des raisons d'aggravation de la situation sur la péninsule coréenne.

«Nous constatons une tendance à l'escalade, nous pensons que les exercices qui ont été organisés, même dans une «version allégée» par rapport au scénario initial, ont contribué à provoquer Pyongyang à effectuer un nouveau lancement. Actuellement, nous sommes extrêmement inquiets de l'évolution générale de la situation et de la répercussion sur la sécurité en Asie du Nord-Est», a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov.

Il n'exclut pas que de nouvelles sanctions puissent être décrétées contre la Corée du Nord après le lancement.

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«A en juger par les actions passées des collègues américains et d'autres pays allés des USA dans de telles situations, on peut évidemment s'attendre à de nouvelles démarches visant à durcir les sanctions», estime le diplomate russe.

Et de poursuivre: «Mais cela ne réglera pas les problèmes. Il est évident pour tous que la ressource de pression par les sanctions contre la Corée du Nord est épuisée. Le Conseil de sécurité des Nations unies, dans ses nouvelles résolutions, doit mentionner impérativement l'impossibilité d'une solution militaire au problème et la nécessité qu'il soit réglé exclusivement par la voie politique. Une telle résolution ne devra pas non plus contenir de directive excluant les sanctions unilatérales supplémentaires en plus des sanctions adoptées collectivement par le Conseil de sécurité.»

Sakhaline disparaît du service Yandex

Le lancement du missile nord-coréen en direction de Hokkaido, qui se trouve à seulement 40 km de Sakhaline, a coïncidé avec une perturbation du service cartographique de Yandex, où des problèmes sont survenus avec l'affichage de l'île russe.

Sakhaline était affichée sur la carte à distance maximale (3.000 km) mais disparaissait en zoomant (à l'échelle 1.000 km, 600 km et 200 km) et apparaissait à nouveau en continuant d'agrandir la carte. La perturbation avait lieu sur la carte schématique du service, aucune défaillance n'a été notée sur les cartes satellite et hybride.

Le problème a été remarqué à près de 2 heures du matin, heure de Moscou, dans la nuit de lundi à mardi, et persistait une heure et demie plus tard. Aucun commentaire n'a encore été émis par Yandex.

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