Kim Jong-un définit la ligne de front

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Malgré les sanctions internationales et la pression militaire et politique de Washington, la Corée du Nord conserve sa souveraineté nationale et affiche une position ferme sur tous les sujets.

On a appris aujourd'hui que le leader nord-coréen Kim Jong-un avait secrètement visité une base militaire située à 1 km de la frontière sud-coréenne. Cette visite du commandant en chef dans la zone du front (de facto) n'a pas été couverte par les médias du pays et ne fait donc pas partie de sa propagande. Il s'agissait d'une opération de reconnaissance consistant en un examen visuel de l'ennemi et du terrain par le commandant et les officiers des états-majors afin de recueillir et de collecter les données nécessaires pour prendre une décision. La reconnaissance a normalement lieu dans la future zone des hostilités.

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Le 14 août, Kim Jong-un avait visité un point de commandement des forces stratégiques et étudié un plan de frappe par quatre missiles balistiques Hwasong-12 contre la région de Guam. Ces derniers, s'ils étaient lancés, devraient passer au-dessus des préfectures japonaises de Shimane, de Hiroshima et de Kochi. L'île de Guam a même lancé le 15 août une alerte nucléaire — heureusement, par erreur.

Le lancement des frappes a été reporté mais la Corée du Nord poursuit le traitement du combustible nucléaire afin de produire du plutonium militaire, et brandit la menace de l'apocalypse nucléaire aux USA et en Corée du Sud face à leurs exercices militaires provocateurs Qui plus est, Pyongyang a publié une vidéo propagandiste mettant en scène la destruction de Guam par les missiles nord-coréens: le président américain Donald Trump regarde un cimetière, alors que son vice-président Mike Pence est couvert de flammes.

Une répétition de l'invasion

Les manœuvres des États-Unis et de la Corée du Sud pourraient en effet se solder par des hostilités de grande envergure et une phase non-contrôlée de guerre nucléaire. Pyongyang considère non sans raison que l'objectif principal des exercices Ulji Freedom Guardian est la mise au point d'un plan de frappe préventive inattendue et d'occupation du territoire nord-coréen. Les armées (et les arsenaux) de tous les acteurs du conflit sur la péninsule coréenne sont actuellement en état d'alerte maximal.

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Les USA ont décidé d'organiser des manœuvres de dix jours, contrairement au bon sens et au principe de «double gel» avancé par la Russie et la Chine afin de régler le dossier nord-coréen. Parallèlement, Washington et Séoul révisent leurs accords d'alliance militaire concernant les missiles balistiques afin de permettre à la Corée du Sud de concevoir de nouvelles ogives sans aucune limitation de poids. Mais la péninsule est déjà considérée comme une poudrière… Tout cela témoigne de la domination, à la Maison blanche, des partisans de la politique étrangère traditionnellement agressive des USA: la projection de force.
A première vue, les exercices Ulchi Freedom Guardian, utilisant une simulation numérique des hostilités, ne visent qu'à «renforcer l'aptitude au combat, la sécurité régionale et la stabilité sur la péninsule coréenne». Quoi qu'il en soit, le plan d'opération du commandement unifié des USA et de la Corée du Sud prévoit des frappes contre les sites des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang. Les manœuvres impliquent près de 50 000 militaires sud-coréens et 17 500 soldats américains (plus de 28 000 militaires américains se trouvent en permanence au sud de la péninsule coréenne dans le cadre d'un accord entre Washington et Séoul). Selon les données de l'état-major de l'armée nord-coréenne, les navires de la 7e flotte américaine et les bombardiers B-52N, B-1I et B-2A prennent également part aux exercices. Ainsi, toute action maladroite pourrait se solder par une catastrophe.

Les arguments balistiques

Pyongyang a les moyens nécessaires pour riposter à une agression éventuelle: il a déjà organisé cinq tests nucléaires depuis 2006. Le dernier essai a eu lieu le 9 septembre 2016: la puissance de la charge miniaturisée a atteint 30 kilotonnes — le double de la bombe lâchée sur Hiroshima en 1945.

Début août, la Corée du Nord a lancé de nouveaux tests de ses missiles balistiques, dont un a atteint la zone économique exclusive du Japon. Son temps de vol et l'altitude de sa trajectoire témoignent de la fiabilité et de l'efficacité des vecteurs nord-coréens. Pyongyang est déjà en mesure de frapper la partie continentale des USA et n'a aucune envie d'arrêter la conception et la production de nouvelles armes alors que la menace de la part des États-Unis reste présente, ce qui sera toujours le cas au moins dans un avenir prévisible.

Le président américain Donald Trump considère la Corée du Nord comme le danger principal pour les USA. Le chef du Pentagone James Mattis affirme que Pyongyang doit fermer son programme nucléaire et s'abstenir de toute initiative qui pourrait se solder par la «fin du régime et l'anéantissement de sa population». Un dialogue pacifique peine donc à se former.

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Suite à plusieurs provocations verbales réciproques, le président américain Donald Trump a promis que si Kim Jong-un s'en prenait à Guam, la Corée du Nord subirait un événement jamais vu. Qui plus est, on exclut de l'arsenal de la politique étrangère américaine tout effort pacifique visant à apaiser la situation, comme si Washington comptait sur un show d'équilibrisme permanent au bord du précipice de la guerre, ou sur la capitulation de la Corée du Nord.
La Chine et la Russie, voisins les plus proches de la Corée du Nord, font preuve de beaucoup plus de responsabilité et de prudence.

Igor Morgoulov, co-président du Dialogue russo-chinois sur la sécurité en Asie du Nord-Est, vice-ministre russe des Affaires étrangères, a évoqué la situation sur la péninsule coréenne avec son homologue chinois Kong Xuanyou le 21 août à Pékin. Ils se sont prononcés pour le renforcement des efforts politiques et diplomatiques afin de faire baisser les tensions et de lancer la détente militaire et politique en Asie du Nord-Est, ce qui pourrait contribuer à la formation d'un climat favorable pour le règlement des problèmes (notamment nucléaire) de la péninsule coréenne.

Moscou n'a aucune envie de diaboliser la Corée du Nord. La Russie considère le scénario militaire sur la péninsule coréenne comme désastreux et appelle tous les pays à faire preuve de la retenue.

Han Song Ryol, vice-ministre nord-coréen des Affaires étrangères, a accusé le président américain Donald Trump de créer un «cercle vicieux» de tensions, dans une interview récente à l'agence Associated Press. Et comme le conflit se base sur la position des États-Unis qui n'ont toujours pas signé d'accord de paix avec la Corée du Nord depuis la fin de la guerre des années 1950-1953, le Conseil de sécurité de l'Onu devrait peut-être adopter des sanctions parallèles contre Washington.

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