Les États-Unis et le Vietnam forment une alliance en Asie afin de contrer les exigences chinoises en mer de Chine méridionale, écrit le journaliste du National Interest Zachary Keck dans son article «Get Ready, China: U.S. Navy Aircraft Carriers are Headed to Vietnam».
La semaine dernière, le ministre de la Défense du Vietnam, Ngo Xuan Lich, s'est d'ailleurs rendu aux États-Unis afin d'y rencontrer le chef du Pentagone, James Mattis. Selon la déclaration conjointe faite à cette occasion, les deux pays avaient ordonné «d'organiser la première visite d'un porte-avions au Vietnam après le règlement» de problèmes techniques. Plus tard, le Pentagone a déclaré qu'un porte-avions américain pourrait mouiller dans les eaux vietnamiennes l'année prochaine.
Selon l'auteur de l'article, l'annonce de la présence d'un porte-avions américain au Vietnam signifie que les deux pays renforcent rapidement leurs relations militaires dans le contexte d'une influence croissante de la Chine dans la région. Inexistantes depuis la fin de la guerre du Vietnam, les États-Unis et le Vietnam ont rétabli des relations diplomatiques en 1995. En 2000, le Vietnam a été visité par le Président américain Bill Clinton et en 2006 par George W. Bush.
Suite à l'investiture de Donald Trump, les relations entre les deux pays ont connu une période difficile alors que le Président des États-Unis annonçait le retrait américain du Partenariat transpacifique (TTP). Mais depuis cela, les relations bilatérales entre Washington et Hanoi se sont améliorées. En mai 2017, le Premier ministre vietnamien Nguyen Xuan Phuc s'est rendu à la Maison Blanche, et M.Trump se rendra à son tour au Vietnam à l'occasion du sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) en novembre 2017. De plus, en mai de cette année, les États-Unis ont mis un bateau à disposition des garde-côtes vietnamiens, tandis que le mois dernier des exercices navals annuels ont eu lieu pour la huitième année d'affilée.
Bien que les deux pays ne déclarent pas ouvertement les raisons du renforcement de leur coopération militaire, une telle politique est principalement liée au potentiel croissant de la Chine et à ses actions en mer de Chine méridionale. Récemment, cette coopération militaire a joué un rôle significatif dans la région, car depuis l'été 2016, le Président philippin Rodrigo Duterte s'emploie à renforcer ses relations avec la Chine, ce qui a réduit les efforts du Vietnam pour contrer la politique de Pékin en mer de Chine méridionale.
«Quand il s'agit des territoires contestés en mer de Chine méridionale, les autorités vietnamiennes se sentent très seules», a déclaré Gregory B. Poling, un expert du centre Maritime Transparency Initiative (AMTI).
En juin 2017, rappelle le journaliste du National Interest, le Vietnam a accordé à une filiale de la société espagnole de pétrole et de gaz Repsol la permission d'installer une plate-forme pétrolière dans la partie méridionale des îles Spratly. La souveraineté sur ces îles étant contestée, Pékin a immédiatement réagi par des protestations. Celles-ci étant restées sans effet, le ministre chinois des Affaires étrangères a prévenu l'ambassadeur vietnamien que la Chine n'hésiterait pas à recourir à la force militaire si le Vietnam refusait d'arrêter la production de pétrole dans la région.
Cependant, les relations entre Hanoï et Pékin ne cessent de se compliquer. En août 2017, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a annulé sa rencontre avec son homologue vietnamien, en marge du forum de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN). La raison officielle du geste n'a pas été précisée, mais il s'est produit seulement quelques heures après que le Vietnam a exprimé sa préoccupation envers les actions chinoises en mer de Chine méridionale.
«La réalité est que la réorientation de la politique du Président Duterte en faveur de la Chine, combinée avec le flirt de la Thaïlande avec Pékin depuis le coup d'État de 2014, rend les États-Unis plus dépendants du Vietnam dans le cadre du conflit en mer de Chine méridionale. Les gestes symboliques comme l'envoi d'un porte-avions, ce n'est que le début, mais ces gestes, sans aucun doute, ne sont pas suffisants», conclut Zachary Keck.