Toute votre activité sur internet laisse une trace indélébile. Plus on possède d'appareils intelligents, plus ils collectent de donnés sur vous. Et les corporations sont prêtes à payer pour les récupérer car plus elles en savent sur un consommateur, plus elles peuvent lui vendre facilement et efficacement des marchandises et des services.
La qualité des informations évolue avec le temps: il ne s'agit plus seulement de bases de noms ou d'autres critères strictement définis telles que le sexe, l'âge ou les revenus. La nouvelle économie exige une analyse rapide de flux énormes d'informations en temps réel. Cela concerne tout d'abord les photos et les vidéos générées par l'armée colossale des utilisateurs des réseaux sociaux.
Ainsi, Facebook et Google utilisaient d'abord les données d'utilisateur pour mieux cibler leurs publicités. Ces dernières années, ces entreprises ont compris que de telles informations pouvaient aussi s'avérer utiles pour la création de certains services cognitifs basés sur l'intelligence artificielle, dont certains pourraient constituer de nouvelles sources de revenus.
Il s'agit notamment de l'identification visuelle et de l'estimation de la personnalité d'une personne sur la base de ce qu'elle écrit. Toutes ces informations peuvent être vendues à d'autres sociétés qui s'en servent ensuite à leurs propres fins.
Mais, pour le moment, les gens partagent facilement leurs données personnelles en échange de services «gratuits» sur internet.
Quoi qu'il en soit, tout le monde n'est pas d'accord avec cet état de fait. Car si les données sont le «nouveau pétrole», elles devaient logiquement constituer une nouvelle source de revenus pour leurs propriétaires.
L'expérience pétrolière pourrait être un bon exemple. En 1976, les électeurs de l'Alaska ont adopté un amendement constitutionnel visant à créer un fonds d'investissement permanent financé grâce aux revenus de l'extraction de pétrole. Quelques années plus tard, ce fonds, qui avait accumulé des sommes importantes pendant le boom pétrolier, a commencé de payer les dividendes aux habitants enregistrés de l'État.
«C'est comme ça que doivent agir Google et Facebook, assis sur une montagne de données d'utilisateur gratuites qu'ils revendent ensuite aux annonceurs. En créant des fonds permanents de ce genre, ces entreprises apporteraient leur contribution sociale et permettraient à tout le monde de bénéficier de la ressource précieuse et créée collectivement que sont les données», estime John Thornhill, observateur du Financial Times.
Dans ce cas-là, les utilisateurs des réseaux sociaux pourraient partager les photos de chatons tout en sachant que chaque clic leur rapporte de l'argent.