En Chine, les robots mettent banquiers et spéculateurs au chômage

© AFP 2024 Philippe LopezLa bourse de Hong Kong a fermé sa salle de marchés aux courtiers
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La bourse de Hong Kong a fermé sa salle de marchés aux courtiers qui y travaillaient depuis 32 ans, et pour cause: les transactions électroniques sont bien plus pratiques et permettent d'économiser beaucoup d'argent.

La numérisation et la robotisation suppriment de plus en plus d'emplois dans le monde de la finance, encore considéré il y a quelques années comme le secteur le plus prestigieux et le mieux payé. De toute évidence, ce processus est irréversible. Selon Lenta.ru.

Pas de place pour les humains

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La direction de la bourse de Hong Kong a annoncé aux compagnies de courtage qui y travaillaient que la salle de marchés allait être fermée et réaménagée en hall de présentation. A partir d'octobre, toutes les transactions seront réalisées uniquement à distance sous forme électronique.

Cette décision était attendue depuis longtemps. Après l'ouverture de la bourse en 1985, jusqu'à 500 courtiers remplissaient chaque jour la salle de marchés. Ils ne sont plus que 30 aujourd'hui. Au lieu du brouhaha habituel, un silence rarement interrompu s'est installé dans les lieux. En 2006 déjà, la salle a été réduite de deux tiers. Chaque année, les compagnies de courtage sont de moins en moins nombreuses à envoyer leurs représentants dans l'enceinte de la bourse. Les transactions électroniques sont bien plus commodes à leurs yeux.

Les courtiers qui se souviennent encore de la naissance de la bourse et qui ont personnellement participé aux premiers échanges prennent cette décision avec tristesse et compréhension. En fin de compte, cela les dispense de payer un loyer plutôt élevé à un bureau de courtage.

Jeux de mains

La bourse de Hong Kong est la deuxième place financière mondiale en termes d'opérations et la première sur le marché financier d'Asie orientale en pleine expansion. De nombreux concurrents à Tokyo, à Francfort et ailleurs ont déjà fermé leurs salles de marchés depuis longtemps. Cependant, le passage intégral à une plateforme électronique est plus facile pour les places relativement réduites, tandis que les anciennes grandes bourses s'y opposent: les traditions y sont bien trop ancrées.

La bourse de New York — la plus grande du monde — en est le meilleur exemple. L'automatisation suit son cours mais tous les jours, le bâtiment de Wall Street, comme il y a 200 ans, se remplit de courtiers qui crient et gesticulent dans tous les sens. La bourse est un trait culturel particulier en Amérique, le symbole du mode de vie américain. Ils ne souhaitent donc pas tellement y renoncer.

Les partisans de la bourse «au visage humain» ont plusieurs arguments pratiques. Cela pourrait paraître étrange, mais les courtiers ne commettent pas bien plus d'erreurs techniques que les ordinateurs — la spécificité de ce travail fait que seuls les plus rapides arrivent dans la salle de marchés. Autre plus: les humains ne peuvent pas être attaqués par des hackers. Enfin, les courtiers utilisent également des compétences en physiognomonie, de la même manière que les joueurs de poker regardent le visage de leurs adversaires aussi attentivement que leurs propres cartes.

Le Skynet de Wall Street

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En réalité, le secteur financier pourvoit de moins en moins d'emplois aux USA également. En 2000, 600 courtiers travaillaient dans le département de courtage de la plus grande banque d'investissement, Goldman Sachs. Il n'en reste plus que deux. Les courtiers ont été remplacés par des algorithmes complexes et certains d'entre eux revendiquent le statut d'intelligence artificielle (logiciel autodidacte).

Bien évidemment, en renvoyant les courtiers Goldman Sachs a fait appel à d'autres collaborateurs — ingénieurs et informaticiens. Mais au final le nombre de postes a été divisé par trois. Et, bien sûr, c'est très rentable.

Premièrement, le salaire du personnel technique est généralement moins élevé. Deuxièmement, ils prennent bien moins de place — et le loyer des bureaux n'est pas le dernier poste de dépenses d'une grande banque d'investissement.

La banque compte étendre son programme d'automatisation à d'autres secteurs d'activité. Les réductions pourraient ainsi viser les départements du commerce de changes et d'investissement. Actuellement, près de 9.000 employés de Goldman Sachs — un tiers du personnel — sont des informaticiens. Pendant ce temps, les algorithmes et les robots accomplissent de plus en plus le travail qui revenait, jusque là, à l'homme.

Certaines sphères d'activité liées aux relations humaines, par exemple, avec de grands clients, doivent préserver leur aspect humain. Dans le même temps, dans le secteur de l'introduction en bourse (IPO), les stratèges de la banque ont mis au point une succession de 146 étapes dont certaines doivent être obligatoirement automatisées.

Coup dur pour les riches

En Russie, le principal partisan et prédicateur de l'automatisation imminente du secteur financier est Guerman Gref, président de Sberbank. En particulier, il a prédit l'an dernier que d'ici 3 à 5 ans le système bancaire traditionnel serait entièrement brisé à cause de l'automatisation et de l'introduction des technologies de blockchain (chaîne de blocs). Les banques qui travaillent «à l'ancienne» devront quitter le marché.

Guerman Gref ne parle pas seulement d'automatisation: il y contribue activement. En janvier dernier, la plus grande banque de Russie a annoncé la suppression d'environ 3.000 postes pour les remplacer par des systèmes informatiques. Fin 2016 a été lancé un avocat-robot qui rédige lui-même les mises en demeure aux particuliers.

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Au total, Sberbank a l'intention de réduire ses effectifs de 8% en passant au système de banque en ligne. A la place, il est prévu d'embaucher seulement 200 analystes chargés d'une nouvelle activité pour l'organisation financière: l'analyse des données des clients.

Cet optimisme technologique se ressent également dans les rapports du principal régulateur financier russe — la Banque centrale de Russie. Cette dernière estime que la moitié des bureaux de banque à travers le monde fermeront d'ici 10 ans et que leur personnel perdra son travail à cause de l'introduction des nouvelles technologies. Il ne s'agit pas seulement d'idées novatrices comme le blockchain ou l'intelligence artificielle, mais également d'un «développement de rattrapage», c'est-à-dire du transfert du travail vers internet.

La révolution de l'internet dans les années 1990, qui a transféré la production dans les pays du Tiers monde, a infligé un immense préjudice à la classe moyenne aux USA et en Europe occidentale — la demande en ouvriers qualifiés s'est significativement réduite. Le problème a été partiellement réglé grâce à l'augmentation de la demande dans le secteur des services, y compris financiers. Les nouvelles innovations technologiques pourraient frapper encore plus fort la classe moyenne. Les ordinateurs et les robots ne reçoivent pas de salaire et permettent aux producteurs et aux fournisseurs de faire des économies considérables — mais qui consommera les produits fabriqués par des robots et avec quel argent pourra-t-on les acheter? Même les meilleurs économistes du monde n'ont pas encore trouvé la réponse à cette question.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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