«Ces livraisons sont un pas sérieux vers l'intégration au marché mondial dans le transport du gaz européen. La compagnie SCF est un acteur sérieux sur l'échiquier international, a raconté au correspondant de Sputnik Pologne Danila Botchkarev, expert de l'EastWest Institute à Bruxelles. La compagnie a 128 pétroliers et 13 méthaniers, y compris le «Christophe de Margerie». Leur part est de 3.5 — 4% de la flotte mondiale des méthaniers. L'indice n'est pas très important, mais la part de la Russie, débutante dans ce business, augmente ».
Les compagnies russes ne se contentent pas du rôle de transporteur. Ainsi, Gazprom a un projet de production du GNL à Sakhaline et entend construire encore une usine dans la Baltique.
«Dans le nouveau contexte, la Route maritime du Nord offre de nouvelles possibilités de transporter les cargaisons d'Europe en Asie en réduisant de 40% le temps de trajet: ainsi, le méthanier «Christophe de Margerie» mettra 15 jours à franchir l'itinéraire. Dès cette année, Yamal GNL engagera le transport du gaz liquéfié par la Route maritime du Nord et son fonctionnement sans accrocs est très important pour la mise en œuvre du projet: ce sera d'ici 2019 la plus grande usine de gaz naturel liquéfié», affirme l'expert. Selon lui, les projets de Gazprom de construction de gazoducs magistraux, en particulier Nord Stream, et le développement de l'infrastructure pour la production et le transport du GNL n'entrent pas en contradiction.
«À l'échelle globale, le GNL et le gaz des pipelines se complètent plutôt que d'être en concurrence, poursuit l'expert. Il est beaucoup plus avantageux de livrer à certains marchés le gaz naturel liquéfié. Par exemple, à la Corée du Sud, qui n'a pas de gazoducs qui la relieraient aux fournisseurs et ne reçoit que du GNL. Qui plus est, les prix moyens du gaz en Asie sont plus élevés, et c'est pour cette raison que la plupart des livraisons de GNL sont destinées à la région Asie-Pacifique.
Il n'est pas exclu que les méthaniers russes poursuivent la coopération avec les pays de l'UE. Le consortium pétrolier norvégien Statoil procède, conjointement avec les compagnies russes, à la prospection dans les mers de Barents et d'Okhotsk et dans la Région polaire. Le consortium russe Rosneft a, quant à lui, le droit de participer aux projets pétroliers et gaziers norvégiens dans la mer du Nord et dans la partie norvégienne de la mer de Barents, écrit Deutsche Wirtschafts Nachrichten. Statoil ne déclinera-t-il pas la coopération avec les entreprises russes dans le contexte de la nouvelle loi signée par le Président américain supposant les sanctions à l'égard de la Russie?, se demande le journal.
«Les sanctions ne concernent pas les livraisons, résume l'expert, elles peuvent entraver la privatisation de la compagnie Sovcomflot en la rendant moins attrayante pour les investisseurs aux bourses internationales».