Dans un rapport de la Cellule de Traitement des Informations Financières (CTIF), un dispositif belge de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, il apparait que les attentats de Paris et Bruxelles, ont été financés en grande partie par des sources licites telles que des salaires, des micro-crédits ou encore des allocations sociales. Malgré la revendication des attentats par Daech, ce groupe terroriste n'a apporté qu'un soutien financier relativement faible pour la préparation de ces attaques. Face à ces sources de financement autonome, comment les services de renseignement peuvent-ils réagir?
«Aujourd'hui, nous sommes sur du micro-financement du terrorisme. Le rapport du CTIF le précise bien, ils n'ont pas de déclarations de soupçons sur du macro-financement, c'est-à-dire des sommes importantes d'argent qui arriveraient du Qatar, du Yémen ou de Turquie pour financer les terroristes en France.»
Ce micro financement du terrorisme proviendrait de sources de revenus licites (salaires, crédits et allocations sociales) et leur permettraient de passer à l'acte. Cependant, il ne faut pas oublier qu'une autre partie de l'argent utilisée pour ces actes terroristes est directement liée aux activités illégales comme le trafic de drogue, le vol ou le recel.
«On observe bien que les individus sont souvent inscrits, si ce n'est en totalité, auprès des pouvoirs publics pour bénéficier des allocations sociales. Mais celles-ci en réalité les aident à vivre au quotidien. Et à côté de ça, il y a des petits crimes, des larcins ou du financement extérieur qui leur arrive par les réseaux liés à ce que l'on appelle la Zakât ou la Hawala dans le monde arabe.»
Et de nuancer,
Pour Eric Denécé, une des particularités de ce terrorisme d'initiative personnel, c'est le faible coût qu'il représente.
«Nous savons depuis septembre 2001 que les attentats ne coutent pas cher. Selon les estimations, certains disaient que les attentats du 11 septembre ont couté entre 175.000 et 373.000 dollars. Ce sont des sommes extrêmement faibles quand on sait qu'un trafiquant de drogue, qui est tête de réseau, peut récupérer des sommes bien plus importantes chaque mois. C'est donc quasiment impossible de lutter contre ce micro financement et contre des individus qui sont déterminés à passer l'action voire à se sacrifier à l'occasion de l'acte terroriste.»
Cependant, malgré la difficulté à tracer les mouvements de capitaux, les individus restent sous étroite surveillance.
«A chaque fois qu'il y a un attentat en France, dans les heures qui suivent, on retrouve la totalité du pédigrée de la personne parce qu'elle était déjà fichée et surveillée pour des questions de radicalisme ou de terrorisme.»