Tout de suite après leur entrée dans la ville, les hommes de Daech ont interdit les mannequins, jugeant qu'ils étaient très séduisants et, en conséquence, pouvaient pousser les jeunes hommes à la tentation, témoigne à Sputnik Sora al-Aga, jeune habitante de la ville de Mossoul.
«L'interdiction a frappé une série de vêtements pour homme et pour femme. Des vêtements ouverts, des jupes assez courtes, des T-shirts imprimés, dont ceux pour enfant ont vite disparu des magasins. Daech disait que ces vêtements étaient ceux des infidèles», explique la jeune femme.
En outre, les robes de mariée et celles de soirée ne pouvaient plus être exposées dans les vitrines sans être accompagnées d'un tissu en satin blanc qui dissimulait la figure. Les gants blancs complétaient la toilette.
«Daech voulait qu'on s'habille à l'afghane. Vous rigolez, et pourtant s'ils étaient restés ici encore un an, on aurait porté des couvertures bleues avec un trou spécial pour les yeux. Et tous les hommes auraient porté des pantalons courts», confie-t-elle.
Elle précise que la vie économique a complètement cessé au cours des trois dernières années. Avant la guerre, les marchandises affluaient vers Mossoul depuis le Liban, la Syrie, la Turquie, mais aussi d'Italie et de France.
«Mais avec l'arrivée de Daech, beaucoup de grands marchands sont partis pour Erbil, fuyant les perquisitions. Les magasins qui fonctionnaient encore étaient déficitaires, car les gens évitaient de sortir et ont pratiquement cessé de s'acheter des vêtements», ajoute-elle.
Les terroristes ont ouvert des magasins de vêtements où travaillaient des femmes membres de Daech vêtues en noir. Les citadins les méprisaient surnommant leur tenue «blouse de corbeau» ou «sac à ordures». Les habitantes de Mossoul n'aimaient pas les articles proposés dans ces commerces pour leurs couleurs ternes et la mauvaise qualité des tissus. Celles qui voulaient et pouvaient se permettre de s'habiller bien s'achetaient des vêtements en payant trois fois plus cher dans les rares magasins qui restaient. Une chemise y coûtait près de 170 dollars, explique l'interlocutrice de Spuntik.
Aujourd'hui, la vie commerçante est de retour à Mossoul et les habitants de cette ville martyrisée par les terroristes espèrent pour le mieux.