Pour l'auteur de cette initiative, Peter Boehringer, la question ne se limite pas au rapatriement de ce métal. «Nous ne voulons pas faire revenir nos réserves d'or, mais pour la première fois les entreposer sur le territoire allemand», explique-t-il.
L'or allemand est confié à un système financier atteint d'un cancer
«Ce métal noble est la garantie de la Banque centrale, c'est la raison pour laquelle j'ai signé cette initiative», explique pour sa part Folker Hellmeyer, économiste en chef de la Landesbank de Brême. L'or est la valeur la plus résistante aux effets de la crise, estime-t-il. «Lorsque l'or m'est nécessaire, soit pendant la crise, il affiche son pouvoir d'achat réel. Pour cela, si nous regardons l'histoire, les banques centrales ne s'en dessaisissaient jamais».
Dès 2001, l'expert mettait en garde contre une crise sur le marché de l'or: «Alors, je disais que le prix de l'or serait de quatre chiffres car le système financier occidental est atteint d'un cancer. Il est centré sur les États-Unis. Et puisque la République fédérale d'Allemagne, avec ses quelque 3.300 tonnes, possède la deuxième réserve d'or au monde, il est important que l'État effectue un contrôle physique sur cet or dans ses frontières au lieu de le confier à des parties tierces».
L'expert Dimitri Speck trouve pour sa part que l'emplacement des réserves allemandes est une composante d'«un marché de l'or opaque»: «Depuis août 1993, le grandes banques centrales ont manipulé les cours de l'or pour baisser des anticipations d'inflation. […] Ceci a conduit à l'avenir à la formation d'une bulle financière», ce qui prouve encore une fois que l'or est une réserve idéale qui doit être stockée à l'intérieur des frontières nationales.
Inaction de la Bundesbank?
Comme le pointe M.Hellmeyer, lorsque l'initiative «Rapatriez notre or» a vu le jour, la Bundesbank a préféré garder une attitude expectante et répondait avec son «silence hautain» à toutes les discussions sur la nécessité de rapatrier les réserves.
Et si dans sa réponse à la requête de Sputnik, le service de presse de la Banque fédérale d'Allemagne évoque le retour de 216 tonnes d'or allemand depuis les États-Unis et la France en 2016, le qualifiant d'«accomplissement réussi», Peter Boehringer s'indigne, rappelant que la moitié de l'or allemand reste encore à l'étranger et la banque évoque un «succès».
Et si les coffres de banques étaient vides?
Comme le pointe M.Boehringer, sa campagne est soutenue par des économistes de renom et des personnalités célèbres, si bien que personne n'a jamais pu leur coller sur le dos l'étiquette d'amateurs des théories du complot.
«Nous nous sommes toujours basés sur les faits. Comme, par exemple, la Réserve fédérale des États-Unis n'a pas d'audit clair, nous ne pouvons ni le prouver, ni réfuter. Cette non-transparence est toujours sujette à des critiques de la part des experts indépendants», estime-t-il.
Walter Eichelburg, expert en finances autrichien, n'exclut pas que les coffres où l'or allemand était conservé sont déjà vides.
«Au cours des 20 dernières années, les banques centrales ont jeté sur le marché toutes leurs réserves d'or pour réduire le prix du marché», estime-t-il. «Les coffres sont vides», ajoute l'expert pour qui le monde connaîtrait prochainement un effondrement financier majeur qui touchera aussi bien les systèmes monétaires que les marchés des métaux précieux et les États-nations.