Le gouvernement possédait jusqu'à présent 33,33% des actions. Cette détention était assortie d'un droit de préemption courant jusqu'au samedi 29 juillet. C'est ce droit que le gouvernement a décidé de faire jouer, à la suite de l'échec des négociations avec l'entreprise italienne, Fincantieri qui devait reprendre une partie du capital.
Le cas STX et le conflit Franco-Italien
C'est donc une décision importante. Mais il convient de la relativiser. Cette décision n'implique une dépense que de 80 millions d'euros. Dans le même temps, le gouvernement de M. Philippe se prépare à privatiser la société Aéroports de Paris, pour un montant estimé entre 2,7 et 7 milliards d'euros suivant les formules de privatisation. Or, ces aéroports (Charles de Gaulle et Orly) peuvent être considérés comme tout autant stratégiques que les chantiers STX. On voit ici que le concept d'entreprise « stratégique » peut avoir de multiples sens pour le gouvernement.
Par ailleurs, le gouvernement français annonce sa décision de reprendre les négociations avec la partie italienne pour aboutir à une sorte d'Airbus de la mer, et donc ne ferme pas la porte à un accord avec l'Italie. Mais, il n'est pas dit que l'analogie avec Airbus soit ici réellement pertinente.
Les contradictions du gouvernement
En fait, l'attitude du gouvernement français souligne cependant les contradictions du discours et de la politique de M. Emmanuel Macron. Il apparaît ainsi sans ligne directrice, disant une chose et en appliquant une autre.
Rappelons aussi que cette décision met en scène la souveraineté de la France, alors même que le Président ne cesse de chanter les louanges d'une Europe plus intégrée, ce qui passerait par de nouveaux abandons de souveraineté. On voit bien qu'il y a une dimension de communication, et même de propagande, dans cette décision. Et l'on peut voir se manifester ici une nouvelle fois la contradiction qui avait été celle de François Hollande quand il avait décrété l'état d'urgence en novembre 2015. Qu'il s'agisse de François Hollande ou d'Emmanuel Macron, nous sommes en présence de Présidents qui affirment leur volonté d'aller plus loin dans l'intégration européenne mais qui, face à une crise, réagissent dans le sens d'une réaffirmation de la souveraineté française. La contradiction est ici irrémédiable.
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