Cette expérience unique propulsera le satellite bien plus haut que l'orbite de la Station spatiale internationale (ISS) et permettra d'étudier l'impact du milieu spatial sur les organismes vivants. Le service de presse de l'Institut des problèmes médico-biologiques affilié à l'Académie des sciences de Russie a confirmé que des scientifiques américains avaient été invités à participer au projet. Selon le site de la chaîne RT.
Des souris dans l'espace
«L'objectif de cet appel d'offres consiste à attirer des propositions sur le déroulement en vol des expériences compatibles avec le programme de recherche expérimental de l'Institut des problèmes médico-biologiques impliquant l'utilisation de souris vivantes, de cultures cellulaires, d'animaux invertébrés, de plantes, d'algues et de micro-organismes», annonce le document.
La NASA souhaite participer aux recherches liées à l'étude des impacts éventuels des conditions extraterrestres sur les organismes vivants afin d'en savoir plus sur les risques pour l'homme dans l'espace, indique le texte de l'appel d'offres.
«Les résultats des recherches doivent être liés aux tâches scientifiques du programme de la NASA dans le domaine de la biologie spatiale et servir à l'élargissement des connaissances fondamentales utiles pour les recherches spatiales avec la participation de l'homme. Les résultats des recherches doivent être publiés à l'issue du vol», poursuit le document.
Les chercheurs qui seront sélectionnés devront tenir compte du programme de recherche expérimental russe et ne pas lui faire entrave.
«Les études dans le cadre du programme de recherche américain doivent inclure l'utilisation des méthodes de biologie systémique pour l'étude des mécanismes physiologiques, biochimiques, cellulaires et moléculaires», indique également le document. Le montant de l'appel d'offres n'est pas encore connu.
«Nous avons l'intention de coopérer avec les Américains sur le programme Bion. Ils ont lancé un appel d'offres et nous attendons de leur part un programme de recherche et des participants», a déclaré le service de presse.
«Il reste encore du temps, ce n'est que le début. Le lancement du satellite a été reporté pour procéder à l'atterrissage du vaisseau en saison chaude — sinon les animaux mourront avant que nous puissions les récupérer», précise-t-on à l'Institut.
Le service de presse ajoute qu'hormis le programme Bion, des projets russo-américains conjoints travaillent déjà ensemble sur l'ISS.
«En dépit de tous les événements sur Terre, malgré les sanctions et le refroidissement des relations, la coopération entre la Russie et les USA continue dans l'espace, y compris dans le cadre des expériences médico-biologiques. On réalise un large programme de coopération sur l'ISS et il existe un accord sur l'organisation d'expériences terrestres conjointes», a déclaré l'académicien Alexandre Jelezniakov de l'Académie russe d'astronautique.
Pour lui, le lancement de Bion-M2 s'inscrit dans la continuité de toutes les élaborations antérieures, «même s'il est encore trop tôt pour déterminer concrètement quelles expériences proposeront les Américains».
Deux fois plus haut que l'ISS
Le lancement du satellite russe Bion-M2 est prévu pour le printemps 2022. La principale particularité de la future mission réside dans l'altitude de vol du satellite — 800 km, soit le double de l'orbite de l'ISS. Bion-M2 sera habité par des souris et des mouches.
«A l'exception des expéditions d'astronautes américains sur la Lune, aucune entité biologique n'a encore volé aussi haut», a déclaré le service de presse du centre spatial Progress de Samara.
Le premier appareil de ce type, appelé Kosmos-605, avait été lancé en 1973.
Des motivations politiques
En 2014, la NASA avait suspendu sa coopération avec la Russie à cause de la situation en Ukraine. A titre d'exception, la Russie et les USA ont poursuivi leur travail sur l'ISS.
«Il faut choisir entre financer à part entière des projets pour la reprise des lancements spatiaux aux USA ou continuer d'envoyer des millions de dollars aux Russes», avait-on alors souligné à la NASA.
En mars 2017, le Congrès américain a soutenu la loi fixant la stratégie de développement de la NASA pour les cinq prochaines années. Les congressistes ont appelé l'agence spatiale à mettre un terme à la dépendance envers Roscosmos en matière de transport. Dès l'an prochain, selon la volonté des congressistes américains, les astronautes devront être envoyés dans l'espace depuis le territoire américain.
En 2014, la NASA a signé des contrats pour la conception de nouveaux vaisseaux habités avec Boeing pour 4,2 milliards de dollars et SpaceX pour 2,6 milliards de dollars.
En mai 2016, Roscosmos a annoncé qu'il ne comptait pas signer de nouveaux contrats avec la NASA pour transporter les astronautes sur l'ISS après 2018.
«Nous travaillons avec nos partenaires dans le cadre des contrats en vigueur, nous ne prévoyons pas de signer de nouveaux contrats», avait déclaré le vice-président de Roscosmos Sergueï Saveliev.
Cependant, en dépit des difficultés dans les relations russo-américaines, la coopération dans l'étude et la conquête de l'espace ne cesse pas.
En juin 2017, pendant la conférence internationale sur l'exploration de l'espace GLEX 2017, l'experte de la NASA pour les recherches et les opérations spatiales Kathleen Lourini a exprimé l'espoir que la coopération russo-américaine se poursuive.
RT n'a pas réussi à obtenir de commentaires de la NASA ou de Roscosmos à ce sujet.
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