Zamir Kaboulov souligne que la situation actuelle en Afghanistan devrait être redressée «par ceux qui en sont responsables: les USA et le gouvernement de Kaboul». De son côté, Moscou fait tout pour maintenir la stabilité en Asie centrale et empêcher les extrémistes d'approcher des frontières russes.
«La campagne américaine en Afghanistan a échoué, tout simplement. Les chiffres du rapport de l'Onu le montrent clairement. La situation se dégrade et continuera de s'aggraver parce que les États-Unis ne veulent pas changer foncièrement d'approche et de stratégie. Manifestement, quelque chose de très terrible doit se produire pour que Washington prenne conscience du fait que sa façon de faire ne fonctionne pas. Les Américains ont annoncé l'élaboration d'une nouvelle stratégie en Afghanistan, mais elle n'a toujours pas été présentée. Je pense qu'au final nous verrons une montagne accoucher d'une souris: la même politique inefficace mais dans un nouvel emballage», constate Zamir Kaboulov.
D'après le diplomate, afin d'éviter une sérieuse déstabilisation dans la région Moscou coopère activement avec le gouvernement afghan en lui fournissant une aide militaro-technique et humanitaire, ainsi qu'en entraînant les militaires et les policiers.
«La situation pourrait dégénérer. Nous devons penser à nous. Une grande crise pourrait éclater et la Russie n'en a certainement pas besoin. L'Afghanistan pourrait devenir un incubateur mondial de terrorisme international. En fait, il l'est déjà un peu. Moscou en est conscient, suit de près la situation et est préparé si la région plongeait dans l'instabilité», souligne Zamir Kaboulov.
La conclusion du représentant du président russe sur l'échec de la politique américaine en Afghanistan est confirmée par les données de l'Onu: la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA) souligne dans un rapport que depuis début 2017 seulement, 5.243 personnes ont été blessées et tuées. C'est pratiquement le même nombre de victimes (5.267) que pour toute l'année 2016. Entre janvier et juillet 2017, les terroristes ont fait pratiquement autant de victimes que pour les années 2009 et 2010 réunies.
Rappelons que l'un des plus grands attentats de l'histoire de l'Afghanistan s'est produit en 2017: le 31 mai, près de 100 personnes ont été tuées et 500 ont été blessées dans le quartier diplomatique de Kaboul.
L'ex-conseiller du représentant spécial du département d'État pour l'Afghanistan et le Pakistan Barnett Rubin, chercheur à l'université de New York, a déclaré que les mesures entreprises par toutes les parties du conflit afghan étaient insuffisantes pour faire cesser la violence.
«En règle générale, tous les belligérants cherchent à éviter les victimes civiles, y compris les talibans qui viennent d'émettre un communiqué à ce sujet. Cependant, cela ne suffit manifestement pas pour faire cesser les hostilités dans le pays», déplore l'expert.
L'étude de l'Onu a également constaté une augmentation du nombre de tués par des bombes artisanales. Les talibans et l'État islamique (organisation terroriste interdite en Russie) utilisent activement des kamikazes. De plus, le nombre d'enfants touchés a augmenté. Sachant que les talibans recrutent de plus en plus souvent des mineurs pour commettre des attentats.
Le conflit en Afghanistan dure depuis 2001. Le contingent des USA et de l'Otan a été envoyé dans le pays pour combattre les terroristes. La situation, déjà très grave, se détériore encore davantage ces derniers mois. Les radicaux contrôlent actuellement près de 40% du territoire afghan.