«La Russie travaille tous azimuts à la conception d'aéronefs convertibles militaires et de drones lourds petits, moyens et grands», a déclaré samedi le général Viktor Bondarev, commandant des Forces aérospatiales russes. Selon lui, dans le futur les drones seront incorporés à un système de contrôle commun et agiront en «meute». «La mise en place d'un tel système réseaucentrique permettra de réduire significativement le coût de préparation des opérateurs de drones», précise-t-il.
«Le domaine des drones se développe. Il reste plus cher de former un pilote que d'installer sur un avion un bon pilote automatique. Aujourd'hui un opérateur peut contrôler un ou deux drones et avec le temps, avec le développement de la composante terrestre, il pourra gérer cinq, voire dix appareils, ce qui sera encore moins onéreux», a déclaré le général.
Dans le programme public d'armement pour 2018-2025, le ministère de la Défense s'est fixé comme priorité la mise en service de drones de reconnaissance et d'attaque.
Igor Korottchenko, rédacteur en chef du magazine Défense nationale, souligne que la conception d'avions convertibles «ne fait que commencer». En revanche, le progrès en matière de drones est bien plus notable et «se déroule pratiquement tous azimuts en exploitation: dans l'usage militaire du parc existant de drones et la construction de versions d'attaque.»
L'expert souligne que les seuls leaders dans la construction d'avions convertibles au niveau mondial sont actuellement les USA, qui fabriquent en série l'avion hybride Bell V-22 Osprey. Israël, l'un des plus importants fabricants de drones dans le monde, ne peut pas se vanter de telles avancées.
«Tous les partenaires des USA peuvent acheter des avions convertibles américains. Les Américains ont passé des décennies de développement avant de lancer leur production en série et leur exploitation. On ignore quand la Russie disposera de ses propres avions hybrides. Ce n'est que le début des travaux avec des perspectives encore floues. Il est trop tôt pour en parler aujourd'hui concrètement», explique Igor Korottchenko.
Dans le même temps, l'expert est certain que le développement des drones n'entraînera pas de diminution du nombre de pilotes militaires. «L'aviation militaire pilotée remplira ses missions, tandis que les drones rempliront les leurs. Aucun changement ne se produira pendant au moins 50 ans. L'un complétera l'autre», conclut Igor Korottchenko.
Selon les militaires, il est avant tout prévu d'utiliser les avions convertibles pour l'armée de terre en tant que moyen d'attaque et de débarquement des troupes et d'approvisionnement. Dans la marine, les aéronefs hybrides seront également embarqués sur les navires de guerre. Ces appareils seront également sollicités à des fins civiles. Ces nouveautés intéressent les compagnies du secteur pétrolier et gazier et différents services publics. Un drone hybride pourrait notamment servir à surveiller et à protéger l'environnement dans les régions dépourvues de piste d'atterrissage.
Cette semaine, le holding Hélicoptères de Russie a annoncé que la production du nouvel aéronef hybride VRT300 serait lancée l'an prochain. La maquette en taille réelle a été présentée pour la première fois pendant le salon MAKS. Le drone est construit selon un schéma coaxial, affiche une masse de décollage maximale de 300 kg, est propulsé par un moteur diesel et d'après ses développeurs il est capable de voler pendant 5 heures jusqu'à 180 km/h. Son rayon d'action s'élève à 100-150 km.
Le drone peut embarquer jusqu'à 70 kg de charge utile. Il dispose notamment d'un système optique électronique de surveillance sur un axe gyrostabilisant. Le drone est également capable d'embarquer des équipements spéciaux dans un conteneur sous son fuselage. Ce «jouet» peut servir à diagnostiquer les lignes à haute tension et pour la cartographie.
Actuellement, l'appareil hybride est testé dans différents régimes de vol avec des éléments de charge utile et dans différentes conditions météorologiques. Son premier vol a été rapporté en février 2016.
En automne 2015 a été annoncé le projet de tester avant la fin de l'année le drone convertible Granat 5 de la compagnie Ijmach — Systèmes sans pilote pour les unités spéciales de la marine. Il était prévu de proposer de mettre en service le Granat 5 dans les forces armées en été 2016. Ces plans n'ont plus été évoqués par la suite.
Cependant, en avril 2016, l'Institut de recherche sur les problèmes appliqués a entamé les essais du drone hybride Konvert 8 pour la reconnaissance du territoire avec la possibilité de projeter des moyens techniques de taille réduite dans les zones difficiles d'accès. Sa masse de décollage maximale s'élève à 8 kg. Les développeurs ont conçu des ailes en tandem, ce qui assure une grande capacité de charge, et l'ont doté de quatre hélices pivotantes avec des moteurs électriques. L'envergure d'aile de l'appareil est de 1,6 m. En une heure, de vol l'avion peut porter jusqu'à 1,2 kg de charge utile.
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