Alors que la tension autour du Qatar commence à légèrement s'apaiser, elle bondit d'un cran entre deux autres pays du Golfe, impliquant ainsi l'Iran et le Koweït, qui avait annoncé le 20 juillet la fermeture de certaines missions diplomatiques et l'expulsion d'une quinzaine de diplomates iraniens. Pour les politologues iraniens interviewés par les journalistes de Sputnik, ce scandale diplomatique pourrait résulter de la pression exercée par l'Arabie saoudite ou encore les États-Unis sur les autorités koweitiennes.
«Cette démarche de la part du Koweït est dénuée de tout fondement. Elle est uniquement dictée par la pression de l'Arabie saoudite, qui n'arrive pas à avaler le fait que les pays arabes du Golfe, comme par exemple le Koweït ou le Qatar, ont de bonnes relations avec l'Iran. Ainsi, l'Arabie saoudite fait pression sur les autorités koweitiennes et les médias du pays», estime l'observateur politique iranien, ex-conseiller du ministre iranien des Affaires étrangères Sabbah Zanganeh.
Par ailleurs, le spécialiste explique que le Koweït, qui a mené pendant un certain temps une politique extérieure «assez équilibrée et rationnelle», s'est retrouvé sous cette pression car l'Arabie saoudite n'apprécie pas sa position clé relativement à plusieurs questions, dont celle du règlement des relations avec le Qatar ou des négociations au sujet du Yémen.
«Le Qatar a été la première cible, puis ça a été le tour du Koweït […] mais à la différence du Qatar, le Koweït n'est pas aussi indépendant», a-t-il conclu.
Ce même avis est partagé par un autre politologue iranien, ancien rédacteur en chef de l'agence d'information MehrNews, Hassan Hanizade. Sauf que pour sa part, ce n'est pas uniquement l'Arabie saoudite qui se trouve derrière ce scandale diplomatique mais on pourrait également y apercevoir des traces de Washington.
«Ces actions du Koweït visant à affaiblir les relations diplomatiques avec l'Iran sont certainement orchestrées par l'Arabie saoudite et les États-Unis. Comme on le sait, lors de sa tournée à l'étranger, Donald Trump a eu une rencontre significative à Riyad avec les dirigeants de six pays du Golfe. M.Trump a alors exigé d'interrompre les relations avec l'Iran ou bien d'abaisser leur niveau. Le Qatar s'est trouvé être la première victime de ce refus de se soumettre», a-t-il expliqué.
Néanmoins, M.Hanizade considère que cette démarche ne sera coûteuse que pour le Koweït lui-même, sans affecter pour autant la situation économique de l'Iran. Toutefois, le réel danger réside, selon lui, dans l'escalade du conflit dans le Golfe.
«Il n'y a que le Koweït qui écopera de cette démarche. L'Iran est un État très fort qui survivra facilement à cette crise. Dans la politique extérieure iranienne, le Koweït ne joue pas le rôle principal. Donc, l'affaiblissement des relations diplomatiques ne nuira aucunement à l'Iran», a-t-il relaté.
Par ailleurs, le politologue rejette fermement toutes les accusations concernant l'espionnage organisé à l'initiative des autorités iraniennes.
«Le Koweit, ce n'est pas le pays qui fera dépenser à l'Iran de l'argent pour l'espionnage. Il ne possède ni centrales nucléaires, ni armée forte. Il n'est pas "la pépite" pour les services spéciaux iraniens. C'est pourquoi toutes ces accusations d'espionnage sont absurdes et irrationnelles. Ce scénario baptisé "Affaire Al-Abdali" a été prémédité bien d'avance par les forces américaines et saoudiennes. L'un de ces objectifs demeure la préparation du terrain pour la rupture des relations entre les membres du Conseil de coopération du Golfe et l'Iran», a-t-il conclu.
Le gouvernement du Koweït a pris cette décision après la condamnation par la Cour suprême koweïtienne du chef de la cellule terroriste Al-Abdali à la prison à vie et de 20 de ses membres à diverses peines de prison pour liens avec l'Iran et le Hezbollah chiite libanais, et pour avoir projeté de commettre des attentats au Koweït.