Dans son film, Cyrille Martin compare Jamal Zougam, un Marocain condamné pour les attentats du 11 mars 2004 à Madrid qui ont fait 191 morts, et Alfred Dreyfus, un Juif français condamné injustement pour haute trahison en France à la fin du XIXe siècle.
«Tout comme Dreyfus, Zougam a été choisi en tant que bouc émissaire rien qu'à cause de sa religion. Les deux sont devenus victimes des clichés racistes de leurs temps», a déclaré le réalisateur à Sputnik.
Et de rappeler qu'au XIXe siècle, les Juifs étaient considérés comme des traîtres en puissance et qu'aujourd'hui les musulmans faisaient les frais de ce genre de clichés, étant pour leur part considérés comme des terroristes en puissance.
Cyrille Martin a dit espérer que son documentaire permettrait d'apporter des éléments de réflexion afin d'alimenter les débats, à l'heure où l'islamophobie est de plus en plus instrumentalisée.
«Toute personne qui analysera les moments clés du procès de cette affaire constatera que les éléments à charge contre Zougam sont bien minces, voire inexistants. Par exemple ses empreintes, dont les médias avaient tant parlées, avaient été inventées. Les deux témoins qui affirmaient l'avoir vu dans les trains sont beaucoup trop tardifs: ils ont témoigné trois semaines et un an après les faits, et ne sont donc pas fiables», a poursuivi le Français, relevant que tout semblait indiquer que la décision du juge de le condamner répondait à la nécessité de fermer ce dossier, possiblement pour empêcher l'émergence de questions trop dérangeantes», a supposé l'interlocuteur de Sputnik.
La version officielle attribue à une organisation islamiste clandestine la responsabilité pour les explosions à Madrid, baptisées 11-M, mais M.Martin les lie à certaines forces étrangères.
Jamal Zougam a été condamné à 42,922 années de prison, alors que la peine maximale d'emprisonnement en Espagne n'est que de 30 ans. Aujourd'hui, il purge sa peine dans une prison pour les condamnés pour terrorisme qui ne se repentissent pas de leur crime.
L'affaire Dreyfus est une affaire d'espionnage de la fin du XIXe siècle, dans laquelle on avait fait «porter le chapeau» à un militaire français juif.