Pour Gilles Pinson, Professeur au Museum national d’Histoire naturelle et chercheur associé à l’Ined, les taux de croissance de la natalité africaine sont en effet un défi supplémentaire à son développement.
Néanmoins, des médias étrangers ont dénoncé la volonté d'ingérence et le néo-colonialisme des propos d'Emmanuel Macron. Les problèmes de l'Afrique se résoudront-ils avec la baisse de sa natalité? Nous avons interrogé Gaultier Bès, directeur-adjoint de la revue d'écologie intégrale Limite, dont le premier numéro était justement consacré aux questions démographiques, puisqu'il titrait en septembre 2015 «Décroissez et multipliez-vous». Pour Gaultier Bès, c'est avant tout, à nous, Occidentaux, de simplifier nos modes de vie au lieu de faire peser sur l'Afrique nos responsabilités.
«Mettre en cause la fécondité humaine dans les désastres écologiques que nous subissons, ou plutôt que nous faisons subir à nos conditions d'existence est d'une profonde malhonnêteté intellectuelle, puisque ceux qui sont responsables, les principaux coupables des désastres environnementaux et écologiques, ce ne sont pas les familles nombreuses, ce sont les modes d'organisation de consommation, de production, d'un système globalisé qui est à l'encontre de toute véritable économie, puisque c'est la dilapidation des ressources disponibles, la dilapidation systématique, la folie, la fuite en avant du toujours plus.»
Un système qu’Emmanuel Macron ne remet nullement en cause dans son intervention sur le développement du continent… justement peut-être parce qu’il reste dans cette logique de «développement économique», contre lequel s’emporte Gaultier Bès:
«Il est absolument inimaginable aujourd'hui de garder notre mode de consommation, de production, la mobilité humaine, la mobilité des capitaux, la mobilité des marchandises avec une population humaine à 10 milliards, 11 milliards… avec des pays complètement dépendant des grandes puissances comme le sont la plupart des pays africains. Bien sûr, c'est inconceivable, parce que nous avons déjà dépassé la plupart des limites objectives des écosystèmes et on voit bien qu'évidemment la question migratoire pose d'énormes difficultés pour l'instant largement insolubles et qu'évidemment, si l'Afrique reste dans une situation de dépendance vis-à-vis du Nord et de l'Europe en particulier, on ne saura comment y faire face. On continuera à vider l'Afrique et les pays africains de leurs forces vives et nous à créer d'énormes tensions.»
Le point contestable dans les propos d’Emmanuel Macron serait donc moins leur caractère «raciste» que le fait qu’ils ne répondent pas aux vrais enjeux de l’Afrique: