L'ONG Amnesty International a affirmé jeudi que sa directrice en Turquie, Idil Eser, avait été arrêtée la veille en compagnie de onze autres personnes, dans un hôtel de Buyukada, une île située au sud d'Istanbul. Ankara ne commente pas cette information, mais selon l'Association turque des droits de l'homme, les personnes interpellées seraient accusées de soutenir une organisation terroriste.
«C'est une violation grave. Nous sommes effrayés et abattus par cet événement. C'est parfaitement inadmissible. Nulle part ailleurs les militants des droits de l'homme ne sont autant persécutés, car ils sont sous la protection des Nations unies. Cela est régi par toute une série d'accords, signés y compris par la Turquie», a rappelé à Sputnik Sevim Salihoğlu, représentante de l'Association turque des droits de l'homme.
Selon l'interlocutrice de l'agence, une telle interpellation de militants des droits de l'homme et d'opposants au Président Recep Tayyip Erdogan et d'autant plus leur accusation d'espionnage de la part de la presse engagée est parfaitement inadmissible.
Quoi qu'il en soit, tous en Turquie ne sont pas de cet avis, loin s'en faut. Ainsi, Mehmet Metiner, député du Parti de la justice et du développement turc (AKP) au pouvoir, et membre de la commission parlementaire pour les droits de l'homme, a vivement critiqué l'action des ONG dont les représentants venaient d'être arrêtés.
«Nous ne pouvons pas ne pas réagir aux agissement d'un groupe d'individus qui prétendent être défenseurs des droits de l'homme ou journalistes, tout en accordant un soutien à des organisations terroristes faisant la guerre à la Turquie. Nous devons assurer notre sécurité nationale», a indiqué le parlementaire à Sputnik.
Un autre interlocuteur de l'agence, Aykut Diş, leader du mouvement des jeunes du Parti Vatan (Patie), a pour sa part relevé que les véritables objectifs des ONG se déclarant de défense des droits de l'homme se distinguaient souvent de ceux qu'elles proclamaient.
«On sait bien que de telles organisations coopèrent étroitement avec les services secrets occidentaux et peuvent […] en être des instruments», n'a pas exclu M.Diş.
La presse constate que pour le moment, les autorités turques ne commentent aucunement l'interpellation des membres d'Amnesty International et ne leur notifient pas non plus d'accusation.
Depuis le coup d'État avorté du 15 juillet 2016, les purges et les arrestations se poursuivent en Turquie.