L'administration suisse avait annoncé en 2016 qu'elle allait collaborer et aider la France dans sa bataille contre l'évasion fiscale. Néanmoins, la Confédération suisse veut désormais bloquer la transmission d'informations afin de protéger la banque suisse UBS, un de ses fleurons nationaux, visée pour démarchage illégal et blanchiment d'argent. Benoît Lallemand, secrétaire général de Finance Watch et expert des infrastructures de marché, confirme cette stratégie:
«C'est tout à fait une manœuvre de l'État Suisse pour protéger une de ses banques, exactement comme l'État français le ferait avec BNP Paribas ou la Société générale […] Les États membres jouent le rôle de protecteur, de défenseur de leurs champions nationaux.»
«La convention fiscale, comme son nom l'indique, c'est de la coopération en terme de transmission d'information au fisc français pour poursuivre éventuellement des contribuables français qui ont cherché à lui échapper. Les informations transférées doivent être restreintes au fisc et ne pas être transférées à la justice française. Ce qui serait un tout autre usage de l'information et dans la convention existante, il n'y a pas la garantie que la France ne transmettra pas les informations du fisc à la justice.»
«Maintenant en Europe, on a une compétition fiscale entre États. C'est une réalité. L'évasion fiscale est liée à cette compétition fiscale. Non seulement, on a une compétition fiscale entre États mais en plus on a un secteur financier, notamment un secteur bancaire qui joue un rôle clé dans cette évasion fiscale […]. Si la France devait s'attaquer au niveau pénal à UBS en lui imposant des pénalités pour son rôle de facilitation. Ça serait clairement une sorte d'attaque de compétitivité qui bénéficierait à ses propres champions. Donc si la France fait cela, ce n'est pas simplement parce que c'est une championne de la justice au niveau international, c'est parce que cela mettrait en difficulté et pénaliserait littéralement UBS et donc avantagerait ses propres banques et vice versa. Il ne faut pas être naïf.»