Compter jusqu'à 20: les défis du sommet du G20 à Hambourg

© REUTERS / Alexander ZemlianichenkoWladimir Putin und Angela Merkel in Sotschi
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Les dirigeants du G20 sont attendus vendredi 7 juillet à Hambourg, où ils s’entretiendront essentiellement à huis clos. A cette occasion se tiendra la première rencontre entre les présidents russe Vladimir Poutine et américain Donald Trump, ainsi que la réunion du Format Normandie sans le dirigeant ukrainien.

Une ville hanséatique très libre

Ces dernières années, les sommets du G20 se tenaient dans des lieux où l'on pouvait facilement isoler les dirigeants mondiaux non seulement des malfaiteurs, mais également des manifestants. En 2015 en Turquie, les organisateurs avaient confiné les participants dans un recoin d'Antalya. Toutefois, la facilité avec laquelle il était possible de passer à travers la clôture en donnant de l'argent à un policier pour lui demander d'acheter des confiseries dans une boutique avait remis en question l'efficacité des cordons de sécurité échelonnés.

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En 2016 le sommet s'est déroulé en Chine où les organisateurs avaient obéi à la même logique, mais à une échelle différente: les habitants de Hangzhou avaient été exhortés de quitter la ville. Résultat des courses, certains quartiers de la mégapole étaient devenus déserts, les kiosques avaient fermé et seuls des bus accrédités circulaient sur les grandes routes. Le prochain G20 sera différent.

La chancelière allemande Angela Merkel a pris le risque d'organiser le G20 non pas dans un village paisible mais dans une ville portuaire, montrant ainsi qu'en Allemagne règne l'esprit démocratique et que les citoyens peuvent librement exprimer leur protestation. Les activistes ont bien reçu le message: depuis début juin des manifestations pacifiques réunissant des dizaines de milliers de manifestants se déroulent dans les rues de la ville. Durant le sommet de deux jours, on s'attend à la tenue d'environ 30 manifestations.

Dans ce contexte, les autorités allemandes ont annoncé que la liberté d'opinion était une règle propre à toute société démocratique, mais que les émeutes des extrémistes seraient réprimées.

Une Ukraine sans Porochenko

Vladimir Poutine s'envolera jeudi 6 juillet vers Hambourg, où il fera partie des 19 chefs d'État participant à la réunion au sommet du G20 qui se déroulera sans le président brésilien Michel Temer à cause d'un grand scandale de corruption dans son pays, et en l'absence du roi d'Arabie saoudite qui sera représenté par son ministre des Finances à cause de la crise autour du Qatar.

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Parmi les invités au sommet on retrouvera les premiers ministres de l'Espagne, de Singapour, des Pays-Bas et de la Norvège; le Vietnam, le Sénégal, la Guinée et les chefs d'organisations internationales seront également représentés au sommet. Quatre sessions sont prévues pour les deux journées du sommet, et avant l'ouverture se tiendra une rencontre informelle de leaders du G20 pour évoquer la lutte contre le terrorisme.

«Il est évident que notre président dira quelques mots et, d'après moi, il avancera des idées très intéressantes», a promis le conseiller du président russe Iouri Ouchakov.

On suppose qu'une réunion du Format Normandie aura lieu en marge du G20 (ou directement après celui-ci) mais le président ukrainien Piotr Porochenko ne figure pas parmi les invités, même si les organisateurs étaient libres de l'inscrire sur la liste des visiteurs. L'Allemagne a fait un choix au profit des Pays-Bas et de la Norvège.

Les chefs d'État du Format Normandie se réuniront tout de même en comité restreint. Pour la seconde journée du G20 de Hambourg est en effet prévue une rencontre très importante sur la crise en Ukraine entre les présidents russe et français et la chancelière allemande.

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Le calendrier de Vladimir Poutine comporte également des entretiens bilatéraux avec ses homologues français et sud-coréen, le premier ministre japonais, le président de la Commission européenne et le président turc. A chaque réunion les dirigeants travailleront avec des délégations. De plus, des rencontres brèves sont prévues avec les présidents du Mexique et de l'Afrique du Sud, ainsi qu'avec le premier ministre australien — cette fois sans conseillers.

L'entretien avec Emmanuel Macron a été convenu il y a un mois, la rencontre avec le président sud-coréen Moon Jae-in était également prévue à l'avance. Avec les autres interlocuteurs, l'équipe du président russe a convenu du calendrier fin juin. Le signal de la Maison blanche concernant l'intention du président américain Donald Trump de rencontrer Vladimir Poutine n'est parvenu que la semaine dernière.

L'entretien avec Trump

Le Kremlin ne cache pas que la rencontre avec le dirigeant américain est la plus attendue, tout en soulignant que l'emploi du temps était planifié et «surchargé». «Nous chercherons ensemble avec les partenaires américains des créneaux pour organiser une telle rencontre», a expliqué Iouri Ouchakov. Quatre entretiens téléphoniques ne suffisent pas, dit-il, «aussi bien pour les relations bilatérales que pour assurer la stabilité et la sécurité internationales».

A la question des journalistes de savoir sur quel point les présidents de la Russie et des USA pourraient trouver un terrain d'entente lors de l'entretien, Iouri Ouchakov a répondu que les sphères problématiques étaient trop nombreuses. Moscou est convaincu qu'il faut tout d'abord évoquer le problème du terrorisme international, mais sera prêt à soulever d'autres questions, y compris le désarmement.

«Il faut sortir les relations bilatérales de leur état actuel, souligne Iouri Ouchakov. Les liens avec la Russie sont pris en otage des querelles politiques aux USA.» La Russie reste patiente, «mais cette patience a des limites», précise le conseiller du président.

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De plus, la question de la propriété diplomatique russe saisie aux USA reste cruciale pour Moscou car le principe de réciprocité reste pertinent, rappelle Iouri Ouchakov. Fin décembre dernier, Washington avait en effet décidé d'expulser 35 diplomates russes et de bloquer l'accès aux complexes résidentiels diplomatiques russes dans le Maryland et à New York. Le lendemain, le président russe avait invité les enfants de diplomates américains au sapin de Noël du Kremlin — «il a ainsi fait preuve de souplesse», souligne Iouri Ouchakov.

Mais il serait temps de libérer enfin la Russie de la nécessité de prendre des mesures de rétorsion contre les agissements de l'ancienne administration américaine en fin d'année. «Je pense que les Américains sont également fatigués de passer constamment pour des violateurs de la Convention de Genève sur les relations diplomatiques de 1961», suppose le conseiller de Vladimir Poutine. Et de conclure: «Tout dépendra du temps disponible».

Selon la chaîne CNN, le locataire de la Maison blanche a l'intention d'évoquer le conflit armé en Syrie et le soutien apporté par la Russie au président syrien Bachar al-Assad. De plus, il est prévu d'aborder les «actions de la Russie en Ukraine».

Un G20 sans politique

Le programme du chef de l'État russe, où prévalent les questions syrienne et ukrainienne, se distingue globalement de l'agenda du sommet. La première session officielle sera consacrée à l'économie mondiale et aux finances, et la deuxième portera sur le développement durable, le climat et l'énergie. Les participants évoqueront le développement de l'économie verte et la diminution de la charge carbone sur l'économie en tant que directive de l'accord sur le climat.

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Deux autres sessions sont prévues pour le second jour du sommet le 8 juillet: l'une sera consacrée aux questions relatives à l'Afrique, la santé et la migration; l'autre à l'économie numérique (probablement, comme pendant le Forum économique de Saint-Pétersbourg, Vladimir Poutine voudra dire un mot à ce sujet) ainsi qu'à l'emploi et au renforcement du rôle des femmes dans l'économie. Le dernier thème a été proposé par la chancelière allemande comme l'une des priorités de la présidence du G20 de cette année. Une initiative sera lancée pour créer un fonds de développement de l'entrepreneuriat féminin dans le cadre de la Banque mondiale.

Pendant ce temps, Angela Merkel cherche des points de convergence au moins dans le menu du dîner solennel. D'après le Kremlin, lors d'un entretien téléphonique la chancelière allemande a abordé avec le président russe ses préférences gastronomiques. «Certaines questions portant sur le menu ont été évoquées, très intéressantes, d'ailleurs», a noté le conseiller du président.

Contrairement au menu, l'Allemagne sera certainement confrontée à de sérieuses difficultés pour rédiger le communiqué final car les divergences avec Washington ne se limitent pas aux questions climatiques.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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