En mai, la fissure qui longe la barrière du glacier géant Larsen s'est brusquement allongée de 18 km. D'après les données collectées par le satellite de l'Agence spatiale européenne Sentinel-1, la vitesse de détachement du glacier a triplé entre le 24 et le 28 juin. Actuellement, la partie extérieure du futur iceberg se déplace à la plus grande vitesse qui n'ait jamais été enregistrée.
«Nous ne savons pas où se dirigera cet iceberg», estime Christopher Shuman, spécialiste de la fonte des glaces travaillant pour la NASA, qui observe le glacier depuis plusieurs mois. «Mais nous l'observons le plus fréquemment possible afin de suivre l'élargissement de la fissure».
L'observation réalisée par les spécialistes est compliquée par les conditions dans lesquelles ils travaillent, puisque c'est actuellement la nuit polaire en Antarctique. Pour cette raison, les systèmes d'observation ne fonctionnent pratiquement pas. M.Shuman utilise le rayonnement infrarouge du satellite Landsat 8 à la place, récoltant ainsi des données permettant d'étudier la croissance de la fissure, car la lumière infrarouge semble permettre de distinguer la zone à étudier, étant plus claire que la glace qui l'entoure en raison de l'eau chaude coulant de l'océan.
Rift in Antarctica's Larsen C Ice Shelf — NASA GOV (during Obama admin)https://t.co/Ek1U4uq2su pic.twitter.com/3LI2s3Jq3U
— Healing Inspirations (@RisingSign) 1 juillet 2017
Néanmoins, les scientifiques appellent à ne pas s'inquiéter, car de tels processus de détachement sont naturels en Antarctique. Et d'ajouter qu'ils n'augmentent pas le niveau de la mer, les icebergs se trouvant déjà dans l'eau avant de se détacher.
Cependant, certains chercheurs redoutent quand même que le détachement du glacier puisse faire augmenter le niveau de la mer. D'après Thomas Wagner, directeur du programme polaire de la NASA, ils s'inquiètent en outre que ce qui se passe maintenant ait lieu partout dans le monde: par exemple, au large de la mer d'Amundsen, où les glaciers fondent et se brisent plus vite à cause de l'augmentation de la température.
En Antarctique, la désintégration des glaciers est liée au réchauffement climatique. La superficie de l'iceberg géant qui sera engendré par Larsen C sera équivalente à deux fois celle du Luxembourg.
Il ne s'agira toutefois pas d'une première en matière de scission de barrières de glace. Le glacier Larsen A s'est dissocié en janvier 1995 et Larsen B en février 2002, mais ils étaient de dimensions bien plus modestes que Larsen C.