La «formule Macron», évoquée lundi par le Président ukrainien Piotr Porochenko, permettra-t-elle de redémarrer le processus de paix entre Kiev et le Donbass? Comme l'estime Pierre Lorrain, journaliste, spécialiste du monde post-soviétique et de la Russie et auteur d'une biographie de Vladimir Poutine, le Président français est d'une certaine manière prisonnier de la situation précédente. Il veut certainement trouver une solution au problème ukrainien, mais s'il le pourra ou pas ne dépend pas que de lui.
«Le format Normandie, c'est-à-dire, les quatre chefs d'État: France, Allemagne, Russie et Ukraine, étaient coincés d'une certaine manière durant toute la période précédente […], à chaque fois qu'il y avait une petite avancée, derrière les États-Unis du Président Obama créaient des problèmes en soutenant ouvertement l'Ukraine lorsque Kiev était sur le point de céder», considère l'interlocuteur de Sputnik.
Or, pointe M. Lorrain, ce qui est nouveau dans la position de la France, c'est que pour la première fois, on essaie de faire un audit sur ce qui se passe réellement sur la ligne de front.
«Le Président Macron a dit à son homologue Porochenko, dans les conversations privées, c'était important, qu'il fallait des actes, que l'Ukraine ne pouvait pas se réfugier sans cesse derrière des prétextes du non-respect du cessez le feu», rappelle-t-il.
Pierre Lorrain considère qu'Emmanuel Macron a l'ambition de donner une plus grande importance à la France, ce qui signifie se donner une plus grande importance à lui-même.
«Je crois que la dimension personnelle, être l'homme qui change la donne en Europe, qui essaye de trouver des solutions et surtout, qui en trouve. Parce que là, nous sommes dans la première étape d'un chemin qui doit être pour Macron un chemin gagnant, sinon il perd la face», explique-t-il à Sputnik.
«C'est-à-dire qu'aujourd'hui le Président Macron se donne les moyens d'intervenir d'une autre manière, de persuader les autres chefs d'État européens d'aller de l'avant, dans un sens qui n'était pas prévu. Jusqu'à présent, l'Union européenne était coincée sur la non-reconnaissance du rattachement de la Crimée, le rôle de la Russie comme agresseur, et le fait que les sanctions ne devaient pas être levées», explique le journaliste.