Après ses attaques dans les grandes villes européennes, Daech a ouvert un nouveau front en Asie du Sud-Est, et la loi martiale à Mindanao, île à majorité musulmane, a été instaurée lors de la visite écourtée à Moscou du Président philippin Rodrigo Duterte, a rappelé à Sputnik Anton Tsvetov, du Centre russe de recherches stratégiques.
«Quant à la participation des militaires américains, ces derniers étaient venus dans le sud des Philippines justement parce que les troupes locales s'avéraient incapables de contrer la menace terroriste. Manille s'est toutefois empressé de préciser que l'assistance américaine se limitait à un soutien technique et au partage de renseignements, et que les militaires américains ne participaient pas aux combats», a indiqué l'interlocuteur de l'agence, commentant les perspectives d'évolution des relations de Manille avec Washington.
Et d'ajouter que les unités spéciales américaines, déployées dans le pays, n'avaient pas droit à autre chose et n'en avaient même pas la possibilité, vu leur faible contingent ne comptant que quelques dizaines de militaires.
«Quoi qu'il en soit, l'offensive dans le sud des Philippines des factions terroristes d'Abou Sayyaf et de Maute qui ont rejoint la bannière de Daech, n'est pas un problème uniquement philippin, loin s'en faut. Des Indonésiens et des Malaisiens y combattent également. Si l'on n'arrive pas à écraser Daech à Mindanao, cette île se transformera en asile de cette organisation terroriste en Asie du Sud-Est. Et si on l'écrase tout de même, les terroristes s'élanceront dans les pays voisins à travers les frontières perméables des Philippines», a expliqué M. Tsvetov.
Le politologue relève que bien que Manille essaie de passer sous silence la rhétorique sur l'assistance américaine dans les combats pour Marawi, ville en partie tenue par les djihadistes se réclamant de Daech, il n'y a que les États-Unis qui pourraient à l'heure actuelle épauler Duterte dans la lutte contre les terroristes à Mindanao.
Les médias constatent que Rodrigo Duterte, qui a concentré son énergie dans une guerre fratricide contre la drogue, affronte à Mindanao sa plus grave crise depuis son arrivée à la présidence de la République il y a un an, et les Philippines apparaissent dorénavant comme l'épicentre des agissements de Daech en Asie.
Les observateurs internationaux signalent par ailleurs que la crise de Marawi a révélé la faiblesse, l'impréparation des autorités de Manille, voire une «grave erreur des services de renseignement» du pays, et que face au risque d'enlisement, le Président philippin a dû accepter l'aide des forces spéciales de son «ennemi» américain.
«Les hostilités à Marawi incitent à se souvenir du rôle de Washington dans la région, rôle que, pour le moment, la Chine ne peut pas ou ne veut tout simplement pas assumer. Et le jour où les villes envahies par les terroristes ne seront plus survolées par des avions américains, mais chinois, nous nous retrouverons sans doute dans une nouvelle réalité géopolitique», a conclu l'interlocuteur de Sputnik.