Le Président de la République souhaite «réformer» rapidement. Pour cela, il entend user de la procédure des ordonnances, une question qui dominera la vie politique pendant une partie de l'été. Mais, pourquoi cette volonté de réformer à tout prix le code du travail? Emmanuel Macron prétend qu'il est un obstacle à l'emploi, comme si les questions administratives décidaient de tout. Les projets que notre Président et notre Premier-ministre veulent mettre en application vont bien plus loin qu'un simple ajustement au problème du chômage, ou à l'introduction de nouvelles techniques.
Raphael Dalmasso rappelle que «le droit et le code du travail n'est pas que protecteur du salarié, il est aussi protecteur des intérêts de l'employeur. Il essaie de faire un équilibre entre les deux et la réforme actuelle cherche effectivement à modifier cet équilibre certainement dans le sens de l'employeur».
David Cayla confirme ce jugement, en estimant que l'objectif du gouvernement est de «déséquilibrer les rapports de force dans l'entreprise. Mais les moyens utilisés par le gouvernement seraient de concentrer le dialogue social au niveau de l'entreprise c'est-à-dire en affaiblissant le dialogue social dans les branches et puis aussi en permettant aux entreprises via des accords d'entreprises certains dispositifs des contrats de travail […]. L'objectif, c'est de localiser le cœur des négociations dans l'entreprise, c'est-à-dire justement à l'endroit où les employeurs sont en position de force».
«Le projet de Macron est assez clair», selon l'économiste Philippe Arondel. Il s'agit de «libérer le travail» c'est-à-dire «libérer l'entreprise de ses contraintes et surtout faire de l'accord d'entreprise l'accord majeur, c'est la fameuse inversion des normes». Philippe Arondel parle ainsi de «féodalisation contractuelle. Chaque entreprise va devenir une petite féodalité qui va créer sa propre norme et nous allons avoir une espèce de dumping social en France entre les entreprises».
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