L’Union européenne doit relancer le dialogue avec la Russie

© capture d'écran: YouTubeL'entretien avec M. Pozzo di Borgo
L'entretien avec M. Pozzo di Borgo - Sputnik Afrique
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Ils sont les auteurs de la résolution adoptée en juin 2016 au Sénat demandant la levée des sanctions contre la Russie. Les sénateurs Simon Sutour et Yves Pozzo di Borgo récidivent, en publiant un rapport critique sur les relations UE-Russie. Extraits de l’entretien avec M. Pozzo di Borgo.

À quoi sert ce type de rapport d'information? Est-il destiné à être lu par la diplomatie française et/ou européenne?

La commission des Affaires européennes, comme toutes les commissions des Affaires européennes de chaque parlement européen, travaille sur les relations qui existent entre l'Europe et les pays voisins, comme la Russie ou d'autres, sur des sujets qui concernent l'Europe. Ce rapport, qui est un rapport parlementaire, a été validé par la commission des Affaires européennes du Sénat et il s'adresse, comme tout rapport parlementaire, d'abord à tous nos collègues parlementaires, de l'Assemblée ou du Sénat, puis à l'exécutif français.

Donc il peut être lu par Emmanuel Macron?

Bien sûr, oui nous l'espérons d'ailleurs, au moins par ses conseillers, je ne sais pas s'il a le temps de tout lire mais nous l'envoyons également à toutes les personnalités européennes, et je sais qu'il y a déjà une lecture attentive de ce rapport puisqu'on nous a demandé de venir le présenter en fin de semaine à des autorités européennes.

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Vous déclarez dans le rapport qu'il existe beaucoup de structures qui ont été établies pour le dialogue entre l'Europe et la Russie mais qu'il y a finalement peu de concrétisations. Pourquoi cela?

Nous souhaitons que l'ensemble de ces structures qui existent, reprennent leur dialogue, il y en a qui continuent […]. Il est nécessaire que l'Union européenne décide de relancer le dialogue avec la Russie. Un des problèmes, c'est évidement l'affaire de l'Ukraine et de la Crimée aussi. Et les ministres des Affaires européennes de l'Union européenne en mai 2016 ont décidé que toutes les relations avec la Russie pourraient reprendre à partir du moment où les accords de Minsk seraient appliqués. C'est un problème parce que ça veut dire que c'est tout ou rien […]. Comme notre résolution que nous avons fait adopter par le Sénat en juin 2016, nous souhaitons qu'il y ait une progressivité dans l'application de la diminution des sanctions, que ça ne soit pas tout ou rien, qu'il y ait une progressivité dans l'application des accords de Minsk.

Quel état des lieux peut-on faire des relations Europe-Russie?

Il y a une glaciation qui est forte […] même si sur d'autres sujets d'affaires étrangères, il y a des dialogues, il y a quand même une glaciation, je parle au niveau européen, entre l'Europe et la Russie. [….] Je pense que l'arrivée du Président Macron va être un des éléments qui peut faire bouger l'Union européenne.

En quoi la politique étrangère européenne est-elle décisive dans les relations entre Européens et Russes?

Le consensus unanime derrière les sanctions, notamment en ce qui concerne l'Ukraine et la Crimée, a été un des éléments forts de la mise en place de cette politique étrangère européenne […]. Ce que l'on constate, c'est que vraiment l'Union européenne a une politique étrangère à l'égard de la Russie et là il y a une unité […] Nous ce que l'on souhaite, c'est que cette politique étrangère évolue, c'est le sens de notre rapport.

Où en est-on actuellement des sanctions?

Les sanctions continuent comme elles étaient, moi j'ai tendance à penser que ça n'a pas été très utile […]. Les sanctions ont été un des éléments qui a déstabilisé l'Europe comme la Russie. L'Europe a pris ces mesures qui la pénalisent et la Russie a évidemment été peut-être pénalisée, mais les deux grands ensembles que sont la Russie et l'Union européenne se pénalisent mutuellement en se demandant d'ailleurs si ça a vraiment des incidences sur les accords de Minsk […]. Il y a notamment des marchés que nous avions en Russie qui maintenant sont pris par d'autres pays, par les pays d'Asie Centrale ou autre, et deuxièmement il s'est constitué, on l'a bien vu quand nous sommes allés à Moscou, une industrie agroalimentaire russe et on nous dit même qu'en Russie, il y a des réseaux qui souhaitent qu'on ne supprime pas les sanctions puisque ça permet à l'agriculture russe de se développer.

Les sanctions européennes contre la Russie expirent le 31 juillet. Pensez-vous qu'elles vont être reconduites?

Je ne sais pas du tout. Nous faisons un rapport en demandant qu'il y ait une diminution progressive notamment en ce qui concerne les sanctions personnelles: quand vous pensez que Monsieur Poutine vient en France et que la présidente du Conseil de la Fédération russe ne peut pas venir en France… Ce qu'on demande au Sénat depuis juin 2016, c'est qu'il y ait un processus de dégressivité des sanctions qui soient en fonction de l'évolution des accords de Minsk.

Pensez-vous que le Président Macron va contribuer à réchauffer ces relations?

Le Président Macron a fait un geste fort en recevant le Président Poutine, je constate aussi que c'est quelqu'un de très pragmatique, qui maîtrise bien les choses et qu'il souhaite qu'il y ait une amélioration des relations entre l'Union européenne et la Russie mais en même temps, il ne souhaite pas que les Européens abandonnent leurs positions, donc je crois que c'est une position qui est assez nette, ferme, mais une position de dialogue derrière la fermeté.

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