Pour le politologue russe et spécialiste du Proche-Orient Vitali Naumkin, quatre scénarios différents sont envisageables dans la crise que traverse le Golfe. Tout d'abord, les pays concernés pourraient régler leurs désaccords grâce à la coopération des forces régionales et globales. Le Qatar pourrait ainsi revoir ses prétentions à la baisse sans pour autant sacrifier certaines directions prises en matière de politique extérieure. On pense notamment à sa volonté de se rapprocher de l'Iran et aux liens que Doha entretient avec le mouvement des « Frères musulmans », deux points que le Qatar pourrait avoir à reconsidérer.
Troisième scénario, la confrontation augmente de telle façon qu'elle pousse le Qatar à entreprendre des mesures bien résolues allant jusqu'à la sortie du Conseil de coopération du Golfe et son rapprochement avec la Turquie et l'Iran. Dans ce cas-là, on ne pourrait pas exclure certains changements dans la politique qatarie vis-à-vis de la crise syrienne. Ainsi, Doha pourrait rejoindre « le trio d'Astana » des pays-garants de l'instauration de la trêve en Syrie.
Et finalement, M. Naumkin ne rejette pas la possibilité d'une escalade brutale du conflit qui pourrait dégénérer avec des conséquences néfastes pour toutes les parties concernées. Toutefois, l'expert estime que ce dernier scénario est le moins probable des quatre qu'il présente, et que même s'il se réalisait, « cette confrontation ne durerait pas longtemps ».
« Je pense que les pays arriveront tout de même à s'entendre car personne n'a d'intérêt à ce que le conflit s'aggrave, lequel implique des pays qui ont en main dans les clés du marché pétro-gazier international », a supposé M. Naumkin, rappelant que le Qatar possédait en outre d'importantes réserves en hélium.
Lundi 5 juin, l'Arabie saoudite, Bahreïn, l'Égypte et les Émirats arabes unis ont annoncé la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar. Les quatre pays ont accusé Doha de « déstabiliser la situation en matière de sécurité » et de « soutenir le terrorisme » au Proche-Orient. Le gouvernement libyen d'el-Beïda (est du pays) et les autorités du Yémen, des Maldives, de la Mauritanie, de Maurice et des Comores leur ont emboîté le pas en annonçant qu'elles rompaient leurs relations avec le Qatar. Djibouti a abaissé le niveau des relations diplomatiques avec le Qatar et le Sénégal a rappelé son ambassadeur à Doha.
Le chef de la diplomatie qatarie a auparavant déclaré que son pays ne prendrait pas de mesures en réaction à ce boycott.