En pleine campagne présidentielle le candidat républicain Donald Trump avait promis de mettre en prison sa rivale démocrate Hillary Clinton.
"Parce que tu serais en prison", lui avait-il déclaré pendant le débat du 9 octobre à Saint-Louis, dans le Missouri.
Et six mois après l'arrivée de Trump au pouvoir Clinton fait l'objet d'une enquête — d'une première sous l'administration actuelle, mais loin d'être la première de ces dernières années.
La fondation à scandale
D'après The Daily Caller se référant aux sources du Capitole, l'ex-secrétaire d'Etat Clinton avait tenté d'éviter à Yunus une enquête des autorités du Bangladesh le soupçonnant de corruption. Elle avait ordonné aux diplomates américains de haut rang de faire pression sur la première ministre du pays Sheikh Hasina et sur son fils Sajeeb afin de forcer le chef du gouvernement à cesser les poursuites contre Yunus. Par exemple, Clinton aurait menacé Sajeeb par un audit fiscal intégral sur son activité commerciale aux Etats-Unis.
Chuck Grassley a déjà demandé au secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson de fournir à sa commission tous les documents et correspondances relatifs à cet épisode avant le 15 juin.
Il s'agit de la première enquête parlementaire ouverte contre Clinton après sa défaite à la présidentielle. Pendant ce temps, la commission de surveillance et de réforme de l'action gouvernementale de la chambre des représentants du congrès poursuit une autre enquête, qui a été ouverte sous l'administration précédente. Elle concerne l'usage par l'ex-secrétaire d'Etat d'un serveur personnel pour la correspondance de service.
La fondation familiale des Clinton (Hillary et son mari, ex-président des USA Bill Clinton) fait également l'objet d'une enquête menée par le FBI depuis plus de deux ans. Cette investigation porte sur les lettres relatives à la campagne de Clinton volées dur les serveurs du parti démocrate et publiées par WikiLeaks. Les agents fédéraux tentent de découvrir si l'ex-secrétaire d'Etat recevait de l'argent de la part des donateurs en échange des "services politiques".
Les jeux politiques
En novembre 2016 le FBI a attribué à l'enquête sur la fondation une "très haute priorité". Les analystes y ont perçu un aspect de "jeux politiques" impliquant les institutions policières américaines et notamment le FBI.
Les républicains se sont indignés et un scandale a éclaté, d'autant que par la suite le FBI a découvert presque 15 000 lettres électroniques passées inaperçues. La situation était d'autant plus piquante qu'une partie de ces nouvelles lettres a été retrouvées par les agents sur les appareils électroniques appartenant à Anthony Weiner, mari de l'ancienne assistante de l'ex-secrétaire d'Etat Huma Abedin, qui travaillait au moment des faits dans le QG de campagne de Clinton. Et l'ex-congressiste Weiner avait dû démissionner encore en 2011 accusé d'harcèlement sexuel sur mineure.
Or même en dépit des nouvelles circonstances le FBI n'a pas rouvert l'enquête, et la bombe médiatique a explosé avec une telle force qu'elle a semé la confusion totale dans le camp des démocrates, à tel point que ces derniers sont allés jusqu'à accuser le directeur du FBI James Comey de liens avec Moscou. C'est probablement pour lui éviter de telles accusations que le FBI a annoncé une priorité plus élevée dans l'affaire de la fondation Clinton.
Le ministère de la Justice a rejoint le scandale en accusant Comey de délits et d'abus de ses fonctions. La presse a eu écho de rumeurs que le président à l'époque Barack Obama avait l'intention de renvoyer le directeur du FBI à cause de son implication dans la politique. Et bien qu'Obama ne l'ait pas fait, cela n'a pas sauvé James Comey — il a été limogé six mois plus tard par le nouveau président Donald Trump.
Trump mettra-t-il ses menaces à exécution?
La fondation caritative Clinton est exonérée d'impôts, car formellement elle n'apporte pas de revenus. Cependant, la presse américaine a publié plusieurs fois des documents montrant qu'une partie mineure des fonds de la fondation est dépensée à des fins caritatives. Mais de telles publications ne constituent qu'une part infime de tous les scandales autour de cette fondation depuis sa fondation en 2001.
Ce n'est pas les exemples qui manquent. Et souvent les figurants sont loin d'avoir une réputation irréprochable. Par exemple — l'ami de Bill Clinton, le Libanais Gilbert Chagoury, reconnu coupable en Suisse de blanchiment d'argent et accusé de financer des politiciens libanais affiliés au Hezbollah. Ou encore l'oligarque ukrainien Viktor Pintchouk qui a payé la fondation pour un accès personnel au couple Clinton et pour le soutien du département d'Etat.
D'ailleurs, sur fond de scandale diplomatique au Moyen-Orient, où plusieurs pays ont rompu leurs relations avec le Qatar, les médias ont rapporté que l'ex-secrétaire d'Etat Hillary Clinton était au courant à l'époque que les autorités de ce pays financent l'Etat islamique.
De nombreux autres faits scandaleux font actuellement l'objet d'une enquête du FBI. Cependant, les analystes ne s'empressent pas d'affirmer que Trump mettra forcément sa menace à exécution et jettera Clinton derrière les barreaux. Non seulement parce qu'immédiatement après la prise de ses fonction il a changé de ton vis-à-vis d'elle et a fait plusieurs éloges à son sujet, mais aussi car une telle agitation pourrait provoquer un véritable tsunami politique aux Etats-Unis. Sans parler des enquêtes du FBI et du parlement qui dureront certainement encore très longtemps.