L'article de l'Express en question a été édité après notre publication, deux citations de la directrice de Sputnik France y ayant été ajoutées.
Parler une énième fois des «médias stratégiques » russes? Des médias « financés à 100% par le Kremlin »? Des médias qui « voudraient être influents… mais ne le sont pas »? Le sujet est passionnant, alors parlons-en! Mais pour ne pas traiter le thème de manière superficielle, la moindre des choses est de demander l'avis du média en question. C'est d'ailleurs ce que la journaliste de l'Express Audrey Kucinskas a fait. Mais pour des raisons qui m'échappent, aucune des réponses données par la rédactrice en chef de Sputnik France n'a été utilisée dans l'article. En revanche, on découvre comment Sputnik France fonctionne, quel est son objectif et ce que ses journalistes pensent, le tout par la voix de deux experts de la Russie que la journaliste a choisi d'interroger pour son article.
Voici les réponses de Natalia Novikova, rédactrice en chef du bureau parisien de Sputnik, qui a accepté de répondre aux questions d'Audrey Kucinskas,journaliste de l'Express. Des réponses dont on ne trouve pas la moindre mention dans l'article.
-Emmanuel Macron juge que Sputnik est un organe de propagande. Qu'en pensez-vous?
Nous pensons qu'il est temps que l'équipe d'Emmanuel Macron accepte enfin notre demande d'interview pour que nous puissions nous expliquer en direct, dans nos studios, pour voir ensemble quelles sont les prétendues « erreurs » que l'on nous reproche. Nous aimerions avoir des exemples concrets d'une information soi-disant inexacte dont nous serions à l'origine. M. Macron et ses partisans ont beaucoup parlé de nous ces derniers temps mais jusqu'à présent, nous n'avons reçu aucune réponse à nos multiples sollicitations d'entretien.
-Assumez-vous avoir un parti pris politique dans la publication de vos articles?
Nous n'avons pas de parti pris politique, nous publions des articles sur l'actualité et invitons des experts à l'analyser. Il ne faut pas faire d'amalgame entre les convictions politiques de nos intervenants et notre vision des choses. Nous proposons également, à nos auditeurs et à nos lecteurs, des émissions ou des rubriques thématiques dans lesquelles on donne la parole aux journalistes, aux experts et aux personnalités politiques de renom. Nous couvrons par ailleurs l'actualité russe et laissons des hommes politiques du pays s'exprimer, car on peut rarement les entendre en France. A en croire les statistiques, ce type d'information est de plus en plus recherché par les Français. Et, encore une fois, dans nos publications nous ne traitons que de l'actualité.
-Le fait d'être financé par le Kremlin est-il une forme de dépendance?
Et le fait que France 24, RFI ou encore France Télévisions reçoivent du financement de la part de l'Etat français ne crée-t-il pas une sorte de dépendance vis-à-vis de l'Elysée? Par ailleurs, à titre d'information, nous vous invitons à lire l'article intitulé L'ayatollah Milonov et les terroristes homophages qui témoigne de la liberté d'expression et de l'audace des médias français présents en Russie.
-Comment décidez-vous de la publication de vos articles?
Nous recherchons des sujets qui sont peu ou pas du tout abordés dans la presse française. Nous faisons également appel à notre principale ressource, la diffusion du contenu exclusif en 32 langues par nos autres rédactions. Avant de publier tel ou tel article, on travaille le sujet, on en discute avec nos journalistes et c'est à la direction de Sputnik France que revient la décision de publier, c'est-à-dire à moi-même et à mes collègues.
-Estimez-vous avoir déjà publié des « fake news »?
Nous n'exploitons que des sources d'information fiables et vérifiées. Toutes les accusations portées contre nous restent sans fondement. Si on avait trouvé une quelconque fausse information sur notre site, on en aurait déjà fait toute une histoire!
- Quel regard portez-vous sur la presse française traditionnelle?
Chaque média français poursuit ses propres objectifs et nous en avons conscience. Nous avons beaucoup d'estime envers nos collègues et leur travail, auquel nous sommes toujours très attentifs et que nous considérons comme un exemple pour nous.
Enième fois itw d'un grand média sans publication de nos réponses. On incrimine Sputnik sans nous donner la parole. https://t.co/0uNMPedP5P
— Nathalie Novikova (@NovikovaSputnik) 7 июня 2017 г.
La dernière mode consistant à mesurer qui possède le journalisme « le plus vrai » a donné naissance à une série d'articles sur les journalistes des médias russes « qui ne sont pas des vrais journalistes ». Dans le même temps les « vrais » journalistes qui écrivent ces articles ne se donnent même pas la peine d'utiliser l'interview de ces soi-disant « faux » journalistes pour mieux les démasquer. Peut-être que les réponses ne cadrent pas avec le message prévu pour l'article, ou peut-être l'auteur considère que les « spécialistes de la Russie » suffisent amplement à la étayer crédibilité de leurs informations.
Quoi qu'il en soit, les lecteurs sont libres de tirer leurs conclusions.