Pourquoi les voitures autonomes renversent des cyclistes et commettent des accidents

© AFP 2024 JOHANNES EISELEUne voiture Tesla Model S
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Heather Knight, experte en robotique de l'université de Stanford, a soulevé une nouvelle vague de débats autour de la sécurité des voitures autonomes. Elle a notamment découvert dans la voiture électrique Tesla Model S que le système ne considérait pas les cyclistes comme des personnes, ce qui pourrait être lourd de conséquences.

Comment les voitures autonomes causent-elles des accidents et combien de victimes compte-t-on déjà à leurs actifs ?

La terreur des cyclistes

Sur son blog Medium, Heather Knight a partagé ses impressions concernant la voiture électrique et publié les résultats de sa propre investigation. Dans l'ensemble, elle réagit positivement à ce véhicule: la voiture change parfaitement de file sans intervention du conducteur et prend elle-même les virages. Mais le titre de son article est très éloquent: « Les cyclistes vont mourir ».

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« D'après moi, le pilote automatique dans le trafic identifie correctement près de 30 % des voitures et seulement 1 % des cyclistes. L'impossibilité de classifier l'objet n'indique pas que Tesla ne le voit pas. Mais quand les vies humaines sont en jeu, nous préconisons de NE JAMAIS UTILISER LE PILOTE AUTOMATIQUE DE TESLA A PROXIMITE DES CYCLISTES », met en garde Heather Knight.

En d'autres termes, le système Tesla ne comprend pas qu'une personne se trouve devant le véhicule et considère le vélo comme une voiture de petite taille. C'est pourquoi Heather Knight rappelle qu'aujourd'hui le pilote automatique n'est rien d'autre qu'un assistant permettant de changer de file ou d'avertir d'un danger, mais en aucun cas une substitution à part entière de l'homme.

En juillet 2016 en Norvège, le système n'avait pas réussi à identifier un moyen de transport et la Model S avait roulé sur un motocycliste, lui infligeant de sérieux traumatismes.

L'association norvégienne des motocyclistes NMCU avait écrit une lettre ouverte au ministre norvégien des Transports, Ketil Solvik-Olsen, et à Elon Musk, patron de Tesla, pour exiger de tirer au clair les circonstances de cet accident. Les motards ont précisé qu'ils n'étaient en aucun cas opposés au progrès technique mais estiment que le système devrait être minutieusement vérifié avant d'être prêt pour une vaste utilisation. Plus tard, les Norvégiens ont été rejoints par les motoclubs des Pays-Bas et la Fédération des associations motocyclistes européennes ( FEMA ). Ils sont convaincus que la technologie de Tesla n'est pas encore aboutie et ne doit pas être mise entre les mains des conducteurs ordinaires.

En mars 2017 à Phoenix ( Arizona, USA ), une Tesla Model X a percuté deux motos de police. Les deux policiers s'étaient arrêtés à un feu rouge. La voiture électrique qui les suivait en pilote automatique a d'abord ralenti, avant de poursuivre sa route. Les policiers ont dû abandonner leurs motos pour se retirer de la route.

Les premières victimes

L'unique accident mortel de la route impliquant une Tesla en pilote automatique s'est produit en mai 2016 ( même si la compagnie en a parlé seulement fin juin ). Joshua Brown circulait sur la route de Williston, en Floride, au volant de sa Model S, quand un semi-remorque est arrivé perpendiculairement. Ni le conducteur ni la voiture n'ont réagi au camion de couleur claire sur fond de ciel lumineux, et le système de freinage ne s'est pas déclenché.

Selon la version de l'administration nationale de sécurité routière ( NHTSA ), l'autopilote n'a pas réagi parce que les capteurs de Tesla se trouvent trop bas et qu'un grand interstice séparait la remorque du camion du sol.

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Quoi qu'il en soit, en janvier 2017 les experts de la NHTSA ont reconnu que le conducteur de la Tesla était responsable de l'accident. L'enquête stipule que le pilote automatique joue un rôle d'assistance et que Joshua Brown avait environ 7 secondes pour réagir au danger. Ironie du sort: à un mois de l'accident Joshua Brown avait publié une vidéo pour montrer que le système Tesla l'avait sauvé d'un choc avec un poids lourd.

Tesla estime aussi que les conducteurs sont eux-mêmes responsables des accidents impliquant leurs voitures. Personne n'a jamais dit que la version actuelle de leur logiciel garantissait une conduite entièrement autonome. Il ne s'agit que d'une aide à la conduite qu'il est possible d'activer uniquement sur l'autoroute, ce qui ne dispense pas d'être vigilant.

Personne n'est parfait

La compagnie Uber avait également proposé sa voiture autonome mais la tentative n'est pas allée très loin: en octobre 2016 à Pittsburgh, Pennsylvanie, l'une des voitures d'essai dotée de systèmes de conduite automatique a enfreint le code de la route en s'engageant en sens inverse dans une rue à sens unique. Parfois, les voitures d'Uber brûlaient également les feux rouges.

En mars 2017, une Volvo XC90 munie des équipements d'Uber en Arizona s'est engagée sur un carrefour à l'orange. Un autre usager de la route tentait de tourner à gauche et a refusé la priorité à la voiture autonome. Après le choc, cette dernière s'est retournée. Le projet ambitieux a alors été fermé.

D'autres participants à cette course aux autopilotes accumulent également les échecs. Rien qu'en 2015 Google, qui travaille depuis plusieurs années sur sa voiture autonome, a enregistré 272 erreurs dans son système. Pendant ses six premières années d'essai, la voiture sans conducteur de Google a été impliquée dans 11 accidents mais aucun par sa faute. La compagnie pense que ses voitures se comportent de manière trop « polie » et qu'il faut les rendre plus agressives.

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Un seul accident s'est produit dans l'histoire de Google à cause d'une erreur du pilote automatique: en février 2016, une Lexus RX 450h équipé d'un système de conduite autonome a percuté un bus en essayant de contourner un obstacle. Le véhicule a décidé de ne pas laisser passer le transport en commun, provoquant ainsi une collision. Personne n'a été blessé mais Google a promis d'améliorer son logiciel.

Volvo, qui compte lancer la vente de ses voitures autonomes dès 2021, a également connu des incidents désagréables. Pendant la démonstration de la nouvelle version de la fonction de freinage automatique, le cross-over n'a pas « vu » un groupe d'individus et les a percutés de plein fouet. Volvo a expliqué que la voiture n'avait pas été équipée d'un système d'identification des piétons car ses propriétaires avaient refusé d'acheter cette option.

Toutefois, aucun grand constructeur à part Tesla ne prend le risque pour l'instant de faire des déclarations retentissantes sur le fonctionnement de leur autopilote. Et les conséquences de la plupart des accidents de la route avec des voitures autonomes ne semblent pas si catastrophiques. Mais ce n'est que le début et dans le monde, les voitures dotées d'un pilote automatique ne sont pas si nombreuses. On peine à imaginer ce qui se produirait si on lançait sur la route des camions autonomes de marque KamAZ ou Tesla compte tenu des systèmes de conduite autonome actuels.

Il convient de faire la distinction entre les notions « entièrement autonome » et « autopilote ». Malheureusement, beaucoup ne voient pas la différence et laissent le contrôle total au système. Mais à ce jour, aucune voiture ne peut encore prendre elle-même une décision et, souvent, ne fait qu'informer le conducteur d'un danger. Cette précision permet aux grandes compagnies de ne pas endosser la responsabilité et d'accuser les autres usagers de la route ou les propriétaires des voitures autonomes des accidents qui se produisent.

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