« De facto, le G7 est mort » selon le politologue allemand Alexander Rahr

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La chancelière allemande Angela Merkel a reconnu pour la première fois l'existence d'une fracture dans les relations entre l'Europe et les États-Unis. C'est ainsi que la revue allemande Tagesspiegel a perçu la déclaration d'Angela Merkel prononcée hier dans le cadre de sa campagne pour la coalition CDU-CSU.

Les Européens doivent « prendre leur sort en main », a-t-elle souligné. Selon la revue en ligne Vzgliad.

Selon les observateurs, le sommet du G7 a mis en évidence l'absence d'unité entre les principales puissances mondiales ( y compris par rapport aux sanctions antirusses ), et à la veille du sommet les divergences entre l'Allemagne et la nouvelle administration de la Maison blanche étaient flagrantes.

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Vzgliad : Monsieur Rahr, la déclaration d'Angela Merkel a été faite à l'issue du sommet de l'Otan et du G7. Est-ce que cela signifie que la chancelière reconnaît l'échec de ces sommets ?

Alexander Rahr : Au sein de l'Otan on parle également des langues complètement différentes. Une partie des Européens souhaitait évoquer l'Ukraine et les relations avec la Russie. Mais cela n'intéresse pas Trump, qui considère les Européens comme des partenaires mineurs et ne voit dans ces dossiers aucun développement fatidique. Il veut que l'Otan soutienne — et surtout paie — les opérations militaires américaines au Moyen-Orient. Les Européens suivent le président américain à contrecœur. Ils sont forcés d'obéir au chef car sans le leadership américain, l'Otan n'existe pas.

La réunion du G7 fait partie des plus ratées de ces dernières années. Elle illustre que, de facto, le G7 a cessé d'exister. Les Américains et les Européens partagent peu de thèmes communs. L'Amérique a ses propres intérêts, l'Europe a les siens. Or le monde est bien plus complexe. Il e st inutile de se réunir dans un format tel que le G7, où ces pays évoquent l'agenda mondial.

Vzgliad : Dans quelle mesure Angela Merkel est-elle prête à compter seulement sur elle-même, sans les USA et le Royaume-Uni ?

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Alexander Rahr : Merkel, l'Europe, n'ont pas d'autre choix. Le ciel s'assombrit en Europe, Donald Trump est arrivé au pouvoir en Amérique et il est très différent, en tant que politicien et en termes de caractère, de ses prédécesseurs. On ignore toujours s'il prend au sérieux ses partenaires en Europe.

L'Angleterre, pays central doté de la plus puissante armée d'Europe, quitte l'UE. Il faut sauver l'ancienne alliance politique de l'Europe.

Vzgliad : Dans quelle mesure le facteur des législatives allemandes de septembre joue-t-il dans la déclaration de Merkel? Les experts avaient déjà noté que la chancelière reprenait l'initiative aux eurosceptiques en se positionnant comme une dirigeante autonome et indépendante.

Alexander Rahr : Angela Merkel ne veut en aucun cas emprunter les arguments ou la rhétorique des eurosceptiques. Au contraire, elle veut sauver par tous les moyens l'idée de l'UE, des valeurs européennes.

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Vzgliad : Angela Merkel a appelé l'Europe à "prendre son sort en main", mais dans l'amitié avec les USA, le Royaume-Uni, les « bons voisins » et « même avec la Russie ». Que signifie cette mention de la Russie? Peut-on y voir une prétention à une politique sur plusieurs axes ?

Alexander Rahr : Il faut voir ce qu'elle voulait dire vraiment, car Merkel peut prononcer un discours tout en déclarant par la suite qu'il faut décréter des sanctions contre la Russie. Sa politique russe est floue, voire dure.

Vzgliad : Peut-être que, par cette déclaration, Merkel voulait menacer Londres et Washington d'une amitié avec Moscou ?

Alexander Rahr : Mais c'est Trump qui a affiché son intention de se rapprocher de Moscou. Et les Européens l'en ont empêché en disant que la Russie était un agresseur.

Visiblement, Merkel comprend que Trump aura son propre ordre du jour avec la Russie au Moyen-Orient, et qu'en ce qui concerne les questions européennes les membres de l'UE devront s'entendre avec la Russie à part, mener leur propre dialogue.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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