Ciel dégagé en Sicile
Les dirigeants du G7, dont le sommet s'est déroulé en Sicile du 26 au 27 mai, n'ont remarqué aucun bateau de migrants près de l'île. Comme le rapporte le journal Corierre della Sera, les autorités italiennes avaient interdit le débarquement de migrants pendant le déroulement de cette rencontre. En réalité, cette île italienne au sud de l'Europe se trouve sur l'itinéraire du plus puissant flux migratoire vers l'UE. Selon les informations officielles, le nombre de réfugiés arrivés en Italie par la mer a augmenté cette année de 45% par rapport à 2016.
Les accords entre l'Europe et les autorités des pays d'Afrique du Nord ont entraîné une conséquence inattendue: les migrants venus des profondeurs du continent et les Arabes autochtones sont désormais des deux côtés des barricades. Selon les militants des droits de l'homme, en Libye les garde-frontières tirent en l'air pour intimider les migrants voulant se rendre en Europe. Au parlement marocain, le député Mohamed Adal a déclaré que les villes de son pays étaient "polluées par les migrants de l'autre côté du Sahara". Sur les réseaux sociaux du royaume on entend de plus en plus de menaces des Arabes envers les ressortissants d'Afrique équatoriale. La tension entre les migrants et les habitants locaux se fait sentir désormais de l'autre côté de la frontière de l'UE.
Sauver l'Europe en Méditerranée
D'après le programme de campagne de l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel, la priorité de l'Allemagne devrait être de renvoyer les migrants clandestins en Afrique, d'où ils viennent. La chancelière allemande espère conclure des accords avec plusieurs pays d'Afrique, similaires à celui que Berlin a passé avec la Turquie. D'après cet accord de 2016, Ankara accepte d'accueillir sur son territoire des réfugiés en échange d'une aide financière et de la perspective d'une levée du régime de visas avec l'UE. Berlin espère qu'il sera possible de "sauver" les migrants au milieu de la Méditerranée pour les renvoyer en Afrique du Nord.
Sur ce fond, les nationalistes européens ont créé l'ONG Defend Europe pour intercepter les navires de migrants en Méditerranée et renvoyer "poliment" les migrants illégaux. "Nous préparons une grande opération de sauvetage en Méditerranée, une opération de sauvetage de l'Europe", indique la page du mouvement, qui pourrait devenir un projet nationaliste paneuropéen. Les combattants contre les migrants sont convaincus que le sauvetage des migrants "ne peut pas être confié aux ONG car elles seraient de mèche avec les naufragés". Le site nationaliste rapporte des histoires sur des naufrages organisés en mer — à proximité de l'endroit où les sauveteurs avaient préalablement envoyé un bateau.
L'Europe dans la confusion
Pendant ce temps, le président du Parlement européen Antonio Tajani effraie les Européens en évoquant de nouvelles vagues de migration dans un avenir très proche. "Si nous n'arrivons pas à régler les problèmes fondamentaux des pays d'Afrique, d'ici 10 ans nous aurons 10, 20 et même 30 millions de migrants d'Afrique", déclare Tajani.