Que faire si tu vois ton pays déchiré par la guerre et englouti par le désespoir? Il n'y a pas beaucoup de choix: soit tu essaies de t'enfuir, soit tu fais comme ces femmes syriennes, tu prends ton courage à deux mains pour lutter avec tes propres moyens. Un journaliste de Sputnik a discuté avec les femmes des régions agricoles de la Syrie qui essaient de sauvegarder, malgré la guerre, les métiers traditionnels du pays.
Arij Id Hasan est ouvrière dans le village de Dir Mama, dans la province de Homs. Elle fait un métier traditionnel pour cette région. Elle tricote des fils de soie, elle a fabriqué de belles serviettes pour des femmes russes qui combattent le terrorisme en Syrie avec les hommes. Mme Hasan élève seule les vers à soie et extrait des fils du cocon. Pour l'instant, elle arrive à avoir une petite quantité de ces insectes pour créer des châles, des nappes, des foulards et des vêtements en soie.
Susan Abadi est une étudiante du canton d'Afrin. Passionnée par la peinture, la jeune femme peint des toiles représentant des paysages syriens. De plus, elle fabrique des friandises, du fromage et de l'huile d'olive. Mlle Abadi espère qu'un jour un marché sera ouvert à Alep pour pouvoir y vendre des produits agricoles sans être obligé de passer par des intermédiaires.
De son côté, Nasra Ganim, une ouvrière d'un certain âge, ne désespère pas malgré la baisse de ses revenues à cause de la guerre. Elle a toujours tout le matériel nécessaire avec elle. Pour créer ses œuvres, cette femme utilise des grains, des branches des pins, des citrons et des coquillages.
« Il arrive souvent qu'on mette plusieurs semaines pour faire un seul objet et puis tu n'arrives pas à le vendre. Il faudrait encourager notre travail en développant des marché », a-t-elle déploré.
Cette idée est également partagée par Rama Shahin, Dalal Usef et Rim Hamad qui fabriquent des bijoux avec des pièces de verre et des pierres semi-précieuses. Elles participent à toutes les expositions locales, cependant, elles ne cachent pas leur regret car les objets se vendent mal. L'ambition de ces femmes serait de venir un jour exposer leurs produits en Russie.
Alors que certaines femmes font travailler leur génie créatif, les autres se consacrent à la fabrication de produits alimentaires.
Ainsi, Sultana al Akhras vend du pain tandoori. Pour fabriquer le tandoor, un four spécifique, elle a besoin d'une pierre noire particulière qu'on extrait dans les alentours de Damas. Ce processus est assez laborieux car, pour concevoir le tandoor, il faut compter une bonne quinzaine de jours en été.
De son côté, Iman Muhammed Faki, résidant dans un petit village montagnard dans la province de Homs, se spécialise également dans l'alimentaire. Grâce à sa famille et ses amis, elle a su monter son affaire sans demander de prêt à une banque. Lorsque la division de son frère était stationnée près d'Alep, Mme Faki faisait tout son possible pour leur transmettre de quoi manger.
Commentant cette situation, le ministre syrien de l'Agriculture Ahmed al Kadiri a expliqué que le gouvernement soutenait la construction d'infrastructures.
« Le début de la résolution de ce problème a déjà été lancé. Le gouvernement syrien a versé quelque 200 millions de livres syriennes [835 000 euros, ndlr] pour construire un centre commercial à Lattaquié réservé spécialement aux femmes des provinces agricoles. De plus, trois filières du centre vont être ouvertes dans des villes moins importantes de la province ainsi que dans les autres régions du pays », a déclaré à Sputnik M. al Kadiri.
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