Des milliers de personnes en colère ont afflué mardi près de Tataouine, dans le sud tunisien en ébullition, pour assister aux funérailles du manifestant tué la veille lors d'affrontements avec les forces de l'ordre, à proximité d'un complexe pétrolier, après un mois d'un sit-in pacifique motivé par des revendications sociales.
Les observateurs constatent que, dans un pays secoué par de fréquents troubles sociaux depuis la chute de la dictature en janvier 2011, il s'agit des événements les plus sérieux depuis début 2016.
« Dès le départ, le gouvernement n'y a pas porté l'attention nécessaire, ce qui a amené à l'arrêt du complexe pétrolier d'el-Kamour. Finalement, on a dû faire appel à la police et à l'armée, la situation dans la province échappant à tout contrôle », a déclaré à Sputnik Taieb el-Madani, président de la commission sur la législation au parlement tunisien.
Et de prévenir que cela était inadmissible, vu la présence dans cette région d'un grand nombre de soldats qui ne permettraient pas l'ultérieure dégradation de la situation.
Selon un autre interlocuteur de l'agence, le politologue Farid al Alibi, l'escalade de la tension dans la région a plusieurs explications.
« Les gens protestent effectivement contre la répartition injuste des revenus, alors que dans cette région se trouvent 40 % des ressources naturelles du pays. Ensuite, il ne faut pas oublier que cette région était très étroitement liée à la Libye de Mouammar Kadhafi, mais après, la frontière a été fermée, et bien des Tunisiens en sont revenus en chômeurs », a indiqué l'analyste.
Il n'exclut pas que cette flambée de violence puisse s'étendre à terme à l'ensemble de la Tunisie.
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