Un Président et un gouvernement peu populaires
Il convient de noter que ce gouvernement commence avec une côte de popularité très faible, une situation tout à fait inhabituelle sous la Vème République, et qui montre qu'il n'y aura pas « d'état de grâce ». C'est le signe des limites du « ni Droite, ni Gauche » proclamé par Emmanuel Macron. Il est ici intéressant de comparer les côtes de popularités des Présidents lors de leur investiture ainsi que celle des Premier-ministre
Côte de popularité à l’investiture
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Popularité du Premier ministre |
Popularité du Président |
2017 |
E. Philippe : 36% |
E. Macron : 45% |
2012 |
J-M Ayrault : 56% |
F. Hollande : 58% |
2007 |
F. Fillon : 50% |
N. Sarkozy : 59% |
2002 |
J-P. Raffarin : 54% |
J. Chirac : 53% |
1995 |
A. Juppé : 59% |
J. Chirac : 61% |
Sondage Elabe
La Présidence Macron est relativement semblable à celle de Jacques Chirac en 2002. Mais, il a fait un choix d'ouverture qui se rapproche plus de celui de Nicolas Sarkozy en 2007. Dans les deux cas de figure, les écarts sont importants.
Ecarts de popularité de la Présidence Macron à l’investiture
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Popularité du Premier ministre |
Popularité du Président |
Avec N. Sarkozy |
E. Philippe : —14% |
E. Macron : —14% |
Avec J. Chirac (2002) |
E. Philippe : —18% |
E. Macron : —8% |
Ces résultats en disent long sur l'incertitude dans laquelle se trouve une majorité des Français. Emmanuel Macron n'a visiblement pas reçu de mandat de son élection. Il devra convaincre dès qu'il commencera à gouverner. Pour autant, certains de ses choix peuvent apparaître habiles: il en va ainsi de la nomination de Nicolas Hulot à un ministère étonnement appelé de la « Transition écologique » alors que la transition en question est avant tout énergétique ou de Laura Fiessel, la « guêpe ». D'autres sont véritablement inquiétants, comme la nomination de Blanquer à l'Education Nationale. Non que ce dernier, patron de la DEGESCO sous Nicolas Sarkozy, ne connaisse l'administration de l'Education Nationale; bien au contraire. Mais, il avait fait preuve d'une très grande rigidité dans ses choix, et d'une certaine brutalité dans leur application. Il n'est nullement une figure de la « société civile » ou du « renouvellement » comme décrit dans la presse.
Les écueils et le navire Macron
Ce gouvernement, et le Président avec lui, vont se heurter à plusieurs écueils.
Le premier est l'incohérence de sa ligne très « pro-européenne » et fédéraliste (avec la nomination Sylvie Goulard à la Défense, par exemple) avec les positions des autres pays. Le « fédéralisme », l'Allemagne n'en veut pas, car il aboutirait à prélever entre 8% et 12% de son PIB pour redistribuer cette somme aux pays de l'Europe du Sud. L'Allemagne, qui — il ne faut jamais l'oublier — a retrouvé sa souveraineté en 1990-1991, est par ailleurs très réticente politiquement à ce qui pourrait entraver sa liberté d'action. De fait, quand le personnel politique allemand parle — du bout des lèvres — d'institutions fédérales, c'est pour garantir la domination de la politique conduite à Berlin sur les autres pays et pour rien d'autre. De plus, il va alors se heurter aux pays « nouveaux entrants » de l'Union européenne qui, ayant eux aussi recouvré leur souveraineté depuis 1990, sont extrêmement réservés sur la question du fédéralisme, et veulent en réalité une profonde réforme de l'Union européenne vers une Union des Etats. Non seulement Emmanuel Macron devra rapidement acter de la mort de ses illusions fédéralistes, mais il sera confronté à la question de l'Allemagne. La France ne peut défendre ses intérêts aujourd'hui que dans un affrontement avec l'Allemagne, affrontement dont Emmanuel Macron a déclaré, lors de la campagne électorale, qu'il n'en voulait pas.
Le second écueil est contenu dans la politique économique que veut mener Emmanuel Macron. Elle aboutira inéluctablement à faire baisser les salaires réels d'une forte partie de la population, à accroître les inégalités, et engendrera un nouvel épisode récessionniste en France. Or, l'attractivité d'un territoire pour les investissements n'est nullement définie par le code du travail ou par la législation fiscale mais avant tout par l'expansion attendue du marché potentiel dans ce pays. Une nouvelle récession engendrera une stagnation des investissements. Il est clair qu'Emmanuel Macron a en tête de faire baisser le salaire réel en France pour compenser l'effet de sous-évaluation de la monnaie allemande dans le cadre de l'Euro. Mais, comme tous les thuriféraires des dévaluations internes il oublie que le prix à payer pour une telle politique est une contraction très forte de la demande intérieure. De fait, la dévaluation interne ne peut fonctionner dans un pays que si ses voisins (et ses marchés d'exportation) conduisent à l'inverse une politique fortement expansionniste. Ce n'est pas le cas en Europe ou les voisins de la France sont tous engagés dans des politiques de limitation, voire de contraction, de la demande.
L'hiver vient…
Il reste à savoir si les Français prendront conscience de tout cela avant les élections législatives, auquel cas Emmanuel Macron n'aurait pas de majorité stable que laquelle s'appuyer, ou dans les mois qui suivront cette élection. Il est plus probable que cette prise de conscience soit en fait progressive. Les manipulations médiatiques du Verbe vont probablement permettre à Emmanuel Macron de réaliser ses projets politiciens de court terme. En ce cas, le choc avec la réalité, qui devrait se produire dès cet automne ou cet hiver, n'en serait que plus terrible. Alors, telle la cigale de la fable, Emmanuel Macron risque de se trouver fort dépourvu quand l'hiver du mécontentement, mais aussi l'hiver des promesses déçues, sera venu…
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