Bien que perdante au second tour de l'élection présidentielle, Marine Le Pen enregistre un score historique : 33,9 % des suffrages exprimés, soit plus de 10 millions de voix. Toutefois, ce sont des chiffres inférieurs à ceux présentés dans les sondages : elle gagne moins de trois millions de voix entre les deux tours, et recueille environ deux fois moins de suffrages qu'Emmanuel Macron.
Jean-Yves Camus, politologue et spécialiste de l'extrême-droite, réfléchit à ce que cela atteste d'une poussée ou plutôt d'une stagnation pour le parti.
« Il s'agit bien d'une progression, mais qui est moindre que ce qu'espérait Marine Le Pen et que ce qu'annonçaient les sondages : à l'issue du premier tour, la "marque fatidique" était de 40 %. On considérait qu'en deçà de 35 %, ce serait un mauvais score pour elle, donc c'est le cas. Par contre, si on regarde en nombre de voix, il y a un potentiel énorme. »
Cette fois, Marine Le Pen a recueilli plus de 10 millions de voix, ce qui est deux fois plus que Jean-Marie Le Pen en 2002. Concernant les élections législatives, cela reste un vivier très important, même si le mode de scrutin n'avantage pas le Front national, poursuit l'interlocuteur de Sputnik.
« Le FN a un capital de voix qu'il peut faire fructifier si la situation politique et économique ne s'améliore pas. »
En cela, le politologue ne croit pas que les Français aient totalement voté pour la continuité :
« Il y a quand même cet événement énorme de l'élimination au premier tour des représentants des deux partis qui ont alterné au pouvoir depuis 1981. Quant à Emmanuel Macron, ce n'est pas tout à fait la continuité : il est élu sans avoir derrière lui un parti politique, il a un parcours politique extrêmement court. Donc, il y a une part de volonté de changement dans le choix des Français. »
Revenant sur la personnalité du fondateur d'En Marche !, l'expert estime que ce dernier est bien conscient que le répit sera court et que si jamais le début de son quinquennat n'est pas marqué par des effets positifs sur la croissance et le chômage, alors une partie importante de la population pourra se dire « on a encore laissé une chance au système, mais maintenant c'est fini ».
« Emmanuel Macron n'aura pas un état de grâce infini, il va falloir que dès le début de son mandat, il donne une sorte d'électrochoc à l'économie française pour que les choses s'améliorent de manière visible. […] Si ça ne se produit pas, le capital du Front national mais aussi de Jean-Luc Mélenchon restera entier », résume M. Camus.
Le second tour a été marqué par une forte abstention (25,38 %), un niveau sans précédent depuis 1969. Les blancs et nuls approchent 9 % des inscrits (plus de quatre millions), ce qui constitue également un record pour une présidentielle.
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