Une mauvaise odeur monte de la campagne électorale?

© REUTERS / Emmanuel FoudrotBureau de vote
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Le Président de la République a prétendu que nous vivions une campagne qui « sent mauvais ». Ce n’est pas faux, mais pas pour les raisons qu’il a avancées. Que des sujets comme l’Euro ou l’appartenance de la France à l’Union européenne puissent faire débat n’est que très normal, et même sain dans une démocratie.

Il n'est nul tabou sur des sujets politiques. Que les candidats incarnant les deux partis qui se sont partagés le pouvoir depuis maintenant plus de deux générations sombrent et ne représentent, ensemble, qu'à peine plus d'un quart des intentions de vote n'est que la conséquence assez méritée des politiques que l'un et l'autre ont menées. Dans les préférences avouées (ou non) par les futurs électeurs, il n'y a rien qui « sente mauvais » comme le dit notre Président de la République, en se pinçant métaphoriquement le nez. Ce dernier affecte une posture, mais c'est pour mieux dissimuler la source de l'odeur effectivement pestilentielle qui monte de cette campagne. Et cette source de puanteur émane, en partie, de lui et de son quinquennat qui a vu se produire une étonnant décomposition politique.

Le Pen et Fillon - Sputnik Afrique
Le Pen et Fillon arrivent en tête dans leurs fiefs
Si cette campagne « sent mauvais » c'est parce qu'elle révèle aux grand jour des attitudes et des comportements qui sont, eux, proprement scandaleux. Le dénigrement systématique, le mensonge et l'amalgame sont aujourd'hui devenus les seuls instruments de politiciens largement désavoués pour se maintenir au pouvoir. Et cela concerne indirectement le Président de la République. Car, ce que les électeurs rejettent dans leur grande majorité n'est autre que le bilan de François Hollande, dont Emmanuel Macron s'avère être l'héritier mais aussi celui de Nicolas Sarkozy dont François Fillon a repris, en les radicalisant, les idées. Face à ce rejet, le Président et les grands oligarques qui détiennent une partie de la presse française cherchent à détourner le débat par des méthodes ignobles, et c'est pour cela que cette campagne « pue ».

L'usage de méthodes odieuses et scandaleuses qui sont reprises par une partie de la presse, signifie que la démocratie est réellement en danger. Ce danger ne vient nullement des candidats que l'on désigne comme extrémistes, et qui ne font que représenter l'immense colère populaire qui monte depuis des années et qui s'exprime à l'occasion de ces élections présidentielles. Le véritable danger pour la démocratie provient au contraire de ce comportement odieux des politiques et de cette partie de la presse qui cherche à déconsidérer ses adversaires faute d'arguments de fond à leur opposer.

Il se fait que j'ai d'ailleurs été, il y a quelques jours, la victime d'un article scandaleux, et largement diffamatoire, commis à mon égard par le journal Le Monde. J'ai reçu, à cette occasion, un très grand nombre de messages de soutien, venant de toute provenance et de nombreux pays. Le président de la FMSH, mon ami Michel Wieviorka, a condamné cet article et pris ma défense sur Twitter.

​Mes collègues russes de la Moskovskaya Shkola Ekonomiki, eux-mêmes gravement mis en cause par cet article mensonger, ont installé sur leur site la réponse que j'ai adressée au Monde, qui ne l'a pour l'instant pas publiée (1).

Mon collègue Jacques Généreux, découvrant le scandaleux article commis par Raphaëlle Bacqué, a analysé la manière de procéder de cette « journaliste », et éclairé ses méthodes de travail, démontrant que le projet était bien de rédiger un portrait à charge.

François Fillon - Sputnik Afrique
Les quartiers chics de Paris ont voté Fillon et Macron
Le Monde, pour l'instant me dénie ce droit de réponse. Cela n'étonnera que ceux qui gardaient la mémoire de ce que fut ce journal il y a trente ans de cela, et qu'il n'est manifestement plus. En pratiquant l'amalgame de manière systématique, ce sont des idées, au-delà de l'homme, que l'on cherche à détruire. C'est cela que « pue » comme le dit notre Président.

Que l'on ne partage pas mes idées, que se soit sur l'Euro ou sur l'Union européenne, me semble relever du débat naturel qu'il convient d'avoir sur ces questions. Encore faut-il que ce débat contradictoire ait lieu. Or, pour l'heure, ces idées sont diabolisées et ceux qui les défendent, on cherche à les discréditer. Où est ici la pratique de la démocratie? Et, par ailleurs, qui sont les véritables démocrates? A employer ces méthodes qui fleurent bon le caniveau, voire les égouts, une partie de la presse s'adonne avec bassesse à des méthodes qui sont aussi dangereuse pour la démocratie que l'emploi de la force par le pouvoir.

Un bureau de vote à Paris lors du premier tour de la présidentielle française - Sputnik Afrique
Des enveloppes contenant déjà des bulletins dans des bureaux de vote à Paris
Le Monde se targue de défendre la démocratie; mais, plutôt que d'instruire des procès à des pays étrangers, que ce soit à tort où à raison, il ferait mieux de s'assurer qu'il la défend en France. Or, s'abaissant à des pratiques que l'académicien russe Viktor Ivanter, président de l'Institut de Prévision de l'Economie (INP-RAN) compare à juste titre à celles de la presse soviétique sous Staline et Brejnev, il se décrédibilise totalement. Et c'est bien la plus triste leçon que l'on peut tirer de cette pénible affaire. J'avais, en 2009, été censuré par l'organe du PS, qui m'avait pourtant expressément demandé un article. Nous savions dès lors à quoi nous attendre de ce parti. Le monde aujourd'hui agonise sous nos yeux, ou plus exactement est en train d'achever sa mue d'un organe d'information en un organe de propagande. Et il convient de noter qu'il n'aura fallu pour que cela se fasse nul déploiement de force, nulle menace sur la personne physique des journalistes, au contraire de ce que l'on peut voir dans certains pays (comme la Turquie) ou, pourtant, certains journaux résistent encore. Non, Le Monde s'est livré de lui-même à la délation et il a encouragé cette russophobie qui a poussé certains à voir dans l'attentat odieux que Paris a connu le jeudi 20 la soi-disant main de Vladimir Poutine.
La décomposition d'une certaine presse témoigne de ce que, sous certains aspects, nous ne vivons plus en démocratie. Et, c'est aussi de cette décomposition que provient cette odeur pestilentielle.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.

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