Et si c’était Fillon-Macron, que feraient les «anti-système»?

© AFP 2024 PHILIPPE HUGUENA man walks past campaign posters of the eleven candidates running for the French presidential election in Lille on April 10, 2017.
A man walks past campaign posters of the eleven candidates running for the French presidential election in Lille on April 10, 2017. - Sputnik Afrique
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Les sondages donnent quatre candidats à la présidentielle dans un mouchoir de poche, difficile de prévoir le résultat du 1e tour. Couramment, les simulations opposent Marine le Pen à un candidat libéral.

Les plus audacieux évoquent un second tour Le Pen-Mélenchon, mais que se passerait-il si les deux candidats libéraux étaient présents au second tour?

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Tous les scénarios semblent imaginables dans la dernière ligne droite des présidentielles. Emmanuel Macron et Marine Le Pen stagnent voire baissent dans les intentions de vote alors que François Fillon et Jean-Luc Mélenchon s'accrochent, voire progressent… suivant les jours. La semaine dernière, la possibilité d'un second tour entre les extrêmes était même envisagée. « Les instituts de sondage ont ouvert le parapluie pour éviter qu'on leur reproche de s'être trompés. » souligne Guillaume Bernard, historien des idées et maître de conférences à l'Institut Catholique d'Études Supérieures (ICES). Une incertitude qui pourrait d'ailleurs bien provoquer un vote utile dès le premier tour.

Cependant, quelle que soit l'issue du vote de dimanche, nous souhaitons nous intéresser à un cas de figure: celui où on assisterait finalement à un duel entre Emmanuel Macron et François Fillon, deux candidats libéraux, et l'impact que cette affiche de second tour des présidentielles pourrait avoir sur un électorat qui aspire au renouvellement de la classe politique. Une hypothèse sur laquelle revient Guillaume Bernard:

« Il y aurait incontestablement une énorme déception d'une partie de l'opinion publique: de l'opinion publique de gauche qui voit Jean-Luc Mélenchon progresser, qui espère ces derniers temps qu'il puisse atteindre le second tour, puis surtout les électeurs du Front national, qui tablaient sur le fait qu'ils auraient à en découdre. »

« Il est certain que cela serait une grande surprise, cela serait contradictoire avec l'état de l'opinion publique qui est avec une grande défiance vis-à-vis des forces politiques qui ont gouverné le pays séparément — ou ensemble en période de cohabitation — depuis une quarantaine d'années. »

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Le politologue évoque le contexte inédit de recomposition du spectre politique entre trois « blocs » idéologiques, qui rend particulièrement difficile à prédire les reports des voix pour le second tour. Bien éloigné d'une opposition classique entre un candidat frontiste — ou antisystème — et un front républicain. Un phénomène de recomposition causé par la candidature d'Emmanuel Macron, qui en théorie est parvenu à occuper un espace politique dit « de grande coalition » ancré principalement à gauche, mais ralliant une partie de la droite.

« Les reports de voix sont à la fois plus simples et plus compliqués à identifier, parce qu'il y a de vraies césures idéologiques au sein de la gauche et au sein de la droite. […] Certes, électoralement parlant, un électeur de Jean-Luc Mélenchon aurait du mal à adouber les positions d'Emmanuel Macron, mais étant donné qu'il est sur des positions progressistes sociétalement, on peut penser qu'une partie importante de l'électorat Hamon et une partie relativement importante de l'électorat Mélenchon se porterait quand même sur lui, même si des électeurs de Mélenchon pourraient évidemment être tentés par l'abstention. […] On peut prédire qu'une partie du Front national se reporterait — à regret, car ils n'auraient plus leur candidate — sur François Fillon, tandis qu'une partie des électeurs du FN pourrait être tenté par une forme d'abstention, eux aussi. »

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Une déception des électeurs antisystème d'autant plus grande que de nombreux thèmes ont été délaissés. Guillaume Bernard illustre ses propos par la ligne suivie par Marine Le Pen au cours de sa campagne, qui n'a que peu évoqué ses thèmes de prédilection pour s'atteler à des propositions économiques, soit le terrain d'Emmanuel Macron et de François Fillon.

« Donc, l'envie d'un renouvellement de la classe politique et le fait de traiter de questions fondamentales — de hiérarchiser les enjeux — cette question-là a été évacuée et on peut penser que celui qui sera élu, quel qu'il soit et en particulier, s'il incarne une force modérée — Emmanuel Macron ou François Fillon — sera élu avec un taux de participation moins élevé qu'a l'accoutumé, plus par défaut que par adhésion. Le vrai risque c'est que cette élection soit un non-choix. »

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