Les hommes du chômage et du passé
Alors qu'il y a deux mois toute le monde pensait que l'affrontement serait entre Mme Marine le Pen et François Fillon, voire Emmanuel Macron, la situation actuelle est celle d'un changement radical.
La « bulle » Emmanuel Macron semble bien en train d'exploser. Les sondages montrent au mieux ce candidat stagnant, mais plus probablement en déclin. Les électeurs semblent s'être rendus compte du vide du personnage, qui se conjugue avec un projet social extrêmement réactionnaire sur le fond. Se faisant le candidat de l'Ubérisation de la société, Emmanuel Macron, derrière un langage faussement moderne, n'est que l'avocat d'un retour au début du XIXème siècle, un retour au « domestic system ». Il est ici frappant de constater que le candidat même qui se prétend le plus « moderne », celui qui ne cesse de vanter les vertus de ce qu'il appelle « l'économie numérique », est en réalité un homme du passé. Mais, Emmanuel Macron est un homme du passé à un deuxième titre. S'il se présente comme un « homme nouveau », voire — et cela ne manque pas de sel — comme un candidat « anti-système » (1), il convient de rappeler qu'il fut étroitement associé, que ce soit comme conseiller de François Hollande ou comme Ministre de Manuel Valls, à la politique désastreuse mise en œuvre durant ce quinquennat. Or, cette politique à rajouté, de février 2013 au début de cette année, plus de 400 000 chômeurs au nombre considérable que nous avait laissé le tandem Sarkozy-Fillon.
Face à ces deux candidats en crise, deux autres candidats représentent, d'une manière ou d'une autre, le futur.
Des candidats d'avenir?
Mais, la « surprise », si s'en est une, de cette élection est la montée rapide de Jean-Luc Mélenchon. Ici aussi, nous sommes en présence d'un mouvement qui rassemble les exclus et les perdants de la mondialisation. Ici aussi, nous sommes en présence d'un mouvement clairement populiste. Comme dans tous mouvement populiste, il y a une dimension charismatique, et la personne de Jean-Luc Mélenchon, tout comme celle de Marine le Pen, fascine nombre de ses électeurs potentiels. La surprise, donc, est que Jean-Luc Mélenchon s'est joint aux trois premiers candidats. Il est actuellement en train de dépasser François Fillon et il commence à se rapprocher d'Emmanuel Macron dont le projet inquiète de nombreux de ses électeurs potentiels et dont le vide provoque un mouvement de rejet désormais de plus en plus sensible.
Ces deux candidats représentent incontestablement une forme de futur de la France. Pour autant, leurs programmes ne sont pas dépourvus de contradictions.
Candidats en campagne
Nicolas Dupont-Aignan a, pour sa part, réussi à se faire entendre (3), même s'il est, encore, trop peu écouté. Son discours est solidement souverainiste, et il tranche avec les changements de pieds quasi-permanents de François Fillon sur ce point. Il n'est d'ailleurs pas anodin que François Fillon l'ait attaqué de manière vipérine, et en réalité calomniatrice, lors du débat du 4 avril. La bassesse de ces attaques témoigne du désespoir de François Fillon. Elle accrédite aussi l'idée que Nicolas Dupont-Aignan est en train de devenir, pour le candidat des « Républicains », une véritable menace. On peut penser que la crainte de Fillon c'est que la candidature de Nicolas Dupont-Aignan rassemble autour d'elle une partie des électeurs écoeurés par les scandales qui entourent le prétendant des « Républicains » tout comme ils sont révulsés par sa longue compromission avec le sarkozysme. Nicolas Dupont-Aignan, s'il réussit à attirer cette frange de l'électorat de l'ex-UMP qui pense que la probité personnelle et l'honneur d'un candidat sont choses qui comptent, peut espérer talonner, et qui sait dépasser, un Benoît Hamon en perdition. Nicolas Dupont-Aignan, lui aussi, incarne le futur face au passé.
Choisir l'avenir
Il faut ici rappeler l'essentiel. Cette élection oppose le passé et l'avenir. Très clairement, François Fillon, Emmanuel Macron et en un sens Benoît Hamon incarnent ce passé. François Fillon et Emmanuel Macron représentent deux stratégies qui ont déjà échoué, qui ont aggravé considérablement le chômage dans notre pays, qui ont produit sa désindustrialisation. Benoît Hamon, pour sa part n'offre rien qui permette de penser qu'il soit prêt à rompre avec les erreurs de ce dramatique quinquennat, que ce soit en économie ou dans le domaine de la sécurité. L'attentat de Stockholm vient nous rappeler que l'on ne peut rester dans le déni du danger représenté par l'islamisme radical. Ces trois candidats nous proposent, peu ou prou, de continuer de lier notre avenir avec une Union européenne, et une zone Euro, qui l'une et l'autre ont démontré toute leur nocivité. Leurs propositions pour faire évoluer l'UE et la zone Euro sont au mieux vagues et sans consistance, au pire elles sont inexistantes.
Ils nous faut donc, résolument, tourner le dos au passé et choisir l'avenir.
(1) http://www.lexpress.fr/actualite/politique/elections/emmanuel-macron-dans-quotidien-la-france-n-est-pas-le-canada_1888725.html
(2) Guilluy C., La France périphérique: comment on a sacrifié les classes populaires, Paris, Flammarion, 2014
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