Se réclamant des idées communistes révolutionnaires et du trotskisme, elle rappelle à tout instant la fidélité au communisme cent ans après la révolution de 1917.
Depuis 1974, quand on a vu arriver le camarade Arlette Laguiller, qui fut la première femme candidate à la présidentielle, Lutte ouvrière n'a jamais baissé les bras. A chaque présidentielle, le parti est là, avec un score légèrement au-dessus de 5 % (allant parfois jusqu'à plus de 8 % dans le nord du pays) et une certitude inébranlable qu'un « petit candidat » trotskiste se doit de « porter des revendications qui constitueront les objectifs des luttes futures de la classe ouvrière ».
Apres avoir obtenu 0,56 % des voix à l'élection présidentielle de 2012, Nathalie Artaud est la candidate de Lutte ouvrière dans le marathon politique version 2017. Mais quelles idées du parti communiste révolutionnaire peuvent encore séduire nos contemporains? Peut-on « mesurer l'écho » du travail de Lutte ouvrière effectué au fil des mois dans les entreprises, mais aussi dans les quartiers populaires, dans les rues des grandes villes, sur les marchés? D'après Nathalie Artaud, ces idées vont « bien au-delà de nos modestes scores électoraux »: « Les idées communistes révolutionnaires sont à ce jour à contre-courant de l'évolution générale dont les élections sont un des reflets. Et il ne peut d'ailleurs pas en être autrement, tant que les travailleurs ne renouent pas avec le terrain de la lutte des classes, avec les luttes, les grèves, les manifestations. »
Alors que la société et les medias se lamentent sur le sort réservé à la condition humaine, qui semble exclue de la campagne présidentielle, Nathalie Artaud en profite pour rappeler qu'on ne peut pas parler « en général » des Français, mais se préoccuper des couches sociales: « J'écrirais que ce sont les intérêts, les préoccupations des travailleurs, des chômeurs, des retraités qui sont écartés dans cette campagne. Je récuse en effet le terme trop général de "peuple" qui vise à effacer les différences et les oppositions de classes qui traversent la société. » Et c'est justement les manifestations des défauts de certains « représentants type » qui la répugnent: « Quant aux "révélations" sur le comportement des candidats, […] elles ne font de mon point de vue que confirmer le fait que ces politiciens sont des laquais serviles de cette grande bourgeoisie à laquelle ils empruntent les pratiques et les mœurs. Je suis pour ma part non seulement étrangère à ce monde, mais je le combats de la façon la plus déterminée. »
Et il ne sert à rien de demander à Nathalie Artaud si telles ou telles mesures lui semblent nécessaires pour faire repartir la croissance. Son programme « de lutte » ne se donne pas comme ambition de faire « repartir la croissance », car « cette notion n'a guère de sens à ses yeux ». Les raisons de son opposition repose sur l'observation du fait que « depuis 30 ans, les périodes de récession et de "croissance" ont alterné, sans que le chômage ne recule ». C'est pour cela qu'on ne peut incarner dans la réalité les trois idées forces de sa campagne — interdire les licenciements, répartir le travail entre tous sans diminution de salaires, baisser le temps de travail et augmenter tous les salaires de 300 euros — « qu'à la suite de luttes collectives puissantes et déterminées ». Et pour ce faire, Nathalie Artaud ne mâche pas ses mot: « L'argent, comme le scande fréquemment les manifestants ces dernières années, "il y en a dans les caisses du patronat", et par dizaines de milliards. Il faudra donc se donner les moyens de lui faire "rendre gorge" pour reprendre les paroles fameuses de l'Internationale. »
D'une règle générale, pour Nathalie Artaud, tout problème découle des relations de classes, qu'il s'agisse du domaine agricole où des centaines de paysans se battent pour la non-signature du Traité Transatlantique pour protéger le marché national, de la « politique des dirigeants de l'Union européenne, comme celle des États-Unis, qui n'a rien à voir avec le droit des peuples », ou encore des conséquences des sanctions prises par l'UE à l'encontre de la Russie. Les paroles peuvent choquer — « il n'y a pas de France pour moi, il y a des classes sociales, des grandes entreprises, des financiers et actionnaires d'un côté, des travailleurs, des chômeurs, des exploités de l'autre », puisqu'ils vont à l'encontre de tous les discours politiques de la présidentielle. Mais on était prévenus dès le départ, non? « Conscients de leurs intérêts, les travailleurs du monde entier constitueront une force invincible ouvrant la voie à une transformation en profondeur de la société », clame la leadeur de Lutte ouvrière. « Ce sont en outre les seules classes populaires qui subissent les conséquences des mesures d'embargo ou de blocus mises en œuvre », poursuit-elle.
La sentence de la candidate à la présidentielle est sans appel: «D'une façon plus générale, je ne reconnais aucune légitimité aux dirigeants des grandes puissances, défenseurs en dernière analyse des grandes entreprises et des financiers, pour régler les questions brûlantes de la planète. Ce serait confier la tâche d'éteindre un incendie aux incendiaires. Un siècle et demi après la parution du Manifeste de Marx, le mot d'ordre "prolétaires de tous les pays, unissez-vous" est plus que jamais d'actualité. Bien cordialement, Nathalie Arthaud.»